Obsèques : Guéguerre pour un cadavre .

Par Brandy MAMBOUNDOU / 30 juin 2021 / 0 commentaire(s)
La veuve et la famille biologique se disputent le corps de Gédéon Moukagni .

Depuis deux semaines, une veuve et sa belle-famille n’en finissent plus de se déchirer au sujet du lieu d’inhumation du leur. Jugée en première instance, l’affaire pourrait se retrouver en appel, voire en cassation. Si la sagesse africaine ne prévaut pas entre-temps, les conséquences pourraient impacter les cinq enfants issus du mariage.  

Enseignant d’histoire-géographie, Gédéon Moukagni, la quarantaine, est décédé brutalement ce 13 juin. Il a rendu l’âme à l’Hôpital d’instruction des armées du PK9, où il avait été conduit d’urgence à la suite d’un malaise. Jusque-là, les causes exactes de ce décès ne sont pas connues. Et c’est une préoccupation pour sa famille biologique.

Mais la préoccupation majeure c’est la volonté farouche de la veuve, Yolande Moukagni, d’une ethnie différente, de faire inhumer son défunt mari à Libreville, contrairement à la tradition dans sa belle-famille, qui consiste à ramener les corps dans leur village, dans la province de la Nyanga, où est aménagé un cimetière familial où reposent déjà le patriarche Moukagni et l’aîné des enfants. La veuve fait valoir les dernières volontés de son mari. Tout en déplorant l’absence d’un testament, la chambre civile du tribunal de première instance de Libreville a retenu cet argument.

C’est la jurisprudence. Elle suinte même de la décision de justice rendue ce 29 juin. C’est un « copié-collé » d’une autre décision, au regard des erreurs de dates et d’identités. Le tribunal a également retenu le désir de la veuve de s’incliner à l’avenir, avec les enfants, sur la tombe de son mari.

La famille du défunt dit sa surprise de voir la veuve maintenir ses prétentions, dans la mesure où une réunion ce 27 juin a permis de mettre tout le monde d’accord sur l’inhumation de Gédéon Moukagni dans son village, où l’attendent sa mère et d’autres membres importants de la famille, notamment l’aîné des enfants vivants. La communauté de ce village, à Libreville et sur place, s’organise d’ailleurs dans cette perspective. De même que le syndicat dans lequel l’enseignant occupait un poste de responsabilité.

Qu’est-ce qui donc a poussé la veuve à se dédire ? Pourquoi tient-elle à faire inhumer le défunt à Libreville ? Que craint-elle de l’inhumation de Gédéon Moukagni sur ses terres d’origine, où il a grandi et fait ses études jusqu’à l’obtention du baccalauréat qui lui a ouvert les portes de l’Université Omar Bongo ?

A cause de l’entêtement de la veuve, la suspicion se fait jour au sein de la famille biologique du défunt. Des voix commencent à se demander si Yolande Moukagni a quelque chose à se reprocher quant à la mort subite de son mari. L’idée d’une autopsie est en passe de faire l’unanimité. La famille veut désormais y regarder de très près.

Pour l’heure, elle va faire appel de la décision de justice. Le tribunal se trouve pris en tenailles entre le droit et les us et coutumes. D’où certaines voix invoquent la sagesse africaine. Il est encore temps, pour que ces innocents que sont les enfants ne se retrouvent pas écartelés entre deux familles qui se regardent en chiens de faïence.

Elzo MVOULA

Article du 30 juin 2021 - 2:40pm
Article vu "en cours dév"

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