L’incarcération de BLA dénoncée par l’ONU

Par Brandy MAMBOUNDOU / 10 mai 2022 / 0 commentaire(s)
L'ONU estime que BLA est une victime de détention arbitraire.

Arrêté en 2019, Brice Laccruche Alihanga, un ex-proche du président Ali Bongo, est considéré comme victime de détention arbitraire par l’ONU.

Le cas devient urgent. Emprisonné depuis décembre 2019 à la prison centrale de Libreville, au Gabon, Brice Laccruche Alihanga voit son état de santé se dégrader. Malgré la perte d’une trentaine de kilos et des saignements récurrents depuis plusieurs semaines, l’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo vient juste d’obtenir la promesse d’être extrait de sa cellule pour être conduit à l’hôpital. Les pressions diplomatiques exercées depuis Paris pourraient être à l’origine de ce premier signe d’amélioration de son sort. Car, né à Marseille, Brice Laccruche, âgé de 42 ans, détient la nationalité française.

Rien ne laissait prévoir un tel engrenage pour quelqu’un qui fut l’un des hommes forts du régime. En octobre 2018, il est le plus proche collaborateur d’Ali Bongo lorsque le chef de l’État gabonais est frappé par un AVC. L’accident va éloigner ce dernier de l’exercice direct du pouvoir pendant treize mois. Brice Laccruche Alihanga devient alors plus visible. Il effectue une tournée en province, gère les affaires courantes. Au retour effectif du président, il est brutalement écarté, puis incarcéré dans le cadre de l’opération Scorpion lancée contre la corruption. Il lui est reproché d’avoir détourné plusieurs milliards de francs CFA et d’avoir usurpé la nationalité gabonaise. Son frère cadet, Grégory, est lui aussi arrêté.

Une plainte déposée à Paris

Brice Laccruche est placé à l’isolement. Ses conditions de détention sont strictes. L’instruction de son dossier est menée au ralenti. Aucune trace de l’argent prétendument volé n’a été trouvée. Un témoin paraît l’accabler, puis affirme que ses propos ont été déformés. Il semble tombé dans les oubliettes. Mais en janvier 2020, une plainte déposée à Paris par son avocat français Dominique Inchauspé et son confrère gabonais Anges Kevin Nzigou pour « atteinte à la liberté individuelle, violences volontaires et menaces de mort, commises en « bande organisée », relance l’affaire. En décembre 2020, un rapport de l’ONU dénonce une «détention arbitraire », même si le gouvernement gabonais, interrogé dans ce cadre, assure qu’un traitement identique à celui de tous les détenus, et conforme à la loi, lui est appliqué.

Aucune trace de l’argent prétendument volé n’a été trouvée

Le sort de ce ressortissant suscite d’abord l’embarras des autorités françaises. Les courriers de Me Inchauspé restent sans réponse. Puis on lui signifie qu’il n’est pas possible de s’immiscer dans les affaires intérieures gabonaises. À Libreville, l’ambassadeur vient pourtant de remettre aux autorités locales la commission rogatoire internationale délivrée par la juge française. Et la consule générale de France rend régulièrement visite au prisonnier. Ces derniers jours, elle aurait même élevé le ton au vu de la faiblesse physique de Brice Laccruche. Pour l’entourage de l’ancien directeur de cabinet, celui-ci a été la cible d’un complot de palais dans une lutte d’influence autour d’Ali Bongo. « L’objectif est désormais une libération rapide, déclare Me Nzigou, je ne veux pas croire que le Gabon refuse de se plier aux décisions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont il est lui-même membre. » Me Inchauspé ajoute: « Il est bon que la justice et la diplomatie française continuent leurs actions, l’état de santé de mon client est tellement préoccupant ! »

Pascal Ceaux

Article du 10 mai 2022 - 11:14pm
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