Gabon : L’après Jean boniface Assélé a-t-il sonné au CLR ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 06 jan 2022 / 0 commentaire(s)
Jean Boniface Assélé.

Après la tempête qui a manqué d’emporter le Centre des libéraux réformateurs, en fin d’année 2021, révélant au passage les faiblesses et clivages qui divisent insidieusement cette formation politique, l’heure est actuellement à la méditation. Que deviendra le CLR après son fondateur ? Mieux : le CLR peut-il survivre à Ontintin ? 

Les mois de novembre et décembre derniers ont été très mouvementés au Centre des libéraux réformateurs (CLR). Pour cause : un certain conflit des compétences né de la mauvaise compréhension des dispositions hiérarchiques ont opposé le président fondateur Jean Boniface Assélé à l’un (la précision est de taille) des 200ème et plus enfants de « tonton Associé », Nicole Assélé, nommée déléguée générale au cours d’un congrès extraordinaire tenu en septembre 2019.

Sans remuer le couteau dans la plaie, il convient tout de même de retenir qu’aussitôt nommée à ce poste de déléguée générale, Nicole Assélé, excitée par un groupe de nouveaux adhérents au CLR, a voulu bouleverser toute l’organisation du parti. Ne considérant plus que ce que son groupe de laudateurs lui conseillait, elle s’est attelée à balayer d’un revers de la main toutes les dispositions statutaires du parti en ne considérant que les membres de son groupe. Ceux-ci n’ayant pas encore démontré leur capacité à mener la politique du parti, se sont trouvés confronter au refus catégorique des anciens militants de se laisser éloigner des centres de décisions.

Cette dénégation de la vieille garde s’est aussitôt rapprochée du président fondateur Jean Boniface Assélé, qui perdait, au fil du temps, tout contrôle sur sa formation politique. Désormais relégué à un simple rôle symbolique de « président du conseil politique », une instance totalement vide de tout pouvoir sur la marche du parti, le général à la retraite se voyait insidieusement écarter des affaires de sa formation politique. Nicole Assélé ne dissimulant plus son appropriation du CLR, déclarait, outrageusement dans les médias son leadership politique. Ce qui n’a point eu l’heur de plaire au président fondateur qui estimait, à juste titre, qu’il n’avait encore point abdiqué dans la conduite des affaires de sa formation politique. Un bras de fer est alors engagé entre le père et la fille, allant jusqu’à la contrefaction de certains actes, dont le père s’est fortement offusqué, pour tenter de faire main basse sur la direction totale du parti.

Qui succédera à Jean Boniface Assélé ?

La sérénité retrouvée après un arbitrage en famille, une question se pose désormais aux militants et sympathisants du CLR : qui succédera à Jean Boniface Assélé ? Car, le général étant un humain, donc susceptible de ressentir le besoin de se retirer, même partiellement, des affaires politiques, le Centre des libéraux réformateurs devrait pouvoir poursuivre naturellement son impulsion. Mais qui sera assez aguerri pour succéder à celui qui a amené le parti à ce haut niveau où il est actuellement ?

La question vaut son pesant d’or, d’autant plus que les cartes de Nicole semblent totalement grillées du fait d’avoir mené dès son arrivée, selon la majorité des militants du parti, une politique d’exclusion. Et en cela, elle s’est mis à dos ceux qui sont susceptibles de charrier le parti vers des lendemains meilleurs. Ses complimenteurs et autres suiveurs n’ayant que pour seul objectif de faire le vide autour d’elle, comptant, ni plus ni moins sur ses relations pour éventuellement se hisser dans l’administration publique. Car même les militants proches du général Assélé qui faisaient partie de son « directoire parallèle » ne croyaient guère à un certain dynamisme porteur de résultat probant dans l’évolution du parti. Mais c’est connu : « On ne refuse pas un appel, mais l’objet de l’appel ». Ces hiérarques du parti siégeaient de ce fait à ce directoire sans aucune conviction.

La question reste donc posée : qui pourra succéder à Jean Boniface Assélé ? Une chose est pourtant certaine : le président fondateur du CLR, depuis la création du parti avait tenu à faire le distinguo entre la famille et la politique. Si cette pratique ne met pas totalement le CLR à l’abri du « virus » de l’effondrement des formations politiques après la disparition de leurs fondateurs, plusieurs hypothèses restent alors posées. Car dans le cas spécifique du Centre des libéraux réformateurs, aucune tête ne semble émerger pour une éventuelle continuation de l’œuvre politique du général à la retraite.

Certes, Nicole Assélé pourrait bien faire l’affaire, si sa précipitation à bouleverser les instances existantes ne militait pas en sa défaveur. Car, s’est connu : « Le vrai politique est celui qui joue bien et qui gagne à la longue ». Et c’est vraiment dommage que Nicole Assélé ne l’ait pas compris à temps. Elle s’est plutôt attaché les services de certains néophytes qui croyaient avoir trouvé un terrain qu’ils pourraient exploiter pour se servir et pourquoi pas, se hisser dans la société. C’est ce que le père a certainement vite décelé pour mettre sa fille à l’abri de certains encenseurs sans vergogne. Et pour parer à toute mauvaise éventualité, le président fondateur du CLR a tout intérêt à préparer un dauphin capable de continuer l’œuvre entamée il y a une trentaine d’années.

Nicolas NDONG ESSONO

Article du 6 janvier 2022 - 12:31pm
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