Mairie de Libreville : Des doutes sur la validité de l’élection du nouveau maire.
Bien qu’elle ait été démocratique et transparente (sincère également ?), l’élection ce 14 juillet de Christine Mba Ndutume comme maire de Libreville soulève des questions quant à sa validité, tant que le tribunal administratif, saisi par des conseillers de l’opposition, ne s’est pas prononcé sur la régularité de la session extraordinaire du conseil municipal ayant entériné la démission du maire sortant, Eugène Mba. Comme quoi, le feuilleton à l’Hôtel de ville est loin d’avoir connu son épilogue avec le plébiscite du nouvel édile.
A la mairie de Libreville, les circonstances de la convocation de la session extraordinaire du conseil municipal du 17 juin, au cours de laquelle le maire Eugène Mba avait confirmé sa démission, remise le 26 mai à la gouverneure de l’Estuaire, sont le péché originel ou la damnation congénitale. En effet, nulle part dans la loi sur la décentralisation il n’est permis à la tutelle administrative (le ministère de l’Intérieur et ses démembrements) de programmer une session (ordinaire ou extraordinaire) d’une collectivité locale alors qu’il y a un exécutif.
Quoique démissionnaire, Eugène Mba assurait l’expédition des affaires courantes. C’est donc à lui seul qu’il revenait de fixer la date d’une session extraordinaire du conseil municipal destinée à faire entériner sa démission. C’est pour cette raison que c’est lui qui a convoqué la session extraordinaire du 14 juillet au cours de laquelle Christine Mba Ndutume a été élue pour le remplacer.
Or, la gouverneure de l’Estuaire, Marie-Françoise Dikoumba, s’était arrogé le droit de convoquer la session extraordinaire du 17 juin. Elle avait confondu la situation de la démission d’Eugène Mba avec celle de l’indisponibilité du maire Léandre Nzué pour cause de placement en détention préventive à la prison centrale de Libreville. L’édile était accusé, entre autres, de détournement de fonds publics.
Forts de la loi, les conseillers de l’opposition ont saisi le 29 juin le tribunal administratif aux fins d’annulation de la session extraordinaire du conseil municipal du 17 juin. Question aux juristes, mais aussi question de bon sens : est-ce que la session extraordinaire du 14 juillet pouvait se tenir avant que la décision de justice ne soit connue ? Le tribunal administratif ne s’est pas encore prononcé sur la saisine des conseillers de l’opposition, qui, avec l’opinion, espèrent que le droit sera dit. Dura lex sed lex.
Au cas où le tribunal administratif débouterait les opposants, il leur reste les voies de recours que sont la cour administrative et le Conseil d’Etat. Quelle que soit l’issue de cette bataille politico-judiciaire, le mandat de Christine Mba Ndutume n’aura pas démarré sous d’heureux auspices.
Brandy MAMBOUNDOU
Nombre de Commentaires (0)
Faites un commentaire !