Du temps de l’hégémonie du Parti démocratique gabonais (PDG), les patrons politiques faisaient la loi, depuis les fédérations du parti, en passant par les préfectures, jusqu’aux chefs d’établissements scolaires. Ils faisaient nommer tout le monde.

Au Nord, les Lucie Milebou Aubusson Mboussou, Biendi Maganga Moussavou, Léon Armel Bonda Balonzi, etc. peuplent l’imaginaire de la richesse. Et Biendi Maganga Moussavou, le pas moins fils de Maganga Moussavou, beau-frère d’Ali Bongo et ministre de l’Agriculture, a bien esquivé la Ngounié Sud avec ses zones agricoles spéciales, oubliant Lébamba dans sa trajectoire, alors même que la ville du général Flavien Nzengui Nzoundou est reconnue pour ses terres arables, qui abritent même un lycée agricole.

L’ancien aide-camp d’Omar Bongo doit bien se triturer les méninges maintenant, lui qui voit sa vie nationale décliner tout doucement, même si ses voisins lui sont encore redevables de la route Ndende-Lébamba, bitumée du temps où il était ministre des Travaux publics. Pourquoi n’a-t-il pas continué vers Dibwangui qui se meurt, Mbigou, Malinga et Mimongo ?

Là-bas, il n’y a ni pétrole, ni fer, ni bois, ni manganèse, ni rien, et donc pas de quoi faire de puissants ministres, ni de grands projets de développement. Tenez, dans ces villes où la République marche sur la pointe des pieds, l’électricité est une visiteuse par surprise, et les populations crèvent de faim…

Le Sud est rebelle au PDG, dit-on parfois. A Mimongo, le PSD (Parti social démocrate) de Pierre Claver et Albertine Maganga Moussavou se vend bien, tandis qu’à Mbigou et Malinga, le parti Les Démocrates de Guy Nzouba Ndama a fière allure… Quoi de plus normal quand les populations se sentent abandonnées par un Ali Bongo qui n’a d’yeux que pour le Nord ?

De fait, personne ne contrôle plus la Ngounié. L’étendue du territoire et la diversité ethnique aidant, chacun gère sa cuisine interne. La Ngounié Nord vit dans l’or et la Ngounié Sud dans la tourmente. Le Sud n’a pas bien géré sa gloire d’antan. Ce qui ne devrait pourtant pas empêcher le Fonds d’initiatives départemental de faire briller la zone.

Elzo MVOULA