Paysage politique : quel est l’apport des partis gazelles à la Majorité ?

Par Nicolas NDONG ESSONO / 01 mar 2022 / 0 commentaire(s)
Une vue d'une précédente réunion entre le PDG et les leaders des partis de la Majorité.

L’élection présidentielle de 2023 n’est plus qu’à quelques mois. Et déjà les états-majors des différents bords politiques sont à l’œuvre pour les différentes stratégies à mettre en place pour battre campagne et préparer une hypothétique victoire. Pas que ! Un regard vers des espèces sonnantes et trébuchantes n’est toujours pas loin.

La scène politique est toujours dominée par deux groupes opposés. Dans cette situation manichéenne où l’opposition ne semble pas encore parler le même langage, considérant certainement qu’il est trop tôt pour le choix d’un nom pour conduire la prochaine bataille électorale, la Majorité républicaine pour l’émergence serait déjà sur le champ de bataille. Le seul problème de ce côté se pose au niveau des partis politiques qui la composent. Quel est réellement le poids des partis alliés au Parti démocratique gabonais (PDG) ? Bien malin celui qui pourrait affirmer ou infirmer la valeur ajoutée de ces partis, qui ne pèsent, pour la plupart, que très peu dans la balance sur l’échiquier politique national.

La dernière présidentielle de 2016 n’a point été un exemple de performance de ces « partis gazelles » qui se sont greffés au PDG pour permettre une victoire patente à leur champion. Loin s’en faut. Et c’est là où bon nombre d’observateurs de la scène politique pourraient se poser des questions.

Quel est le poids réel des « partis gazelles » ?

Ces formations politiques, dont la représentation est quasiment nulle dans les structures nationales et locales, ne représentent que l’ombre d’elles-mêmes. Certes, à la veille de chaque scrutin présidentiel, plusieurs partis s’inscrivent sur le registre de leur soutien au candidat naturel du PDG, mais la réalité sur le terrain est tout autre. En effet, les militants sont loin d’être un bétail votant, comme semblent le faire croire plusieurs leaders de ces partis. Ces derniers peuvent signer des protocoles d’accord et autres chartes avec le PDG, mais leurs militants, qui ont préféré adhérer à d’autres formations politiques que le Parti démocratique gabonais, ne se sentent pas obligés de voter pour son candidat. Dans cette vision, le candidat du PDG se retrouve, le moment venu, avec les leaders des partis politiques sans les voix de leurs militants.

Si ces formations politiques ont du mal à se tailler des fonctions électives lors des élections locales ou législatives, il devient conséquemment impossible qu’elles puissent offrir un réel soutien à leur candidat lors de la présidentielle. Encore que, vu sous un autre angle, ces partis, une fois le récépissé de reconnaissance acquis, ont du mal à entretenir des troupes pour la survie de la formation politique. Nombreux sont ces partis qui n’ont aucun siège si ce n’est l’habitation du président de la formation. Exit donc une quelconque chance de représentation sur une quelconque partie du territoire national, donc totalement introuvables aussi bien au Parlement que dans les collectivités locales.

Comme l’affirmait, il y a quelque temps, un président de parti de la Majorité : « Les déclarations d’intention ou de soutien au président-candidat du PDG, donc candidat de la Majorité, ne sont que le miroir aux alouettes. En 2016, comme en 2009, en dehors des meetings animés par le candidat, les partis politiques alliés au PDG ont toujours eu du mal à mobiliser leurs militants. Ils sont obligés de procéder au transport des personnes, contre espèces sonnantes et trébuchantes, pour donner l’impression qu’ils ont des militants. C’est donc la raison pour laquelle on retrouvait les mêmes personnes dans tous les meetings, même ceux organisés par l’opposition. Mais le jour du scrutin, il devient évident que ces partis n’ont jamais enregistré dans leurs rangs des partisans ». Alors que l’on compte plus d’une vingtaine de partis composant la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence, leur effet n’est point perceptible lors des scrutins politiques.

Réels hommes politiques animant des partis fictifs

A la réalité, les « partis gazelles » de la Majorité ne sont point une évidence que dans leurs dénominations. Quel peut être l’apport d’un parti comme le Rassemblement des Gaulois, de Max Anicet Koumba ? De quel terrain politique peut se prévaloir le PDS de Séraphin Ndaot ? Quelle est la représentation de Conscience et action citoyenne (CAC) de Florentin Moussavou ? Le Cercle Oméga de Marcel Ntchoreret n’a jamais enregistré un seul élu,  quelle peut être sa capacité de mobilisation ? Le BDC du regretté Guy Christian Mavioga, que sa veuve Anna Claudine Ayo tente de ravir à ses vrais fondateurs, n’a jamais dépassé le 2% dans une élection législative. Et bien d’autres, dont les noms se confondent à la dénomination de leurs partis, qui deviennent de ce fait des partis fictifs.

Les partis issus de l’Association des Jeune émergents volontaires (Ajev), notamment le Rassemblement pour la restauration des valeurs (RV) et les Socio-démocrates gabonais (SDG), nés à la veille de la présidentielle de 2016, ont démontré, lors des dernières législatives et locales, leur force sur le terrain n'en glanant pas moins d’une vingtaine de sièges à l’Assemblée nationale et au Sénat. Pour ne pas être victimes de leur propre succès, comme cela a été le cas pour leur parrain, Brice Laccruche Alihanga, ces partis ont rejoint, dans un système de fusion-absorption, le PDG. Mais en est-il de même pour leurs partisans ? Qu’en est-il de ceux qui ne représentent que leurs familles respectives dans la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence ? Les prochaines élections pourront aider à répondre à cette question.

A la vérité, pour ces leaders des partis gazelles, un regard vers des espèces sonnantes et trébuchantes n’est toujours pas loin.

Nicolas Ndong Essono

 

Article du 1 mars 2022 - 10:35am
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