Violences faites aux femmes au Gabon : Appeler le 1404 et après ?
Si l’initiative de l’épouse d’Ali Bongo a été saluée, à première vue, par plusieurs femmes, dans les faits, c’est le désenchantement, qui symboliserait une gouvernance désincarnée. D’autant plus qu’en l’absence des structures collectives de prise en charge de la victime, la suite de la dénonciation serait sans suite.
Lorsque le 30 avril dernier, Sylvia Bongo annonce la mise en place du 1404, « un numéro qui peut vous sauver la vie », et précise que c’est « une ligne d’écoute et de conseils dédiée aux femmes victimes de violences. Anonyme & gratuit, ce numéro est accessible tous les jours 24h/24. Il est temps de briser le silence », plusieurs femmes saluent cette action. Une société ne doit pas être statique, mais plutôt s’adapter constamment aux exigences de l’heure.
Reste que personne ne sait de quels types de violences dont il est question. D’autant que sous les tropiques, les violences faites aux femmes revêtent plusieurs connotations. En l’espèce, la clameur populaire évoque les brutalités de l’homme envers sa femme. Or, au cas où elle l’ignorait, Sylvia Bongo devrait savoir que la plupart des femmes de ce pays sont des victimes collatérales d’une violence systémique qui a profondément détruit même l’essence du peuple gabonais, et annihilé en chaque enfant de cette Nation toute fierté nationale.
Par exemple, lorsqu’un chef de famille perd son emploi, est limogé ou se retrouve en prison pour ses opinions, la première victime est inéluctablement la femme et, conséquemment, les enfants, l’avenir du pays.
C’est pourquoi, croient savoir certains observateurs de la société gabonaise, pour éviter le drame de trouver les solutions aux problèmes mal structurés, l’épouse d’Ali Bongo et sa fondation éponyme seraient très inspirés de pousser le régime de son mari à instaurer un véritable Etat de droit, et prôner la bonne gouvernance pour offrir à chaque fille et fils de ce Gabon les raisons de croire en leur existence : la dignité.
Combien d'argent a été dépensé pour ces actions sans impact sur le quotidien des Gabonais.
Que deviennent les enfants du couple dont le père a été arrêté
Parce que, dans la pratique, une victime, après avoir appelé le 1404, que devient-elle ? Existerait-il des structures collectives de prise en charge de l’individu pour lui permettre de se resocialiser ? Que deviennent les enfants du couple dont le père a été arrêté pour des faits de violence reconnus contre leur mère ? Sont-ils placés en foyer et pris en charge par l’Etat ? Quelle suite à donner à une employée limogée par son patron pour avoir dénoncé un outrage sexiste ?
Si ces questions ne trouvent aucune solution, alors, nous sommes en face d’une gouvernance désincarnée où des cabinets étrangers payés à prix d’or réfléchissent sur une société dont ils ignorent complètement l’histoire et la psychologie d’un peuple allègrement spolié chaque jour que Dieu fait.
En France par exemple, notre pays de référence, mieux gouverné que le Gabon, respectueux des droits de l’Homme, les violences peuvent prendre des formes très diverses : violences domestiques (coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide) ; harcèlement ou agression sexuelle (viol, avances sexuelles non désirées, harcèlement dans la rue, cyber-harcèlement) ; mariage précoce et forcé ; mutilation génitale féminine ; trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle) ; violences économiques, etc.
Pour prévenir et sanctionner ce phénomène, un important arsenal législatif s’est peu à peu mis en place. Une stratégie nationale de lutte contre les violences conjugales prévoit de : mieux prévenir ces violences ; protéger davantage les victimes et leurs enfants ; mettre en place un suivi et une prise en charge des auteurs de violences pour éviter la récidive.
A côté de la réponse pénale, des actions sont entreprises afin de repérer et prendre en charge les femmes victimes de violences.
Comme on le voit, avoir des institutions fortes plutôt que des hommes forts dans une République, cela réduirait, à coup sûr, les violences faites aux femmes à travers l’existence des structures collectives de prise en charge de l’individu. Ce qui est loin d’être le cas du Gabon, aujourd’hui : une République au village.
Vichanie Mamboundou
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