Guinée Conakry : Mamady Doumbouya en champion de la réconciliation nationale

Par Brandy MAMBOUNDOU / 29 déc 2021 / 0 commentaire(s)
Un militaire qui rassure, chaque jour que Dieu fait, ses compatriotes.

Le chef de la transition militaire en Guinée a permis aux anciens dirigeants Dadis Camara et Sékouba Konaté de revenir dans leur pays après plus d’une décennie d’exil. Un acte fort d’apaisement qui rend crédible sa volonté d’unité nationale, en même temps qu’un camouflet pour ses pairs, enfermés dans la haine et la rancune de leurs compatriotes. Mieux, ce musulman pratiquant a assisté à la messe de Noël. C’est dire…

C’est sans doute l’un des événements de cette fin d’année en Afrique, un agréable coup de théâtre et même une surprise providentielle accordée au peuple guinéen. Samedi 25 décembre 2021, le Colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte militaire assurant la transition du pouvoir en Guinée, a reçu au palais présidentiel deux anciens présidents de la République. En exil depuis plus de dix ans, Moussa Dadis Camara, numéro un guinéen de décembre 2008 à janvier 2010, et son successeur Sékouba Konaté (janvier à décembre 2010), ont ainsi pu fouler à nouveau le sol natal. Ce gage d’apaisement, impensable jusque-là, traduit la volonté du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD) d’unir toutes les énergies pour la reconstruction du pays.

Comme l’a affirmé un journaliste local, « les Guinéens savent sauver l’essentiel à chaque étape décisive de leur marche historique ». Et cela est d’autant plus vrai – au grand déshonneur des rancuniers de tout poil qui dirigent en Afrique – que le Colonel Mamady Doumbouya a choisi la période symbolique de Noël pour donner un nouvel élan au destin de son pays. En effet, à l’heure où l’on célèbre la naissance du divin enfant, les retrouvailles des trois dirigeants autour de la bannière rouge/jaune/vert – en compagnie de leurs épouses, des leaders des confessions religieuses et de hauts gradés militaires – scellent la renaissance nationale. Plutôt rassurant, dans un contexte de bourgeonnement inquiétant de transitions militaires ces derniers temps, que ce soit au Mali (Colonel Assimi Goïta), au Tchad (Mahamat Idriss déby) ou au Soudan (Général Abdel Fattah al-Burhane).

Le rancunier Ali Bongo ringardisé 

Faut-il que des militaires s’emparent du pouvoir pour que les dirigeants africains comprennent que l’exclusion, la haine et la division sont de fatales erreurs ? Est-il besoin de renverser l’ordre constitutionnel pour s’apercevoir que l’unité nationale est la condition sine qua non pour le développement des nations ? S’il est prématuré, voire aventureux de couvrir d’éloges le jeune dirigeant de Conakry, on lui fera crédit – au moins – d’avoir su discerner le lien intime et imprescriptible entre dialogue, réconciliation et fonctionnement régulier de l’Etat en vue de sa prospérité. Ainsi, malgré les frasques de Dadis Camara, en dépit de tout ce que l’on peut reprocher à Sékouba Konaté, ils n’auront pas été bannis à perpétuité.

Cette leçon administrée par un jeune dirigeant à l’idéal social aussi affirmé que ses convictions militaires ringardise ses aînés, notamment le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo. Dans un pays dont quelques secousses postélectorales n’ont en rien entamé l’ADN pacifique du peuple gabonais, on ne comprend pas bien sur quels motifs le mari de Sylvia Bongo se fonde pour laisser croupir en exil des compatriotes qui ont eu pour seul tort de dénoncer les lubies en cascade, les incohérences manifestes et l’improductivité flagrante de sa gouvernance. Quel est donc le crime commis par Jean-Pierre Lemboumba-Lépandou, Alfred Nguia Banda, Séraphin Moundounga, Alfred Mabika, Charles Mba, etc., empêchés de rentrer et circuler librement chez eux ?

Noblesse d’âme d’un chef

Avec ce qui vient de se passer en Guinée-Conakry, tout s’éclaire sur la situation du Gabon. Le Colonel Mamady Doumbouya vient de montrer que son amour pour sa patrie lui a fait comprendre le drame intérieur et la souffrance psychologique de ses compatriotes contraints à l’exil. Un président qui aime le pays où il est né et pour le développement duquel il œuvre, sachant qu’aucune autre terre ne fera son bonheur, cultive nécessairement la fraternité avec ses concitoyens, en dépit des divergences et même des inimitiés. Le chef du CNRD n’a nullement eu besoin pour saisir cela, qu’un Guy Christian Mavioga – paix à son âme ! –, Georges Mpaga, Bruno Ngoussi ou Louis-Gaston Mayila le lui murmurent à l’oreille. Déterrer la hache de guerre pour permettre l’unité de la nation, c’est si simple et bien plus rentable que les ressentiments perpétuels qui racornissent la noblesse d’âme qu’on attend d’un leader. 

Ali Bongo peut tout faire, se rouler par terre, se fâcher avec qui il veut, comme il le souhaite, limoger des postes ses compatriotes…il doit cependant comprendre une chose : dans l’histoire du monde, on n’a jamais rendu hommage à un président de la République après sa mort ou le féliciter de son vivant en reconnaissance de sa violence, de son mépris pour les autres au bonheur et à la dignité, de son arrogance à tout vouloir pour lui, de son insensibilité à la détresse humaine…bien au contraire, l’exercice du pouvoir est fait pour servir les autres et non les dominer.

Pour tout dire, aujourd’hui, Mamady Doumbouya se positionne en champion de la réconciliation nationale en Guinée Conakry.

Vichanie MAMBOUNDOU

Article du 29 décembre 2021 - 11:26am
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