Le partage

Par Brandy MAMBOUNDOU / 18 jan 2022 / 0 commentaire(s)

Une chanson d'Élone antique du père Sakoul de Bibome Effack à Oyem, disait que la voiture a trois destinations à chaque embarquement dont :

- à bon port chez soi,

- à l'hôpital,

- à la morgue.

Par rapprochement, le partage créé en nous trois sortes d'émotions à savoir :

- on est heureux,

- on est triste

- on est malheureux.

Pour illustrer ce qui précède, prenons le cas de trois collaborateurs dans un service de distribution de courrier interne en terme de distribution des gratifications en entreprise :

1. 10 000000 FCFA

2. 1000000 FCFA

3. 0 FCFA

Ils font le même travail sans que personne ne vienne à justifier un quelconque exploit, qu'est-ce qui pourrait justifier ce partage empoisonné qui détruit tant les relations en familles, en entreprises, à l'église, en politique, jusqu'au sommet de l'État ?

Une vieille sagesse du village raconte l'histoire de l'amitié entre un garçon chasseur et son ami revenant qui après une partie de chasse eurent une antilope. À l'heure du partage, le garçon ne donna à son ami que les excréments estimant qu'un revenant n'avait pas besoin de viande. Or arrivé au village il fut secoué par une forte fièvre, mourut et arriva affamé au pays des morts où son ami n'avait que des excréments d'antilope à lui servir.

Moralité, il faut toujours bien partager, car on ne sait jamais...

Au Gabon, en ambiance de haine ethnique hypocritement reniée au travers des discours et embrassades politiques, le partage que ce soit dans l'investissement public, dans les recrutements, dans les affectations, dans les promotions, dans les rétributions, dans les orientations... a toujours été tel que des personnes, des familles, des villages, départements, provinces, et groupes socio-ethniques en sont toujours à se demander ce qui leur est facturé aussi cher ? Parce qu'ils ne reçoivent pas grand-chose, ou rien du tout. Donc tristes et malheureux.

Le virus de la déchirure 

Or, la culture de ce sentiment d'abandon ou de mépris est le virus de la déchirure qui ronge nos familles jusqu'au sommet de l'État où s'installe une résistance muette.

Pourquoi se tuerait-on en entreprise avec une carrière manifestement et brutalement dans le mur ? À la limite, le salaire étant contractuel, la seule présence vaut production.

Ceux qui en amont semblent jouir de la brimade à vous infliger n'auront fait qu'un calcul erroné.

Ainsi vient-on chez nous à ériger les murs de la division et de la résistance.

Quand les uns sont inscrits au chapitre du sourire et de l'abondance permanente, et les autres dans le doute des lendemains sombres avec des jours en noir et blanc, on aura beau chanter la Concorde ensemble, ce ne serait que le maquillage d'une unité nationale en lambeaux loin des chœurs et poésies politiques.

Au Gabon, les gens n'aiment pas les gens. Quand spontanément j'avais dû le dire dans une réponse à un journal de la place publiant cette belle réponse, la facture me fut de 8 jours de mise à pied sans faute professionnelle, comme une invitation à souffrir en silence.

Des petites couilles molles 

Une brimade animale avec en relais des petites couilles molles disposées à payer leur gloire au prix du sang des innocents.

C'est dans cet élan de destruction du tissu social que les Gabonais sont toujours étonnés de voir les étrangers percer très facilement les murs de la réussite chez nous.

J'ai ainsi lu des insanités sur un supposé sulfureux Martial Ameke Kendza d'origine béninoise qui se serait enrichi dans les réseaux de la présidence couché dans les chaussettes d'Amoussou et d'Accrombessi, et dont l'entreprise aurait bénéficié de 359 millions Fcfa des fonds Copil.

Où est le problème si contrairement à la bêtise gabonaise les étrangers maîtrisent le dépeçage de l'éléphant à savoir, les uns coupent tout à la hache et à la manchette, les autres transportent et surveillent la viande. Après, tout le monde mange.

Nous gabonais, on voudrait tout faire, à la fin on se blesse, on perd les positions, on se fait braquer la viande, on perd tout. À la fin, on a faim.

J'ai connu Martial Ameke en entreprise, un battant avec une maîtrise avancée du câblage des installations radioélectriques. Si de cet élan ses parents béninois assis dans l'antre du pouvoir gabonais lui tendent la main pour aller plus haut, je pense que le partage ici dénoncé trouverait une meilleure signification.

Une faisabilité ressortant une rentabilité immédiate 

A contrario, j'ai rongé semelles et pneus aux portes d'une grande firme de la place avec en sous-main une faisabilité ressortant une rentabilité immédiate d'une affaire dont les revenus étaient en milliards de Fcfa.

Des partenaires étrangers chinois et africains tout convaincus sont arrivés en plein Covid et sont repartis déçus.

De certaines indiscrétions de couloirs, j'apprendrai que je ne suis pas de la bonne province pour avoir ce marché !

Je serais béninois que face à Accrombessi DCP, un claquement de doigts aurait suffi pour lancer les activités d'une affaire ambitieuse malheureusement restée accrochée à l'hameçon du partage gabonais.

Dans quel greffe de quel tribunal pourrait-on changer de province pour avoir le sourire ?

À l'horizon de la campagne électorale, les acteurs de la déliquescence de notre vivre ensemble vont à nouveau sillonner nos pistes d'éléphants, faire chanter et danser des loques humaines n'ayant plus d'yeux que pour les cuisses et ailes de grands oiseaux d'élevage d'Amérique du Sud, la bière de France embouteillée au Gabon à travers les provinces exsangues de l'essentiel, comme pour signifier la conséquence immédiate d'un mauvais partage, source de discorde.

Or, le Partage est un facteur de PAIX.

Corneille Ollomo Ekoga (Citoyen gabonais)

Article du 18 janvier 2022 - 11:04am
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