Primature : Pourquoi Ossouka Raponda a des chances de rester.

Par Brandy MAMBOUNDOU / 26 juil 2021 / 0 commentaire(s)
Malgré son bilan mitigé la Première ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, ne risque pas un limogeage qui serait contre-productif pour le chef de l'Etat.

En attendant, peut-être, les hostilités à l’artillerie lourde, les clans qui se battent pour le contrôle du gouvernement le font à fleurets mouchetés. La principale cible pour le moment est la Première ministre (PM), Rose Christiane Ossouka Raponda, qui a pourtant des chances de conserver son poste jusqu’à la prochaine présidentielle, dans la mesure où son éviction avant le scrutin sera la reconnaissance par le chef de l’Etat d’un échec de sa politique, conduite par le chef du gouvernement. Cependant, le maintien de la PM ne sera que de façade, tant elle a effectivement montré ses limites en un an d’exercice.

Quand elle est nommée, le 16 juillet 2020, tous les qualificatifs élogieux sont déversés sur Rose Christiane Ossouka Raponda. Si, en effet, elle est la première femme à occuper ce poste, la haute fonctionnaire des services économiques et financiers, diplômée de l’Institut de l’économie et des finances (IEF), est présentée par exagération comme une « brillante économiste ». Le contexte d’inflation de termes dithyrambiques n’est pas sans rappeler celui de la nomination, en janvier 2014, du professeur d’économie Daniel Ona Ondo, qualifié de « perle rare ».

L’ancienne mairesse de Libreville (là encore la première femme à trôner à la tête de la capitale) débarque à la Primature, après avoir été ministre de la Défense, en pleine « Décennie de la femme », cette politique de promotion de la gent féminine imaginée en 2015, qui a vu des femmes être nommées gouverneures de provinces. Le concept s’est accompagné d’une loi sur les quotas (30 %) des femmes et des jeunes à des postes de responsabilité et à des fonctions électives. Mais le cours de l’histoire, à commencer par la composition des gouvernements qui se sont succédé depuis lors et la liste des candidats aux dernières élections, montre que son application n’est pas encore un impératif catégorique.

Un an après sa nomination, le bilan d’Ossouka Raponda est maigrichon. Seules trois des quarante-cinq promesses faites devant les députés lors de sa déclaration de politique générale ont été réalisées. Mais la PM bénéficie d’une excuse de taille : la crise sanitaire due à la pandémie de la Covid 19 s’est doublée d’une crise économique tout aussi mondiale. De plus, le Plan d’accélération de la transformation (PAT), qui s’est ajouté au Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) et au Plan de relance de l’économie (PRE) n’est qu’au début de sa mise en œuvre.

Virer Ossouka Raponda maintenant risque donc de paraître non seulement hâtif, mais également comme un reniement. Ce serait reconnaître qu’elle a déjà échoué. Or, le président de la République ne peut plus servir aux Gabonais l’argument d’une « erreur de casting », même si, effectivement, la cheffe du gouvernement n’est pas un foudre de guerre à la Britannique Margaret Thatcher.

Sans craindre un effet contre-productif, il s’en trouve qui poussent la PM vers l’issue de secours. Le jeunisme est leur credo. D’où le nom d’un ministre aux allures d’éternel trentenaire a circulé avec insistance dans les salons feutrés. D’autres avancent l’idée de (re)conquérir le Nord, au regard des résultats de la présidentielle de 2016. Et le jeune homme, selon ses soutiens, de la même génération, remplirait les deux critères.

Alors que le Gabon bruit de l’imminence d’une nouvelle équipe gouvernementale, cette agitation a poussé le président de la République à s’enfermer dans une tour d’ivoire, aux fins de peaufiner sa copie à l’abri des regards indiscrets et des pressions de toutes sortes. Avec ou sans un nouveau gouvernement, le chef de l’Etat va devoir en sortir, pour présider, le 9 août, la traditionnelle journée du drapeau.

Elzo MVOULA

 

Article du 26 juillet 2021 - 10:31am
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