Sénat : le malaise !

Par Dess BOMBE / 05 mar 2021 / 0 commentaire(s)
(jean valentin leyama)

Dans un post Facebook du 31 décembre 2020, à l’attention des sénateurs PDG qui avaient adopté la révision constitutionnelle, j’écrivais ceci : « Vous voilà en fin de mandat, c'est-à-dire à un moment où vous n'avez plus rien à perdre, vous votez à mains levées que certains d'entre vous soient nommés sans autre forme de précisions. Le seront-ils parmi les 53 (52 finalement) ou en plus ? Dans quelle proportion ? Dans quelles circonscriptions ? Seront-ils choisis au sein des conseils locaux ou aussi en dehors ? Quels seront les critères ? Vous avez voté les yeux fermés, Alléluia ? Amen !''.

« En janvier ou février 2021, en pleine intersession, le Gouvernement va légiférer par ordonnance et vous ne serez plus là en mars pour ratifier. Votre sort sera scellé sans vous, à froid. Sauf pour ceux qui ont les bras longs'', personne ne tiendra compte de vos états de service, de votre militantisme zélé, de votre loyauté, de votre fidélité sans partage de vos interventions et posts à la gloire du DCP (…) »

Nous y sommes. Je Vois Loin !

Il faut vraiment manquer de discernement ou de courage pour ne pas percevoir le malaise, le ressentiment, la colère refoulée des Pdgistes eux-mêmes quant au processus qui a conduit au renouvellement de cette chambre du parlement.

Tout commence par les primaires où chacun a été encouragé à solliciter les suffrages de la base dans un exercice qui s’est révélé, plus tard, pseudo-démocratique. Et comme il n’y a pas de petites élections dans notre pays, les camarades candidats ont misé et l’argent a circulé. Des sommes entre 500 mille et 3 millions ont été payés à chaque conseiller local électeur là où les enjeux ou la compétition étaient forts. Les primaires ont livré leurs résultats. Mais hélas, dans un jeu de « qui perd gagne », les battus ont été investis. Première source de malaise.

L’espoir pour beaucoup renaît dans la perspective des nominations. Espoir vite refroidi lorsque l’on découvre, à la faveur de l’ordonnance modifiant la loi organique relative à l’élection des sénateurs, que seuls 15 sénateurs seront nommés. Si on fait le partage entre les neuf provinces, il demeure très largement inégal.

La faculté désormais offerte au Président de la République de nommer des Sénateurs a suscité des espoirs au-delà du PDG. Elle a été perçue comme une opportunité de réconciliation nationale et de rééquilibrage politique. Un leader de la majorité, Guy Christian Mavioga a proposé la règle des 3 tiers : 1 pour le PDG et ses alliés, 1 pour la Société civile, 1 pour la Diaspora. Cette proposition a reçu des avis très largement favorables. Des partis ou des leaders de la majorité et de l'opposition qui soutiennent l'action du Gouvernement, au Parlement ou en dehors ont espéré se voir attribuer un poste de sénateur.

Dans la foulée, un leader de l’opposition, Guy Nzouba Ndama, a sollicité du président de la République un poste de sénateur, pour lui-même probablement ou pour ses militants. Dans tous les cas, l’opinion a espéré y voir siéger, sur une liste nationale, des personnalités indépendantes, des experts, des membres de la société civile, capables d’animer le débat dans cette chambre d’enregistrement. Mieux, on a pensé que les promus devaient transcender les clivages liés aux appartenances régionales, tribales et partisanes. Ils devraient être des sénateurs à part, représentant toutes les communautés, les territoires ou sensibilités. On espérait voir corriger les déséquilibres consécutifs au suffrage universel en faveur des communautés minoritaires. On espérait voir la frange de la diaspora qui prend des coups dans la défense du régime se voir récompensée.

Que nenni, la déception est générale ! La nomination des sénateurs a obéi aux critères classiques. Elle donne le sentiment d’une distribution des postes entre copains et coquins, entre « proches de… ».

La formation du bureau du Sénat a achevé d’aggraver le malaise, où des battus aux primaires ou des sénateurs nommés, sans légitimité démocratique, ont été promus au détriment de ceux ou celles qui ont affronté le terrain.

La Chronique de Jean Valentin Leyama.

Article du 5 mars 2021 - 9:37am
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