Mali : Interview exclusive de Bakary Dena, Secrétaire Général du parti PDES sur la situation politique !
« Les estocades verbales résultent d’un sentiment de répugnance du discours jugé néocolonialiste »
Le Mali traverse en ce moment l'une des crises la plus profonde de son histoire caractérisée par une crise sécuritaire, politique et institutionnelle. Depuis août 2020, le Mali connaît une période de transition suite à la chute du régime du président Ibrahim Boubacar Keïta. Ce pays de l'Afrique de l'Ouest est de nos jours, lourdement sanctionné par la Communauté internationale, notamment la France, la Communauté économique des États de l'Afrique de l’Ouest (BECEAO), l’Union Économique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et l'Union
Européenne (EU) accusant les autorités de la transition pour non-organisation des élections à la date indiquée. C'est dans ce contexte très tendu que M. Bakary Dena, Secrétaire général du Parti pour le Développement Économique et la Solidarité (PDES) a accordé une interview exclusive à Gabonclic.info. Lisez !
Gabonclic.info : Comment se porte votre parti le PDES ?
Bakary Dena : Le parti se porte bien grâce à l’engagement politique, militant des braves femmes et hommes qui ont fait le choix du PDES. Depuis le troisième congrès du PDES, les actions politiques fortes sont entreprises pour donner une bonne lisibilité et une visibilité du parti. La création de la plateforme politique « Retrouvons ce qui nous unit » qui regroupe le PDES et ses alliés des partis politiques, des associations et des organisations de la société civile est l’illustration parfaite de la vitalité du parti. À cela s’ajoutent, depuis le dernier congrès, les adhésions massives d’élus communaux et de personnalités politiques venant de divers horizons que le PDES a enregistrées. À l’image de son mentor Amadou Toumani Touré, le PDES reste résolument engagé dans la recherche de la satisfaction de la demande sociale à travers son président, Moulaye Oumar Haïdara, dans tous les combats pour un Mali apaisé. Toutes les actions du parti se résument dans sa Trilogie : Rassembler - Réconcilier - Reconstruire. Le PDES, parti de dialogue, croit inlassablement aux vertus cardinales du consensus.
Gabonclic.info: Depuis le 9 janvier dernier, le Mali est sous sanctions de la CEDEAO et l’UEMOA. Quelle approche en faites-vous ?
Bakary Dena: Notre pays est injustement sous les sanctions de la CEDEAO depuis le 9 janvier dernier. Ces sanctions ont été unanimement condamnées par le peuple malien lors du grand rassemblement tenu sur le boulevard de l’indépendance. Les sanctions de la CEDEAO, en l’état, ne sont pas tenables pour un pays fortement ébranlé par une crise multidimensionnelle depuis quasiment une décennie.
Gabonclic.info: La durée de la transition constituerait le principal blocage. Quel est votre avis ?
Bakary Dena : Les raisons des sanctions sont liées au chronogramme de cinq ans, jugé trop par la CEDEAO et proposé par les autorités maliennes. Le PDES ayant pris part à toutes les phases des Assises nationales de la Refondation (ANR), estime que les cinq ans proposés constituent une base de discussions entre la CEDEAO et les autorités du Mali. Cela est vrai à juste titre, car le président de la Transition, Son Excellence Assimi GOITA, chef de l’Etat, a laissé entendre dans son adresse à la nation qu’il est ouvert au dialogue. Le PDES tient au dialogue pour que les deux parties conviennent d’un délai pour apaiser les tensions pour le bonheur du peuple malien.
Gabonclic.info: La situation diplomatique entre Bamako et Paris est très tendue depuis un moment. Quelle analyse en faites-vous ?
Bakary Dena : La crise diplomatique entre Bamako et Paris s’explique par l’incompatibilité du paradigme des autorités du Mali avec celui des autorités françaises actuelles en matière de relations diplomatiques. Les estocades verbales résultent d’un sentiment de répugnance du discours jugé néocolonialiste des dirigeants français qui heurte les sentiments nationalistes et souverainistes des peuples africains en général. Les relations entre les États se résument à des jeux d’intérêts purement et simplement. Lorsque les intérêts convergent, c’est-à-dire liés, les relations diplomatiques sont au beau fixe. Mais dès que les intérêts entrent en conflit, les liens diplomatiques connaissent des tensions. Le politique peut assurément aider à dépasser, transcender toutes ces velléités au grand bonheur des peuples français et malien qui ont des relations historiquement riches. Il semble que le cri de cœur des peuples africains, qui sont
plus que jamais jaloux de leur souveraineté nationale, n’est pas tellement perçu par les autorités françaises. Les escalades verbales en tant que telles sont fréquentes, Bamako et Paris ne font pas exception à la règle. Elles ont comme nature à avoir toujours par un dénouement rapide et heureux. Pour rappel, Il y’a juste quelques mois les mêmes tensions existaient entre la France et l’Algérie. Entre les USA et la Russie, l’escalade est à son comble aujourd’hui. Mais les choses finiront par se mettre dans la bonne direction du vent.
Gabonclic.info: Enfin, que diriez-vous aux politiques qui ne partagent la même idée avec le gouvernement sur la problématique de la durée de la transition ?
Bakary Dena : En guise de solution, le PDES, fidèle à ses idéaux fondateurs, ne ménagera aucun effort pour que l’ensemble de la classe politique, les forces vives du Mali travaillent de concert pour la réussite de la Transition. Pour cela, le PDES a entamé une série de rencontres, le vendredi 04 février, avec les regroupements de partis politiques pour favoriser le rapprochement des points de vue de chacun afin de dégager un consensus sur l’essentiel qui nous unit c’est-à-dire le Mali. C’est pourquoi une forte délégation de la plateforme « Retrouvons ce qui nous unit » a rencontré le « Cadre d’échanges des partis politiques » au siège de l’ARP au quartier du fleuve, dans l’après-midi du vendredi 4 février 2022. Le PDES s’est
déjà constitué en médiateur pour accorder les violons, afin que tous les Maliens parlent le même langage pour la réussite de la Transition. Notre mentor Amadou Toumani Touré disait : « Ce qui nous unit est plus fort que ce que qui nous divise. » Il s’agit du Mali. « Lorsqu’on veut aller vite et vite arriver, on va seul. Quand on veut aller sûrement, il faut aller avec tout le monde » il s’agit du consensus et de l’inclusion.
Propos recueillis à Bamako par notre correspondant permanent Hamadoun Alphagalo
Nombre de Commentaires (0)
Faites un commentaire !