Sénégal : appelez-moi dictateur !

Par Brandy MAMBOUNDOU / 23 juin 2022 / 0 commentaire(s)
Macky Sall est devenu un repoussoir pour les Sénégalais.

Qui l’eut cru ? Il y a moins d’une dizaine d’années, les partis politiques de l’opposition s’étaient mobilisés pour soutenir la candidature de Macky Sall contre le président Abdoulaye Wade, qui voulait s’imposer pour un troisième mandat. Aujourd’hui, c’est un retour de manivelle. Macky Sall, une fois installé sur le fauteuil présidentiel, s’est résolument retourné contre l’opposition qui l’a fait roi. Sa chute ne serait donc pas loin de là.

La coalition de l’opposition, assemblée autour de son leader Ousmane Sanko, ne voudrait guère se laisser intimider par « l’ingratitude de Macky Sall ». Et face aux menaces répétées du pouvoir en place, qui a interdit les manifestations, l’opposition a déclaré vendredi dernier : « La manifestation est maintenue, elle aura bel et bien lieu ». Une promesse qui n’est pas sans rappeler ce même mot d’ordre lancé, en 2015, par Macky Sall, lorsqu’il était opposé à Abdoulaye Wade et appuyé par l’opposition d’alors. Aujourd’hui cette même opposition se trouve confrontée au président sénégalais.

Les actuels mouvements politiques ont pour source la protestation contre la volonté manifeste de Macky Sall qui veut invalider la liste nationale des titulaires de Yewwi Askan Wi pour les élections législatives de juillet prochain, confirmant ainsi la crainte de l’opposition qui dénonce la volonté manifeste de Macky Sall de s’en prendre en réalité à son principal challenger Ousmane Sanko. Ce qui ramène le débat des observateurs politiques sur l’accès au pouvoir par la voie démocratique en Afrique.

Il est à noter que sans les efforts conjugués de l’opposition sénégalaise, en 2015, en soutien au candidat Macky Sall, qui s’opposait à son ex-mentor Abdoulaye Wade, l’actuel président ne serait jamais à la tête du Sénégal. Pour toute récompense à ce soutien de ses anciens coalisés, Macky Sall voudrait se débarrasser de tous ceux qui peuvent lui faire ombrage. Ce qui fait dire aux leaders de l’opposition sénégalaise que l’actuel président, comme son prédécesseur, voudrait se préparer pour un troisième mandat. Il faut donc annihiler toute prétention de son empêcheur à tourner en rond, Ousmane Sanko, et avoir les coudées franches pour se maintenir sur le fauteuil présidentiel.

Un antidémocrate aujourd’hui méconnaissable

Pour accentuer la pression sur Ousmane Sanko, le 16 juin, très tôt en matinée, sa résidence a été encerclée par la police, l’empêchant de sortir de chez lui, entravant sa liberté de mouvement et sa liberté de culte, quand on sait que le vendredi est un jour sacré pour l’islam auquel appartient l’opposant. S’en est suivi un échange tumultueux entre les forces de l’ordre et les partisans d’Ousmane Sanko. En écho, dans les autres quartiers de la ville, des manifestations sont organisées pour protester contre ce que l’opposition considère comme le « régime du tyran Macky Sall, injuste jusqu’à la moelle ». La Place de la Nation, blindée de policiers, faisait penser à une forteresse. Les commerçants ont été contraints à la fermeture, les couleurs de Yewwi Askan Wi ont inondé les rues de Dakar. Les échauffourées sporadiques visibles se déplaçant tout au long des grands axes.

Voilà la réalité des pouvoirs en Afrique, où l’opposant acharné Macky Sall s’est métamorphosé, une fois sur le fauteuil présidentiel, en véritable tyran contre ceux qui l’ont aidé à accéder au palais présidentiel. Une triste face que présente la première démocratie de l’Afrique francophone au monde. Cette Afrique francophone, où l’on peut être un bon opposant, mais une fois à la tête du pouvoir, se transformer en méconnaissable absolutiste antidémocratique.

Au regard de l’histoire du Sénégal, la chute de Macky Sall n’est pas loin.

Elzo MVOULA

 

Article du 23 juin 2022 - 10:01am
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