Réorganisation de la CNDH en République gabonaise : la ministre de la Justice devant les sénateurs ce mercredi

Par Brandy MAMBOUNDOU / 22 juin 2022 / 0 commentaire(s)
Erlyne Antonella Ndembet devrait interdire à un avocat de l'Etat d'être à la tête de la CNDH.

Au moment où les atteintes aux droits de l’homme rythment le quotidien des Gabonais, Erlyne Antonela Ndembet-Damas sera devant la Chambre haute du parlement aujourd’hui pour faire aboutir le projet de loi sur la Commission nationale des droits de l’homme, outil essentiel pour son fonctionnement et son ancrage au niveau international.

Disons-le tout net ! Aujourd’hui, peu importe l’angle d’observation, le Gabon a un gros problème avec des droits « naturels et imprescriptibles » que sont la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l'oppression, la reconnaissance de l'égalité devant la loi et la justice, et l’affirmation du principe de la séparation des pouvoirs.

Ici et là, des pleurs rythment l’existence de bien de Gabonais. Même si comparaison n’est pas raison, à l’époque d’Omar Bongo, l’indignation n’avait jamais atteint un tel niveau. A titre d’exemple, le défunt président de la République n’aurait pas accepté de voir un Jean Rémy Yama, dans un état sanitaire inquiétant, et le maintenir en prison ; il allait faire quelque chose pour libérer Bertrand Zibi ou amorcer le retour des exilés politiques et pourquoi pas trouver un modus operandi pour les cas de Brice Laccruche Alihanga, Renaud Allogho Akoue…Ceci aurait eu l’avantage d’apaiser la tension, toujours palpable, dans la Nation.

Aujourd’hui, rien de tout ça. Bien au contraire, les Gabonais assistent médusés à l’avènement d’une République de la violence à tous les niveaux. Et pourtant, le discours officiel ne cesse de faire l’apologie du respect des droits de l’homme. Cela a été le cas le 24 septembre 2020. Ce jour-là, au cours d’une rencontre entre le ministre de la Justice, garde des sceaux, chargée des droits de l’homme et de l’égalité des genres avec le président de la Commission nationale des droits de l’homme, Erlyne Antonela Ndembet-Damas, la main sur le cœur, avait dit « l’Etat gabonais reste attaché au respect des conventions internationales en matière des Droits de l’homme ». Les faits sont là pour acquiescer ou pas ces propos.

Comme si cela ne suffisait pas, la CNDH est dirigée par un avocat, tenez-vous bien, de l’Etat. Me Bertrand Homa Moussavou est dans une posture très délicate où il ne peut agir efficacement au risque de provoquer la colère de son client « Etat-gabonais » soupçonné, à tort ou à raison, d’être à l’origine de plusieurs cas d’atteinte aux droits de l’homme. C’est pourquoi, des doutes persistent quant à l’utilité et à l’efficacité de cette commission avec sa tête un personnage otage de sa posture.

On pourra donc adopter un projet de loi relatif à l’organisation et au fonctionnement de la Commission nationale des Droits de l’homme, ergoter autour de la question de la réinsertion des détenus au Gabon, soulever la problématique réelle et indigne des conditions de détention dans les prisons, suggérer la formation des personnels de la Sécurité pénitentiaire…tant que cette structure est dirigée par un homme frappé du conflit d’intérêts, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et l’Union européenne apporteront des contributions à une commission incapable de promouvoir les droits de l’homme. 

Justement, Erlyne Antonela Ndembet-Damas ne devrait-elle pas, comme l’un des éléments de la réorganisation du CNDH, d’interdire à un avocat de l’Etat de postuler à la tête de cette structure ! 

Elzo MVOULA

Article du 22 juin 2022 - 1:20am
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