Mali : Les Bamakois expriment leurs vies actuelles par rapport à hier !
L'embargo décrété par la Communauté économique pour le développement des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur ce pays pèse déjà sur le quotidien de plus d’un habitant de la capitale malienne. Les produits de première nécessité ont connu une hausse de prix qui fait suffoquer à tous les niveaux.
Depuis le 9 janvier dernier, la CEDEAO a sanctionné le Mali. Non seulement ses frontières sont fermées avec les 14 autres États de cette organisation sous-régionale, sauf la Guinée, où les deux pouvoirs partagent le même mode d’accès en responsabilité ; mais aussi les échanges commerciaux et financiers sont suspendus, hormis les produits de première nécessité.
Question : plus de cinq mois plus tard, quels sont les effets concrets de ces sanctions sur le quotidien des Maliens en général et ceux de Bamako en particulier ? Pour trouver des réponses à cette interrogation, notre correspondant permanent dans le pays a sillonné les rues de la capitale malienne, arpenté les sentiers escarpés des quartiers désintégrés de cette ville…à la rencontre des concernés. Voici leurs points de vue :
« Les matériels sont chers, à cause de la douane à la frontière. Et le marché est lent depuis l'embargo. Tous nos clients qui achetaient des vélos tout le temps disent que le moment est dur. Les affaires allaient très bien avant. Depuis la cherté mondiale généralisée et en plus de l'embargo de la CEDEAO sur notre pays, les affaires marchent nonchalamment aujourd'hui. », nous a confié, Kaou Sidibé, vendeur de bicyclettes dans un quartier du district de Bamako.
Toujours dans la ville de trois Caïmans, Djeneba, vendeuse d'oignons et de la pomme de terre, témoigne : « Les marchandises sont très chères actuellement chez les grossistes. Le kilogramme de la pomme de terre est aujourd'hui à 500 F. Pour nous les revendeurs, il est très difficile de revendre pour faire de bénéfices. Si on augmente le prix à notre niveau, les clients pensent que nous exagérons concernant la hausse des prix des produits. Les grossistes nous disent que le prix des transports a augmenté à cause de la flambée des prix de carburant. Pour eux aussi, c'est une manière de s'en sortir. Aujourd'hui, on ne peut pas abandonner, c'est notre seule activité ».
Hamadou Sawadogo (fermier producteur de poulets de chair) « Dans la production de poulets de chair, dans certains lieux le prix des poussins est passé à 600 f et 650 f par unité dans d'autres localités. Il y a les gens qui vendent à 700 f par poussin aujourd'hui. Mais ceux qui sont à 650 f sont plus nombreux. L'aliment prestataire qui était à 19 000 f passe aujourd'hui à 21 000 f le sac de 50 kilogrammes. Le sac 50 kg de maïs était à 12 500 f passe aujourd'hui à 31 000 f. Même les charbons de chauffage sont devenus très chers. Les matériels d'abreuvement et mangeoires ont tous connu une inflation.».
Sibiry Koné président, coordinateur de l'association des femmes pour le développement du village de Mahou ( ADM-Mahou nièta) raconte « Ma vie avant l'embargo était une vie aussi stable dans le contexte où la situation n'était pas à un niveau aussi dégradé. Par exemple, certaines denrées de première nécessité n'avaient pas vu leur prix augmenter, car les frontières étaient ouvertes et la transaction monétaire aussi y était facile. Par exemple, le riz de 50 kg était à 17 500 F, la viande était entre 2 750 f à 2 800 f, le prix du sucre était entre 500 f le kilo du sucre local et 600 f le kilo du sucre importé. La vie en ce temps était un peu meilleure par rapport à celle pendant l'embargo, car l'embargo est une imposition des chefs d'Etat de la CEDEAO contre le Mali en vue de déstabiliser notre pays, mais les Maliens sont désormais préparés pour y faire face. La vie dans l'embargo est très pénible avec augmentation progressive du prix du panier ménagère et les produits de première nécessité comme le riz, la viande, l'essence, le gaz oïl…n’arriveront pas à bout de cette détermination. Le monde entier n'est pas mieux loti ».
Hamadoun Alphagalo (De notre correspondant permanent au Mali)
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