A moins d'un fléchissement lié à l’apparition des variants, le Gabon devrait connaître un millésime de croissance positive en 2021.

Par Nicolas NDONG ESSONO / 19 mar 2021 / 0 commentaire(s)
willy Ontsia

Au Gabon, le gouvernement privilégié plus les fonctionnaires que les entrepreneurs, et le pays entretient une économie de consommation au détriment de la construction d’une économie de production. C’est pour cela que le gouvernement ne parvient pas à « diversifier » l’économie gabonaise pour préparer l’après-pétrole, et assurer un meilleur équilibre entre le secteur pétrolier et le reste de l’économie.

In extension, rappelons que le Gabon dispose d’une économie de rente extravertie, quasi- monoproductive, peu diversifiée et volatile, c’est-à-dire que notre économie repose essentiellement sur l’exploitation des matières premières dont la locomotive est le secteur pétrolier, qui représente en moyenne pluriannuelle 50 % du PIB gabonais, mais également 80 % des recettes d’exportations pour 60 % des recettes de l’Etat.

Avec des réserves prouvées estimées à plus de 2 milliards de barils de pétrole, soit le septième rang africain, l’or noir demeure le « fer de lance » de l’économie gabonaise et, bien qu’en recul, la production pétrolière reste la locomotive à laquelle s’arriment les wagons du secteur hors pétrole. Par conséquent, l’avenir économique du Gabon passe encore par le secteur pétrolier.

Le redressement de l’économie gabonaise.

Dans ce contexte, le redressement de l’économie gabonaise est principalement une équation à quatre inconnues dont la solution passe par le niveau de production nationale des richesses naturelles dont le pétrole, l’évolution du prix des matières premières dont l’or noir, le cours du dollar US qui sert de monnaie internationale dans les échanges de biens et services et, enfin, la gestion efficiente de la pandémie du Covid-19.

Primo, selon la plate-forme Africa oil & power, au cours des deux dernières années, le Gabon a signé 12 nouveaux contrats de partages de production qui devraient permettre au pays de maintenir, voire d’augmenter l’extraction de brut pour rattraper la baisse de production pétrolière constatée depuis 1997. De ce fait, la prévision de production pétrolière nationale estimée par la direction générale des Hydrocarbures a été évaluée à un niveau stable de 10,5 millions de tonnes pour l’exercice 2021, contre 10,9 millions de tonnes en 2019.

Deuxio, s’agissant de l’évolution du prix du baril de pétrole, le cours du brut a enregistré son plus haut niveau depuis plus de deux ans, et il affiche une cotation de 69,30 dollars US le baril au 7 mars 2021.

Tertio, en ce qui concerne le taux de change du dollar US contre FCFA, au 12 mars 2021, le cours du dollar US s’élevait à 549 Fcfa, contre une moyenne annuelle de 540 Fcfa en 2020. La devise américaine est donc sur un trend haussier qui devrait se poursuivre en raison, notamment, du plan de relance de 1900 milliards de dollars US mis en place par l’administration du président Joe Biden.

Les prévisions de croissance de l’économie gabonaise.

Fort de ce qui précède, je pense que les prévisions de croissance de l’économie gabonaise pourraient être supérieures à celles prévues par le FMI ou la Banque Mondiales qui table sur une estimation de croissance du PIB de 2,1 % en 2021 contre -1,6 % précédemment.

Cette conviction est renforcée par le fait que la croissance en Chine et en Asie émergente redémarrerait en trombe pour s’établir, respectivement, à 7,5 % (Chine) et 9,5 % (Asie émergente) en 2021, bien loin des +1,9 % et -1,8 % de l’année 2020.

Sachant que l’Asie est la première destination du pétrole produit au Gabon à 90 %, contre 10 % pour l’Europe, j’ai la ferme conviction que l’économie gabonaise pourrait atteindre un taux de croissance du PIB de l’ordre de 3,2 % en 2021, contre une projection de 2,1 % pour le FMI. Il n’est pas exclu que l’Institution de Bretton-Woods revoie à la hausse ses prévisions de croissance pour le Gabon, si et seulement si les tendances haussières sur le cours du dollar, le prix du pétrole et des autres matières premières d’exportation se confirmaient.

Comme autre argument, j’observe que la Loi de finances initiale du Gabon table sur un barilde pétrole à 41 dollars US, contre un cours actuel à plus de 60 dollars US. Par conséquent, pour l’exercice 2021, il est fort probable que le gouvernement gabonais réalise une plus-value pétrolière, qui viendrait booster les ressources publiques, notamment les dépenses d’investissement, et ceci au-delà des projections budgétaires initiales. Cet argument plaide également pour le rehaussement de la dynamique de croissance de l’économie gabonaise en 2021.

Parallèlement, les autres ressources naturelles gabonaises d’exportation, telles que l’exploitation du manganèse ou du bois, prévoient une augmentation de production logarithmique, en volume comme en valeur, pour atteindre respectivement, 8 180 de tonnes de minerai et 1 061 milliers mètres cubes de bois en 2021.

Cependant, il faut noter que, pour l’exercice 2021, ces prévisions de croissance de l’économie gabonaise pourraient être très sérieusement remises en cause par les éventuelles turbulences politiques et la gestion de la pandémie liée à l’apparition des variants du Covid-19, au succès de la campagne de vaccination, à la réussite du déconfinement.
*Expert financier

willy ONTSIA

Article du 19 mars 2021 - 5:52pm
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