QUE PEUT-ON RETENIR DE L'ADRESSE DU CHEF DE L'ETAT DU 31.12.2021 ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 10 jan 2022 / 0 commentaire(s)

Comme de tradition, le président de la république, chef de l'état s'est adressé à la nation. Cette adresse est souvent si attendue car il doit donner à ses compatriotes un aperçu sur l'état de notre nation et une projection sur l'année nouvelle. En raison de fortes secousses sur le volet social, les gabonais attendaient des grandes décisions sur ce volet.

Malheureusement, le président de la république n'a pas cru bon de s'attarder sur cette crise majeure qui se dessine sur fonds de la pandémie liée à la Covid-19. Tout au plus, semble-t-il même minimiser la grogne sociale qui gagne pourtant du terrain dans tous les secteurs. Il est demeuré zélé et serein dans sa coquille de certitude sans entrevoir une ouverture à la résolution de ces crises multiformes.

Il a nagé visiblement à contre courant de l'opinion public. On peut bien comprendre qu'il se soit attardé sur la pandémie de la Covid-19, appelant la population à se vacciner. Il semble oublier que les temps ont changé et que l'information circule à grande vitesse comme jamais auparavant. 

Tout le monde suit à travers les réseaux sociaux les effets néfastes de ces vaccins ailleurs qui circulent en boucle et les avis de grands scientifiques qui ne rassurent plus personne. La confiance des populations dans ce qu'il appelle vaccin qui, n'en est pas un, s'est définitivement étiolée.

Le taux de 12% de personnes vaccinées est essentiellement constitué d'étrangers vivant au Gabon et une très infime partie des gabonais. Il refuse de comprendre que les préavis de grève dans plusieurs secteurs d'activités vont de paire avec des mesures incitatives à la vaccination de masse.

En adoptant un ton ferme, il oublie que nombre de gabonais ne sont nullement effrayés par ses dires de nos jours. Car, c'est sur le terrain des réformes sociales et du développement du pays que les gabonais l'ont longtemps attendus en vain. Il a encore donné l'impression de parler d'un Gabon autre que celui dans lequel vivent la majorité des gabonais.

L'on a encore assisté à une auto-satisfaction comme de coutume des avancées que le peuple ne ressent nulle part. Un entêtement dans une voie sans issue reprouvée par le peuple pourtant et dont ils se réjouissent. Le fracture sociale s'est fortement amplifiée. Aucun mot sur les hérésies de son gouvernement déboussolé, déambulant dans ses actions tel un ivrogne.

Le président de la république n'a pas conscience de la rupture inquiétante de la digue de confiance entre une proportion de plus en plus importante de la population et lui. Naturellement, le flot des propos mensongers et dithyrambiques de ses proches collaborateurs lui occultent la réalité sur le terrain. Il vit dans un Gabon construit de marbre bien à l'antipode de celui dans lequel tous les autres gabonais vivent à Malinga, Mimongo, Onga, Yetsou, Makatamangoye 1 et 2, Odjala, Mabanda, Etéké, Ndagui, Iboundji, Woubélé, Mebolo, etc.

Quels sont ces progrès sociaux que ne témoignent curieusement que les dirigeants eux-mêmes et non les bénéficiaires de ceux-ci ? La majorité des familles gabonaises a définitivement fait le deuil des festivités marquant le réveillon de fin d'année.  Est-ce le fait la pandémie du Covid-19 ? Pas du tout. Leur quotidien a été broyé par le chômage, une économie mise en lambeaux, une absence de perspectives d'avenir, etc. Aucun mot sur ce drame.

Pire encore, venir ressasser les travaux de la transgabonaise maintes fois annoncée, toujours avec la même détermination orale  et conviction alors que les automobilistes pataugent dans les bourbiers en forêt, est devenu presque hilarant. Tous les projets qui n'ont jamais vu le jour au Gabon ont été tous annoncés avec la même verve. Tout le monde sait dans quelle broussaille épaisse  de Mbanda-Mamba ou de Kessala ces paroles mielleuses se cachent.

Faire semblant de ne pas comprendre les raisons des différentes grognes sociales dans divers secteurs, c'est même souffler sur les braises. Car, nos populations ne sont pas seulement aguerries contre la peur propagée par la Covid-19 mais, aussi contre les intimidations de tout genre. Les grévistes sont certains de leur victoire par l'usure et ne capituleront pas car ils sont conscients de tenir le bon bout. 

"Le plus grand chasseur de serpent meurt souvent par la morsure d'un serpent non venimeux." disent les anciens. A trop vouloir imposer à tous, le seul langage de la force tout le temps, on finit bien par cracher dans le sens contraire au vent. Et in fine, recevoir ses expectorations sur son propre visage.

Le pouvoir est une drogue puissante, terrible et très nocive. Quand on est habitué à voir les gens ramper à ses pieds, ils deviennent comme des fourmis à nos yeux et nos critères d'appréciation du danger changent. "Le pangolin est un mangeur de fourmis, mais mort, il devient un bon festin pour les fourmis". Les temps sont faits pour changer.

"Celui qui ne change pas avec le temps sera changé par le temps".

Libreville, le 01 janvier 2022
Hubert OBOULOUGOU 
Mwana Otèguè wa dzi mpari

Article du 10 janvier 2022 - 9:09am
Article vu "en cours dév"

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