Dans une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, triste est le fait de voir des soldats jeter des cadavres sur un tas d’objets ménagers en feu, dans le nord du Mozambique. Des images qui ont conduit, le jeudi 12 janvier 2023, Amnesty International à s’offusquer quant au mutisme des grandes puissances qui ne semblent se préoccuper que de la guerre en Ukraine au détriment de celles des autres pays.

Les images largement partagées depuis mardi, et qui dateraient de novembre 2022, montrent des hommes en uniforme militaire jeter des cadavres dans un feu, où au moins un autre corps brûle déjà. L’un verse un liquide sur la dépouille. D’autres, dont un soldat aux insignes sud-africains, regardent et filment la scène au téléphone portable. Ces images donnent « un aperçu de ce qui se passe loin de l’attention des médias internationaux dans cette guerre oubliée » du Cabo Delgado, province pauvre frontalière avec la Tanzanie, dénonce Tigere Chagutah, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe.

Très peu de journalistes internationaux seraient autorisés à travailler au Mozambique et la zone du conflit est difficile d’accès. « Il est tragique de constater que des violences contre des civils, des exécutions extrajudiciaires et d’autres violations des droits humains (…) continuent de se produire dans la région », ajoute M. Chagutah. L’incinération de ces corps « est déplorable et constitue vraisemblablement une violation du droit humanitaire international, qui interdit la mutilation des cadavres et exige que les morts soient traités de manière respectueuse », ajoute encore M. Chagutah.

Pour rappel, la province du Cabo Delgado est aux prises avec des violences de groupes armés djihadistes depuis plus de cinq ans. « C’est la dernière preuve en date des atrocités commises dans la province du Cabo Delgado, aux prises avec des violences de groupes armés djihadistes depuis plus de cinq ans et où l’armée mozambicaine est épaulée depuis 2021 par des soldats rwandais et de pays voisins », affirme l’Organisation non gouvernementale dans un communiqué. Une enquête a été ouverte par les forces régionales déployées au Mozambique et « les coupables seront traduits en justice », a annoncé de son côté l’armée sud-africaine. Comme quoi, lorsqu’il s’agit de l’Afrique, c’est moins important.

Vichanie Glaiche Ornela Mamboundou