Marie Madeleine Mborantsuo : Cour constitutionnelle 30 ans après ou comment se débarrasser de cette image d’empêcheur de l’alternance politique ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 10 mar 2022 / 0 commentaire(s)
Marie Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle depuis sa création en 1991.

Peu importe l’angle d’observation, lorsqu’on évoque cette institution de la République, c’est son nom et son visage que l’on voit. Tant, elle bat le record de longévité des personnalités à la tête de telles structures dans ce pays. Pas que !

La Cour constitutionnelle a effectué sa rentrée solennelle pour le compte de l’année 2022, jeudi dernier. L’événement a été célébré sur deux jours (vendredi également). Et pour cause, il fallait également associer la célébration du 30ème anniversaire de la Haute juridiction constitutionnelle. Comme le veulent les textes, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, était présent à l’audience solennelle de jeudi.

Comme il fallait s’y attendre, la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, seule oratrice pour la circonstance, a saisi cette occasion pour revenir, sous forme de bilan, sur le chemin parcouru par cette institution mise en place en 1992 sur recommandations de la Conférence nationale que notre pays a organisée en 1990. Aux yeux de certains, Mme Mborantsuo était bien dans son élément, elle qui préside ladite juridiction depuis 1992.

La présidente de la Cour n’a pas manqué d’interpeller, une fois de plus, les acteurs politiques quant à leur devoir de formation de leurs militants sur les questions électorales. Initiative pertinente quand on sait que le Gabon s’apprête à organiser des élections générales (locales, législatives et présidentielle) prévues en 2023. Surtout aussi que, s’il y a un registre dans lequel l’impartialité de la Cour constitutionnelle est très éprouvée, c’est bien celui des élections dont elle le juge.

En effet, aux yeux de nombre d’observateurs, à tort ou à raison, la haute juridiction aura fort à faire pour convaincre l’opinion quant à l’équité de son traitement, selon qu’il s’agit des candidats du pouvoir ou de ceux de l’opposition. Notamment lorsqu’il s’agit des élections présidentielles. Là, les uns et les autres estiment que la Cour constitutionnelle semble s’être donnée pour mot d’ordre, « On peut revenir sur tout, à condition que cela ne remette pas en cause le régime en place ! ».

Mais à chaque fois, les juges constitutionnels s’en défendent en brandissant l’argument selon lequel ce n’est pas la Cour constitutionnelle qui établit les règles du jeu électoral, mais plutôt les acteurs politiques eux-mêmes, à travers le Parlement. Toute chose que certains acteurs politiques, mais pas que, trouvent très discutable. Mais passons !

Au regard de ce qui précède, de nombreux observateurs et autres analystes politiques pensent que les juges constitutionnels devraient faire plus pour se laver de tout soupçon d’empêcher l’alternance au pouvoir. La simple interpellation des acteurs politiques sur la nécessité de former leurs militants ne suffit plus. La Cour constitutionnelle devrait envisager d’autres mécanismes ; prendre d’autres initiatives, dans le sens de sensibiliser directement les populations sur sa responsabilité dans le processus électoral et comment elle joue sa partition à ce niveau. Le principal but étant de tenter de convaincre l’opinion sur sa sincérité et, surtout, son impartialité.

Nicolas NDONG ESSONO

Article du 10 mars 2022 - 11:57am
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