Education/Modification du calendrier scolaire par la tutelle

Par Brandy MAMBOUNDOU / 15 déc 2021 / 0 commentaire(s)

Trois questions à Joël Nziengui, délégué national administratif
adjoint de la Conasysed

« Je pense que la grève fait des dégâts. Elle est très largement suivie. Pas à  20 % ! »

Gabonclic.info : Le ministre de l'Éducation nationale vient, par le billet de son secrétaire général d'anticiper les vacances scolaires de fin du 1er trimestre prévu normalement pour le 17 décembre prochain. Qu’en dites-vous ?

Joël Nziengui : Je tiens tout d'abord à vous remercier pour l'intérêt que vous portez à la Convention nationale des syndicats secteur éducation (Conasysed) qui est actuellement en grève générale illimitée, et qui mène ce combat noble en coalition avec le Syndicat de l'éducation nationale (Sena).

Pour répondre à votre question, je dirais que nous avons effectivement suivi la communication lue par le secrétaire général du ministère de l'Éducation nationale dévoilant la modification du calendrier scolaire. Ces changements ne nous surprennent pas du tout. Nous sommes bel et bien au Gabon, un pays spécial, un pays d'invention, un pays où tout est foulé aux pieds. Où l’on se lève un bon matin en mettant en exécution ce qui nous traverse l'esprit, sans réfléchir aux conséquences, sans avoir égard aux dégâts que cela peut causer chez les uns et chez les autres. Nous sommes dans un pays plein de malice. Un jour au musée, on joue au plus malin, où on se dérobe de nos responsabilités. On dit bien que gouverner c'est prévoir. Mais en tant que gouvernant, lorsqu'on est incapable d'apporter des solutions idoines aux problèmes soulevés par les populations que l’on dirige, on use alors de toutes les stratégies, de tous les stratagèmes possibles pour ne pas faire face à la réalité. On est obligé de passer par la force.

Cette modification ne vient-elle pas là, de révéler l'impact de la grève dans la sphère éducation au Gabon tant réfuté jusqu'ici par la tutelle ?

Personnellement, je pense que ce changement de date est dû au fait que le ministère de l'Éducation nationale ne veut pas reconnaître l'effectivité de la grève. Je pense que la grève fait des dégâts. Elle est suivie à plus de 20 % contrairement à ce qu’affirme le gouvernement. Parce que si ce n'était qu’à 20 %, est-ce que ça susciterait déjà la mise sur bons de caisse des enseignants ? Est-ce que ça susciterait les menaces jusqu'à la radiation comme la dernière fois par la communication du conseiller technique du ministre de l'Éducation nationale ? Est-ce que ça provoquerait même une rentrée des classes pour le deuxième trimestre, précédé par une rentrée administrative ? Chose inédite au Gabon. On n'a jamais assisté à une reprise des classes pour le compte du 2e trimestre qui soit précédée par une rentrée administrative. Puisque le communiqué de vendredi a souligné que le 3 janvier, ce sera la rentrée administrative. Et le 10 janvier, ce sera la rentrée pédagogique. C'est-à-dire, la reprise des cours. Alors, cette semaine de flottement va servira à quoi ?

Pour ma part, je pense qu’en réalité, la grève des syndicats (Conasysed-Sena) fait des dégâts. Mais vu que le gouvernement est incapable de satisfaire les enseignants, il est obligé d'user de toutes les méthodes peu orthodoxes pour pouvoir étouffer le mouvement de grève.

Ils ont usé de la dernière carte qui est celle de la suspension des salaires. N'ayant plus rien à brandir pour intimider, on parle maintenant de radiation. On ne peut pas radier un fonctionnaire comme si de rien était. Il y a toute une procédure. Ils savent que s'ils en arrivent là, ils auront à beaucoup dépenser, parce que nous allons porter plainte au Conseil d’État. Sans exclure les dédommagements. Ne pouvant rien, ils font dans la menace. Ils craignent aussi la journée du 15 décembre qui a été décrétée ville morte.

Votre mot de fin.

Pendant la semaine qui est en flottement, le gouvernement voudrait sûrement observer la réaction des syndicats en grève. Sauf si entre-temps, il y a des négociations qui ont lieu. Où s’il y a des solutions qui sont apportées. Mais ça m'étonnerait car, s'ils avaient l'intention d'apporter des solutions pendant ce temps de flottement, il ne proposerait pas une rentrée administrative. Ce qui n'a jamais existé dans l'histoire du calendrier scolaire au Gabon. Je pense que cette semaine de flottement qui ira du 03 au 10 janvier 2022 sera une période d'observation de leur part. Ils voudraient savoir si les enseignants iront à l'école. Pour ma part, je crois que le gouvernement est aux abois.

Je vous remercie

Propos recueillis par Elzo MVOULA

 

Article du 15 décembre 2021 - 11:28pm
Article vu "en cours dév"

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