Gabon : La liberté de la presse ne serait qu’un mirage ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 03 mai 2024 / 0 commentaire(s)

 

Alors que le monde entier célèbrait la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai 2024, le Gabon se trouve à la croisée des chemins entre liberté et liberticide. Des réformes ont certes été faites ces dernières années et d’autres sont en cours de traitement pour améliorer le travail des journalistes dans un environnement souvent difficile, mais des défis importants subsistent, surtout en ce qui concerne la dépénalisation du délit de presse. 

 Si l’on compare la situation avec d’autres pays de la sous-région, le Gabon a effectivement réalisé un progrès notable en matière de liberté de la presse. 94ème, l’année dernière au rang mondial, la 56ème place de la presse gabonaise dans le dernier rapport 2024 de Reporters sans frontières atteste d’une évolution positive. Cette mutation concrète est notamment due aux efforts entrepris par les nouvelles autorités, sous la houlette du Président de Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Le projet d’augmentation de la subvention allouée aux médias de 127 à 500 millions de francs CFA, s’il est réalisé, serait un signe encourageant de la volonté de l’Etat de promouvoir une presse de qualité. Cette mesure devrait permettre aux médias de renforcer leurs capacités et de produire des contenus plus informatifs et plus diversifiés.

Aussi, après plusieurs combats, les journalistes ont pu obtenir la dépénalisation du délit de presse en 2018, malgré quelques îlots de résistance de quelques nostalgiques d’un passé à jeter dans les poubelles de l’histoire. Toujours est-il que depuis cette dépénalisation il n’y a pas, à ce jour, un journaliste en détention. Cependant, malgré ces progrès, des inquiétudes persistent quant à la situation de la liberté de la presse au Gabon. Les journalistes font toujours l’objet d’un harcèlement et d’une intimidation au quotidien. Certains parmi eux font encore l’objet de poursuites dans les unités de police et de gendarmerie, s’ils ne sont pas directement cités à comparaître devant les tribunaux.

À cela s’ajoute l’accès à l’information, ne fut-ce que pour recoupage pour avoir la véracité des faits. Un autre aléa, et des plus persistants, est l’autocensure. Les journalistes craignent souvent de s’exprimer librement par crainte de représailles. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de porter une critique, pourtant constructive, sur une action gouvernementale ou celle d’une institution. 

Avec les conclusions du dialogue national inclusif du mois d’avril dernier, dont la finalité sera la révision de l’ensemble des les textes législatifs et autres codes (pénal, civil, commercial et autres), les acteurs de la communication et de l’information, soucieux d’un meilleur environnement, souhaiteraient prendre une part active dans la réalisation de ces textes finaux pour prétendre à une liberté d’expression dans le fond et dans la forme.

Pour rappel, la Journée internationale de la liberté de la presse a été instaurée par l’Assemblée générale des Nations-Unies en décembre 1993, après la tenue d’un séminaire à Windhoek (Namibie), en 1991, dont le thème était : « le développement d’une presse africaine indépendante et pluraliste ».

Elzo Mvoula

Article du 3 mai 2024 - 11:17pm
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