Procureur sous l’ère Ali Bongo : Une ombre plane sur la justice au Gabon

Par Brandy MAMBOUNDOU / 17 juin 2022 / 0 commentaire(s)
Anciens ou nouveau, ces procureurs de la République ont-ils rendu la justice au nom du peuple gabonais?

Le président du Syndicat national de la magistrature a toujours dit que la justice n’est pas indépendante. D’ailleurs, abandonnés dans la pauvreté, ils s’adonnent à la corruption, selon l’avocat du candidat Ali Bongo, Francis Nkéa Nzigue, anciennement ministre de la Justice et désormais ministre de l’Evaluation des politiques publiques. Les Gabonais n’en pensent pas moins !

En treize ans, quatre procureurs de la République n’ont pas fait de la justice une institution fiable, un instrument de protection des Gabonais, ni un lieu de civilisation où est bannie la loi du plus fort. Au contraire ! De Flore Sidonie Ouwe jusqu’à André Patrick Roponat, l’impression d’une justice aux ordres sent de très loin, particulièrement quand les affaires sont politiques ou ayant des relents politiques.

Flore Ouwe avait ouvert le cycle de la justice spectacle avec le puissant général Mistoul, alors commandant en chef de la Police nationale. Mais on retiendra d’elle surtout la « justice expéditive », selon Dieudonné Moukagni Iwangou, en 2014, lorsque l’opposition soupçonnait la fraude dans l’acte de naissance d’Ali Bongo pour en demander l’invalidation à la présidentielle de 2016. Sidonie Flore Ouwé avait déclaré l’incompétence de la justice à juger cette affaire.

En mars 2017, Steeve Ndong Essame Ndong, alors procureur de la République, fait une conférence de presse annonçant des mandats d’arrêt internationaux contre des Gabonais : Franck Ping est poursuivi pour corruption active, Alfred Mabicka pour détournement de deniers publics, Hervé Ndong pour agression sexuelle, proxénétisme et viol sur mineures et Yves Mapakou est quant à lui recherché pour escroquerie dans le cadre de l’affaire BR-Sarl. De là où il se trouve maintenant, il sait que ce n’était que du spectacle. Mais la logique punitive de la justice a mis en prison Frédéric Massavala Maboumba et Pascal Oyougou. L’ancien procureur de la République est sans doute fier de son travail quand il voit Massavala Maboumba désormais grand PDGiste et pas moins commis de l’Etat dans sa fonction de Haut-Commissaire.

Soupçonné d’être proche de Brice Laccruche Alihanga, ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Olivier Nzaou n’a pas empêché les arrestations de la bande à « Bla ». Même, lui aussi, n’eût été les entregents de Sidonie Flore Ouwé et Steeve Ndong Essame Ndong pour le défendre par rapport aux privilèges qu’il a reçus de la présidence de la République ; qu’il serait aujourd’hui en prison. Mais bon, c’est la vie ! L’instant présent prime sur tout. Et André Patrick Roponat voit sous ses yeux l’extension des chefs d’accusation pour une vaste machine judiciaire destinée à broyer même toute logique d’alternance... puisque ce sont encore les magistrats, juges constitutionnels, qui décident qui gagne à l’élection présidentielle, peste un leader de la société civile.

En rappel, le procureur de la République, défenseur de l’ordre publique, est un magistrat du parquet. C’est lui qui déclenche l’action publique et assure le respect de la loi pénale. Au Gabon, difficile de cerner l’ordre public et l’action publique dans les procès où l’opinion publique considère souvent, à tort ou à raison, que la justice est aux ordres de l’Exécutif. Et pas seulement parce qu’Ali Bongo est chef de la magistrature suprême !

Dieu du ciel…. !!!

Elzo MVOULA

Article du 17 juin 2022 - 11:38am
Article vu "en cours dév"

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