Tunisie : Kais Saied dans la tourmente après un très faible taux de participation aux législatives
Le dimanche 29 janvier 2023, très peu de Tunisiens et Tunisiennes se sont déplacés pour élire les membres du Parlement. Une forme de désaveu au président Kais Saied et aux réformes politiques qu'il impose depuis son coup de force de 2021, dans un pays surtout préoccupé par les problèmes économiques.
Le président de l'autorité électorale, Farouk Bouasker, a annoncé un taux de participation provisoire de 11,3% au deuxième tour des législatives, à comparer à un chiffre préliminaire de 8,8 % au premier tour. On parlerait d’une abstention avoisinant les 90% au premier tour, un record depuis l'avènement de la démocratie dans le pays, berceau du « Printemps arabe » il y a douze ans. Les jeunes qui avaient porté M. Saied au pouvoir, en 2019, semblent avoir massivement boudé les urnes avec un peu moins de 5% de votants ayant entre 18 et 25 ans.
L'élection de 131 députés (sur 161 sièges dont 30 déjà pourvus) représente l'ultime étape du processus lancé il y a 18 mois par le président Kais Saied pour revenir à un système hyper-présidentialiste, similaire à celui d'avant la révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali. Estimant le pays ingouvernable, M. Saied s'est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, puis a révisé la Constitution l'été dernier pour abolir le système parlementaire hybride en vigueur.
Il faut souligner le fait que ce taux d’abstention fait suite au faible taux du pouvoir d’achat, qui se serait fortement dégringoler avec une inflation supérieure. A cela s’ajoute des pénuries de denrées subventionnées comme le lait, le sucre ou l'huile. Pour les économistes, ces pénuries proviennent des ruptures d'approvisionnement, car l'Etat manquerait de liquidités pour régler ces achats centralisés. Même son de cloche du côté de la croissance qui stagne. Saied hésite, selon les experts, à adopter des mesures impopulaires comme la levée des subventions sur les produits de base et une restructuration des entreprises publiques surendettées et aux effectifs pléthoriques.
Vichanie Glaiche Ornela Mamboundou
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