Burkina Faso : Blaise Compaoré, de héro à zéro

Par Brandy MAMBOUNDOU / 15 mai 2024 / 0 commentaire(s)

 

Comme plusieurs putschistes sur le continent, Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir au Burkina Faso, en 1987, après un bain de sang dont la première et principale victime a été son frère d’arme et ami de longue date, Thomas Sankara, alors président en exercice. Dès sa prise de pouvoir, dans un climat mitigé, Blaise Compaoré a suscité une lueur d’espoir pour certains et une déception pour d'autres. La population du « Pays des hommes intègres » a tout de même cru en ce soldat dont la volonté était de changer manifestement les choses et de hisser le pays vers un avenir meilleur. Mais, après plus de deux décennies, la gabegie ponctuée par une gouvernance aléatoire et la soif du pouvoir personnel ont fini par corrompre cette volonté, qui l’a finalement conduit à la chute. 

Chef d’État aussi discret qu’insondable, le doyen des dirigeants ouest-africains de l’époque s’est longtemps posé en garant de la stabilité, non seulement dans son pays mais aussi dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Mais ses actions étaient toujours contraires à la notabilité qu’il voulait se donner. Après avoir, pendant des années, traîné l’image d’un putschiste boutefeu, toujours prompt à choyer tout ce que la sous-région comptait de rebelles (Charles Taylor au Liberia, en sierra Léone et avec Guillaume Soro en Côte d’Ivoire), Blaise Compaoré n’a guère pu se forger au fil des ans une stature d’homme de paix qu’il a voulu être ou se faire passer.

Malgré deux septennats (1992-2005) puis deux quinquennats (2005-2015), il avait souhaité se maintenir à la tête du Burkina Faso, par la révision de la Constitution, après la fin de son mandat en décembre 2015. C’est cette volonté de s’accrocher au pouvoir a finalement eu raison de son régime en suscitant l’ire des partis de l’opposition, des syndicats, d’une grande partie de la société civile et surtout de la jeunesse de ce pays où plus de 60 % des 17 millions d’habitants ont moins de 25 ans.

Fait rare au Burkina Faso, plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées, le 28 octobre, dans les rues de la capitale, Ouagadougou, pour demander au régime de renoncer à son projet. Blaise Compaoré, le médiateur autoproclamé des crises en Afrique de l’Ouest, n’a pas résisté au vent de la révolte qui a emporté son régime. Il a dû démissionner au terme de 27 ans passés à la tête du Burkina Faso. 

L’histoire retiendra que ce n’est pas la prise de pouvoir pour le pouvoir qui fait un homme d’Etat, mais bien la finalité et l’usage que l’on fait de ce pouvoir. L’instauration d’une véritable démocratie, un véritable modèle électoral et la liberté d’expression sont aujourd’hui une règle que tout gouvernant (putschiste ou élu) doit observer pour, à la fin, inscrire son nom dans la mémoire collective de ses concitoyens. Mandela aurait pu bien faire autant de mandats selon son bon vouloir, mais il a su quitter les choses dans l’estime totale du monde entier.

Brandy Mamboundou

 

 

Article du 15 mai 2024 - 12:23am
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