Municipalité : Une personnalité de seconde zone élue maire de Libreville.

Par Brandy MAMBOUNDOU / 15 juil 2021 / 0 commentaire(s)
Le nouveau maire de Libreville, Christine Mba Ndutume, est une illustre inconnue pour ses concitoyens.

Jusque-là 2e maire adjointe à la mairie du 4e arrondissement de Libreville, Christine Mba Ndutume a été portée ce 14 juillet, au cours d’une session extraordinaire du conseil municipal, à la tête de la capitale par 117 voix sur 145 votants. Ce plébiscite laisse songeur, d’autant plus que le nouvel édile est, pour ainsi dire, une illustre inconnue pour les Librevillois. Pas du tout un bon augure pour la première ville du Gabon, en proie à de nombreux maux, qui a plus que jamais besoin de coller aux standards d’une cité moderne.

Même s’il ne s’agit que d’un remplacement en cours de mandat, l’élection de Christine Mba Ndutume ne manque pas de faire regretter l’époque de Paul Mba Abessole, aux débuts de l’expérience de la décentralisation, et de ses successeurs André Dieudonné Berre et Jean-François Ntoutoume Emane, où le maire de Libreville avait une idée claire de la tâche qui l’attendait. Pour le cas de Paul Mba Abessole, il portait en bandoulière un projet : « Libreville, une ville belle, propre et conviviale ».

Or, il est apparu, dès sa première déclaration, que le nouvel édile de la capitale n’avait jamais rêvé à se retrouver là. En conséquence, Christine Mba Ndutume s’est contentée de plates généralités. Alors, sur quelles bases le secrétariat exécutif du Parti démocratique gabonais (PDG) s’est-il appuyé pour la choisir comme candidate à la mairie ? Majoritaire au conseil municipal, le parti au pouvoir savait bien qu’elle serait élue. L’argument de « la décennie de la femme » ne saurait suffire car il y a des femmes du PDG au conseil municipal avec un meilleur pedigree.

Le bilan de Christine Mba Ndutume va-t-il se réduire au fait qu’elle aura été la deuxième mairesse de Libreville après Rose Christiane Ossouka Raponda ? Avec une personnalité de seconde zone, la première ville du Gabon risque un pilotage à vue. A moins que son élection ne soit la confirmation de la thèse selon laquelle des éminences grises tapies quelque part ont besoin d’une marionnette à l’Hôtel de ville.

Ce serait également la confirmation que la seule faute que Léandre Nzué et Eugène Mba ont commise est le refus de se laisser téléguider comme dans un cirque. Cinq mois seulement après son élection, Eugène Mba a été livré au mépris de ses concitoyens, accusé d’un détournement de fonds publics, estimé à environ 338 millions de FCFA, qu’aucune pièce comptable n’a jamais prouvé. Léandre Nzué est en détention préventive à la prison centrale de Libreville depuis septembre dernier pour « détournement de fonds, concussion et corruption ». A quand le jugement, afin que l’opinion soit édifiée ?

La responsabilité du PDG est engagée dans le sort pitoyable de la capitale. Pour une formation politique qui prétend viser la revitalisation et la régénération, les critères de choix du parti au pouvoir, frappés au coin de l’opacité et du clientélisme, sont en décalage avec les exigences de la modernité. Le PDG peut-il un jour penser un projet pour Libreville et le faire porter par une personne dont les électeurs sauront d’avance qu’elle sera son candidat à la mairie ? La loi non écrite de la rotation entre les Fang et les Mpongwé, les ethnies autochtones, ne saurait tenir lieu de projet.

Quant à Christine Mba Ndutume, à elle de surprendre agréablement ses concitoyens.

Brandy MAMBOUNDOU

Article du 15 juillet 2021 - 11:02am
Article vu "en cours dév"

Nombre de Commentaires (0)

Faites un commentaire !