Mairie de Libreville : Ni Akassaga, ni la loi non écrite de la rotation Fang-Mpongwé .
Que le Parti démocratique gabonais (PDG) le veuille ou pas, les scandales qui se succèdent à la mairie de Libreville révèlent, au-delà de la responsabilité des individus, la fragilité de ses critères du choix du candidat à la tête de la plus grande municipalité du pays. Sur ce plan également, le parti au pouvoir devrait prouver sa volonté de « régénération » et de « revitalisation », pour ne pas sombrer dans les slogans creux.
Au risque de confirmer une sclérose, le PDG, vieux de plus d’un demi-siècle, doit rompre avec le réflexe de la rotation entre les Fang et les Mpongwé, peuples autochtones de la région, à la tête de la mairie de Libreville. Ce critère n’a aucune pertinence. En tout cas, il a montré ses limites. Depuis André Dieudonné Berre, en 2003, jusqu’à Eugène Mba, le maire démissionnaire ou démissionné, en passant par Jean-François Ntoutoume Emane, Rose Christiane Ossouka Raponda et Léandre Nzué, la capitale gabonaise est toujours une ville aux constructions anarchiques qui, en prime, croule sous des amas d’ordures, ménagères et industrielles.
Entre-temps, le budget de la municipalité a augmenté. De l’ordre de 26 milliards de FCFA de nos jours, il sert essentiellement au paiement des salaires des agents dont le nombre ne cesse de croître d’une façon qui ne s’explique pas autrement que par le népotisme. Si le scandale des cabinets pléthoriques n’a éclaté que sous Léandre Nzué, on sait depuis des années que les recrutements des agents municipaux ne se font pas sur la base des besoins réels de l’Hôtel de ville. Il faut reconnaître à Léandre Nzué le courage d’avoir avoué publiquement, devant les médias, que les embauches obéissent notamment à des fins électoralistes.
Si le PDG veut réellement coller à l’ère des réformes, avec sa « régénération » et sa « revitalisation », il peut trouver un non Fang ou un non Mpongwé et même un non originaire de l’Estuaire pour présider aux destinées de la capitale. Le Corrézien Jacques Chirac a bien été maire de Paris de 1977 jusqu’à son élection à la présidence de la République, en 1995. L’actuelle mairesse de la Ville Lumière, Anne Hidalgo, n’est pas une Française de souche. Les Londoniens eux aussi se sont donné pour édile une personnalité issue de l’immigration.
Mais si le parti dont l’universitaire Eric Dodo Bounguendza est le secrétaire général réussit cet aggiornamento, le choix de Serge William Akassaga, dont Libreville bruit depuis la démission d’Eugène Mba, ne semble pas militer en faveur de la restauration de l’image gravement écornée de la capitale politique du Gabon. Certes, il n’est ni Fang, ni Mpongwé, ni originaire de l’Estuaire, cet Altogovéen traîne une réputation de personnage sulfureux. S’il peut se targuer d’une certaine popularité dans les populeux Akébé, dans le 3e arrondissement dont il a d’ailleurs été maire sous la bannière du Centre des libéraux réformateurs (CLR, un parti allié du PDG), ce compatriote doit d’abord faire ses preuves en matière d’urbanité. En témoigne une vidéo, toujours en circulation sur les réseaux sociaux, dans laquelle on le voit rouer de coups un policier en plein exercice de ses missions.
Ce n’est que la partie visible de ce que l’opinion reproche à Serge William Akassaga.
Dess BOMBE
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