Vivre ensemble : La rencontre entre Eyeghé Ndong et le chef de l’Etat en dessous des attentes.

Par Nicolas NDONG ESSONO / 14 juin 2021 / 0 commentaire(s)
Les Gabonais n'ont rien gagné dans la rencontre entre Jean Eyeghé Ndong et le président de la République.

Pour ne pas laisser libre cours aux supputations, qui allaient déjà bon train, Jean Eyeghé Ndong, qui s’y était d’abord refusé à sa sortie d’audience le 9 juin, a fini par révéler qu’il est allé se plaindre auprès du président de la République du non-paiement de sa pension d’ancien Premier ministre. Les Gabonais n’ont donc rien gagné dans cette rencontre qui aurait pu avoir une grande portée politique, en dehors du fait que l’opposant a implicitement reconnu l’autorité du chef de l’Etat, qu’il contestait depuis la présidentielle de 2016.  

Le mutisme de Jean Eyeghé Ndong après l’audience que lui a accordée le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a suscité la spéculation et la suspicion. D’aucuns ont vu la réconciliation dans cette rencontre entre deux éminents collaborateurs du défunt président Omar Bongo aux divergences profondes et connues de tout le monde. Les Gabonais ont encore en mémoire l’oraison funèbre du Premier ministre d’alors aux obsèques d’Omar Bongo, en juin 2009.

Cette hypothèse de la réconciliation était d’autant plus plausible que l’heure est au rassemblement des « fils spirituels d’Omar Bongo », dont René Ndemezo Obiang, le président du Conseil économique, social et environnemental, est le chantre. Soutien de l’opposant Jean Ping à la présidentielle de 2016, comme Jean Eyeghé Ndong, il a sabordé sa formation politique, Démocratie nouvelle, pour réintégrer le Parti démocratique gabonais (PDG) où il avait occupé les fonctions de secrétaire général adjoint. Un autre membre du gouvernement sous le deuxième président du Gabon, à savoir Frédéric Massavala Maboumba, un temps dans l’opposition, a regagné la maison du père, le PDG. La rumeur annonce d’autres retours remarquables.

La rencontre entre Jean Eyeghé Ndong et Ali Bongo Ondimba a également été vue comme un prélude à l’opération d’apaisement appelée « la paix des braves », à laquelle travaillent plusieurs acteurs politiques, de la majorité et de l’opposition. L’initiative colle à la personnalité de l’ancien Premier ministre, qui, tout en ayant le verbe haut, n’est pas un pyromane. Frère cadet de Léon Mba, le premier président du Gabon, Jean Eyeghé Ndong est instruit des idéaux des pères fondateurs.

Pour autant, l’ancien Premier ministre a tiré le débat par le bas, en allant poser des problèmes d’intendance au chef de l’Etat. Certes, il a droit à une pension liée à ses anciennes fonctions, mais réduire une rencontre au sommet à des questions strictement personnelles laisse un arrière-goût d’égoïsme, pour quelqu’un qui porte une cause commune, la crédibilité des élections politiques, depuis deux scrutins majeurs et à deux ans d’un autre.

Il n’échappe à personne que si les autres anciens Premiers ministres n’éprouvent aucune difficulté à jouir de leur statut, le sort fait à Jean Eyeghé Ndong est lié à son positionnement auprès de Jean Ping. Mais l’homme intelligent qu’il est avait-il épuisé toutes les voies de recours pour recouvrer ses droits hormis les correspondances adressées à ses successeurs, lesquelles demeurent sans suite ? Le juriste Eyeghé Ndong a-t-il saisi les juridictions de l’ordre administratif ? Et au-delà les juridictions supranationales ? Il n’en a pas fait état. Tout comme il n’a pas dit s’il a rencontré le chef de l’Etat avec l’aval de Jean Ping, aux côtés de qui il s’est affiché deux jours plus tard. Jean Ping conteste toujours la légitimité du chef de l’Etat.

A moins que l’ancien Premier ministre Jean Eyeghé Ndong n’ait pas tout révélé de son audience au palais présidentiel.

Brandy MAMBOUNDOU

Article du 14 juin 2021 - 10:47am
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