Le Moyen-Ogooué cherche leader désespérément !

Par Vichanie MAMBOUNDOU / 20 mar 2021 / 0 commentaire(s)
Mme Berre est regardée du coin de l’œil par la communauté Fang de Lambaréné.

Les remous provoqués au sein de la classe politique de cette province par les dernières sénatoriales, après les législatives couplées aux locales, prouvent à suffisance que le Moyen-Ogooué, très politique, reste à l’image de tout le pays, un « volcan » en hibernation. Une région où, de par sa composition ethnolinguistique et la gestion calamiteuse de ses ressources humaines depuis des décennies, tout peut arriver, notamment le vote sanction, comme cela se dessine. Sauf si…

A l’approche d’une présidentielle qui s’annonce complexe et explosive, autant pour le parti présidentiel, qui commence à donner des signes de nervosité et de fébrilité, que pour une opposition hétéroclite qui, comme toujours, avance masquée et dispersée vers la même échéance capitale, le Moyen-Ogooué ne rassure toujours pas. Même si l’opposition semble y trouver son compte, en surfant sur le mécontentement presque généralisé.

Aucun leader politique charismatique n’émerge du lot des prétendants, pour se hisser sur le fauteuil pourtant laissé vacant par Georges Rawiri, qui a marqué de son empreinte la gestion politique d’une province frondeuse, puis Richard Auguste Onouviet (RAO), qui n’a peut-être pas atteint la dimension « d’Onéro », mais qui n’aura pas moins fait montre d’un management qui manque cruellement aujourd’hui à ceux à qui on a confié cette lourde charge après lui.

RAO a non seulement mobilisé et rassemblé grand monde autour de sa personne des années durant, mais aussi représenté et défendu les intérêts de la province à un niveau hautement stratégique, même si bon nombre de ses concitoyens migovéens ont payé de sa trop forte puissance, au nom de sa propension à écraser quiconque osait se dresser face à lui.

Ogouma inclassable

Dès lors, faudrait-il citer Joël-Bernard Ogouma après Richard Auguste Onouviet et, un tant soit peu, Rose Francine Rogombé qui s’est illustrée autrement au niveau national et international ? C’est selon. On retiendra, toutefois, qu’il est difficile de classer Ogouma dans cette catégorie de leaders, l’homme n’étant entré de manière fracassante dans l’arène politique du Moyen- Ogooué que pour, en mission commandée, ruiner la carrière politique de son parent RAO au profit de son autre parent, Madeleine Berre qui, finalement, à vouloir tout gagner sans se mouiller ou affronter l’adversaire désigné, a fini par chausser une pointure qui est loin d’être la sienne. Un tailleur pas du tout à sa dimension.

Les analystes politiques ne comprennent toujours pas que l’ancien directeur de cabinet adjoint du chef de l’Etat se soit donné tant de mal, pour se retrouver gouverneur du Woleu-Ntem et, aujourd’hui, simple conseiller politique du chef de l’Etat. Il y a effectivement de quoi spéculer, même si l’homme ne désespère pas. Il attend certainement son heure, l’espoir faisant vivre.

Il se raconte à Lambaréné que, de passage dans le Moyen-Ogooué, lors de sa tournée républicaine à l’origine en partie de sa chute, après avoir tutoyé les cimes du pouvoir, Brice Laccruche Alihanga (BLA), s’agissant de Madeleine Berre qui s’évertuait à occuper le devant de la scène pour justifier sa posture, aurait glissé à un proche : « C’est vrai. Elle ne peut pas. Elle n’est pas populaire et ne maîtrise rien sur le terrain. »

Les services de renseignements ne faisaient pas dans la mauvaise foi.

BLA, qui a toujours cru son choix le meilleur, venait de vérifier de lui-même que les services de renseignements ne faisaient pas dans la mauvaise foi ou la corruption.

Comme le Moyen-Ogooué ne doit être dirigé que depuis la ville du Grand Blanc et non Ndjolé, et uniquement par un Galwa de souche, il fallait rebattre les cartes. Mais au profit de qui cette fois ? Certainement de Nicole Roboty- Mbou, la nouvelle patronne de l’Economie, arrivée dans cette mare aux crocodiles comme un « trouble-fête en puissance », en brouillant les cartes.

En effet, dans l’absolu, personne ne l’attendait dans le dernier cercle du pouvoir dans le Moyen-Ogooué, et de surcroît membre de la communauté galwa, comme Madeleine Berre, Richard Auguste Onouviet et Joël Bernard Ogouma. Il y a donc comme un trop-plein de Galwa. Il va falloir dégraisser le mammouth et faire un peu d’espace aux Fang, très remontés contre Madeleine Berre, accusée d’être à l’origine de leurs malheurs politiques depuis qu’elle trône sur le Moyen-Ogooué. Pas si sûr de faire le job proprement d’ici à 2023.

La carte Nicole Roboty Mbou, arrivée là par hasard, même si le hasard c’est lorsque Dieu décide de rester anonyme, est observée de tous les côtés. Sa très rapide capacité à comprendre les enjeux de l’heure est mise à rude épreuve.

Du côté de Ndjolé, Denise Mekam’ne, qui a tenté de faire le ménage au profit des seuls Fang lors des sénatoriales, en cherchant à éjecter Raphaël Mangouala, alors qu’elle n’en avait pas besoin pour sa longue et surprenante carrière politique dans l’Abanga-Bigné, fait actuellement profil bas. Face à l’urgence d’un Gabon pour tous, Denise Mekam’ne, haine de l’autre en bandoulière, sait qu’elle est allée trop loin et à visage découvert.

Ici et là, on avance désormais le nom de Daltry Nang Eko, très proche des populations de toutes les ethnies et très connu pour son ouverture d’esprit, pour assumer le leadership local. Il ne serait pas étonnant qu’il apparaisse dans le prochain gouvernement. Et Denise Mekam’ne dans tout ça ?

Pas si sûr qu’avec cette nouvelle étiquette de ministre d’Etat « tribaliste », et partisane de l’éradication de la communauté « Elop », qu’elle puisse prétendre mobiliser et conduire les troupes dans ce département, où les prétendants au poste, sans en donner l’air, n’en sont pas moins intéressés. Comme c’est compliqué !

Certes, c’est la Décennie de la femme et le Moyen- Ogooué, la province d’expérimentation par excellence de cette nouvelle donne : « Les femmes devant et les hommes derrière. » Mais ils sont pourtant nombreux à juger suicidaire cette option de la féminisation outrancière des postes ministériels dans le Moyen-Ogooué à l’approche d’une présidentielle où certains n’incarnent aucune valeur de la République. Bien au contraire.

De ce fait, et si RAO était toujours l’homme de la situation en 2023 ?

 

 

Vichanie MAMBOUNDOU

Article du 20 mars 2021 - 8:45am
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