Visite officielle du chef de l’Etat à Londres : mais où est donc passé le protocole d’Etat !

Par Nicolas NDONG ESSONO / 28 mai 2021 / 0 commentaire(s)
Jean Valentin Leyama

Cherchant les nouvelles du ministre des Eaux et Forêts qui se trouvait à Londres, dont l’absence a suscité moult polémiques, l’opinion découvre, surprise, que le chef de l’Etat s’y trouvait également, « en visite de travail » ! Il est bien loin le temps où ce genre de déplacement était annoncé par un communiqué officiel de la direction générale du protocole d’Etat, invitant en même temps certaines personnalités à venir saluer le chef de l’Etat au salon d’honneur de l’aéroport, avant son départ.

Quant au contenu du séjour, on a vu le président de la République avec le prince Charles d’Angleterre, ce qui n’est pas tout à fait la première rencontre avec cette personnalité royale sans réels pouvoirs. Les déplacements du chef de l’Etat dans la capitale britannique ne constituent pas non plus un évènement. Ce n’est un secret pour personne que sa famille et lui y ont leurs habitudes, alternant voyages officiels et voyages privés. Sur ce plan, on peut dire que l’axe Libreville-Londres a supplanté les axes traditionnels de la présidence gabonaise, à savoir vers Paris ou Rabat.

En revanche, la particularité de ce dernier déplacement qui crée l’évènement c’était, sans conteste, la rencontre avec le Premier ministre britannique. Ce qui n’était pas arrivé, depuis l’avènement de l’Émergence, en 2009, sauf erreur de ma part, avec David Cameron (2010-2016) et Theresa May (2016-2019), les deux prédécesseurs du titulaire actuel du poste, Boris Johnson. Mais la portée de cet événement a été abondamment brouillée, que dis-je, ternie par la vidéo de l’arrivée physiquement laborieuse du chef de l’Etat au 10, Downing Street. Cet élément, devenu viral sur les réseaux sociaux, a eu des conséquences désastreuses sur l’image du chef de l’Etat et celle du pays.

Aurait-on pu l’éviter ? Je crois que oui. Non pas en censurant la vidéo. Car le 10 Downing Street, siège des bureaux et de la résidence du Premier ministre britannique, se situe dans un secteur hautement sécurisé. N’y sont admis à couvrir des évènements que des médias accrédités. On est à peu près certain que si ces images avaient été tournées par la presse présidentielle gabonaise, le coup de ciseaux serait passé avant diffusion.

On aurait pu épargner au chef de l’Etat cette séquence ubuesque si les services du Protocole gabonais avaient su négocier préalablement, avec les services du Premier ministre britannique, les modalités de l’arrivée du chef de l’Etat, qui tiennent compte de son handicap.

S’agissant précisément dudit handicap, consécutif à la survenance de l’AVC qui l’a frappé en octobre 2018, quoi dire ? Que c’est la vie. Tout simplement. Cela peut arriver à chacun d’entre nous. Valides aujourd’hui, invalides demain. Pourquoi vouloir forcer la nature ? Pourquoi ne pas s’assumer officiellement en s’imposant de se déplacer en fauteuil roulant ? Pourquoi s’entêter à vouloir démontrer à l’opinion qu’il a recouvré la plénitude de ses capacités physiques ?

J’ai vu certains thuriféraires professionnels oser la comparaison avec le président américain Franklin D. Roosevelt. Justement, ce dernier avait assumé son handicap au point où son image publique y était associée. En Algérie, l’ancien président Bouteflika a achevé son interminable règne sur un fauteuil roulant. Dans notre pays, nous avons des personnalités publiques qui assument leur handicap sans aucun complexe : Marc Ona Essangui, leader de la société civile, Jonathan Ntoutoume Ngome, enseignant à l’Université Omar Bongo (UOB), personnalité politique, ancien ministre du président Ali Bongo.

Par ailleurs, l’action de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba en appui à la mobilité des personnes handicapées moteurs ne vise-t-elle pas à en faire des citoyens comme les autres ?

 

La chronique de Jean Valentin Leyama

Article du 28 mai 2021 - 10:08am
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