Trois questions à Marc Ulrick Malekou ma Malekou, directeur de publication de la Web TV Mazleck Info.
« Il s’est agi d’une alerte, certes hâtive, mais motivée… »
Après des alertes lancées sur son supposé kidnapping en fin de semaine dernière, le journaliste engagé explique ce qui s’est réellement passé et justifie la réaction de sa famille par rapport aux actes de violences dont il a été victime par le passé. « Chat échaudé craint l’eau froide », dit-il.
Gabonclic.info : Que s’est-il passé, alors que des alertes sur le web vous donnaient disparu, voire kidnappé par les services de renseignement ?
Ulrich Malekou ma Malekou : d’abord je tiens à remercier tous ceux qui se sont mobilisés à la suite de cette alerte, tout en soulignant que je vais bien. Une alerte donnée à la suite du silence relativement long, après le départ de chez moi, qui s’est accompagné de la perte de mon téléphone portable. Ne pouvant me joindre, encore moins me trouver chez moi, mes parents, amis et connaissances, l’assaut a alors été donné dans les hôpitaux et commissariats. Sans résultats.
Ma posture de journaliste d’opinion, adossée à la ligne éditoriale du contre-pouvoir, mes convictions affichées de membre du peuple du changement, ouvertement engagé pour le départ du système Bongo-PDG, m’a antérieurement donné d’essuyer des menaces de mort, tentatives d’enlèvement, assortis de détention arbitraire dans les locaux des services de renseignement, le tristement célèbre B2. Ne trouvant donc ma trace nulle part, et craignant de me voir à nouveau être tombé dans les griffes de la police politique, prompt à traquer aveuglément les empêcheurs de tourner en rond, ma famille a choisi de sonner le tocsin, pour ameuter l’opinion. Comme le dit le dicton populaire : chat échaudé craint l’eau froide.
Il s’est donc agi d’une alerte, certes hâtive, mais motivée par les foudres que j’ai antérieurement essuyées de certains « gros bras », du fait de ma liberté de ton.
Que peut-on faire pour mettre la presse à l’abri des actes de tortures et menaces de toutes sortes ?
Permettez-moi de rappeler que la presse est le baromètre de la démocratie, et miroir de la société. De ce fait, elle mérite protection et soutien, et non des traitements dégradants de quelque nature que ce soit. Et pour sortir la presse gabonaise de ces pratiques rétrogrades, il nous faut neutraliser les exécutants et les donneurs d’ordres. Ce qui passe par un changement de gouvernance politique, puisque le clan Bongo, mis à l’index chaque fois, ne semble plus capable de renouveler ses pratiques passéistes, encore moins de se réinventer pour s’arrimer aux pratiques des nations respectueuses des principes de démocratie plurielle, qui laissent à la presse, d’aisément jouer son prestigieux rôle de quatrième pouvoir.
Quel rôle devrait justement jouer la presse, pour l’émergence d’une société apaisée ?
Pour la construction d’une société apaisée, la presse se doit de rester dans les limites de ses missions premières, que sont : informer, éduquer et distraire, dans un objectif de tirer la société vers le haut, en mettant en lumière les plombs qui participent à parasiter le progrès. D’où la nécessité d’une presse plurielle, alerte, et qui sait, le cas échéant, s’inviter sur le terrain du
contre-pouvoir.
C’est l’occasion d’inviter les pouvoirs publics à jouer leurs partitions dans la création d’un environnement propice à l’éclosion de la liberté de la presse.
Propos recueillis par Nicolas NDONG ESSONO
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