Gabon/Anniversaire du décès d’Omar Bongo Ondimba : Mgr Jean Patrick Iba-Ba refuse une messe de requiem à l’illustre défunt

Par Brandy MAMBOUNDOU / 07 juin 2024 / 0 commentaire(s)
Mgr Jean Patrick Iba-Ba, archevêque du diocèse de Libreville.

Le deuxième président de la République gabonaise s’est éteint, on se le rappelle, le 8 juin 2009, à Barcelone (Espagne). La nation entière, unie comme un seul homme, avait rendu un vibrant hommage et un culte œcuménique avait été célébré en ferveur pour le repos éternel de son âme. Et chaque année une messe en sa mémoire est célébrée en la cathédrale Sainte-Marie de Libreville. Pour ce quinzième anniversaire de triste mémoire, qui aura lieu le 9 juin prochain, les hautes autorités nationales ainsi que la famille de l’illustre disparu, sans oublier plusieurs personnalités et autres anonymes du Gabon, voudraient se remémorer et s’unir dans une pensée pieuse à la mémoire de celui qui aura conduit aux destinées du pays pendant près d’un demi-siècle durant. 

Une messe de requiem étant l’occasion propice pour une pareille cérémonie mémorielle, une demande en bonne et due forme a été adressée à l’archevêché de Libreville pour ce faire. A la surprise générale, une fin de non-recevoir aurait été la réponse de Mgr Jean Patrick Iba-Ba, au motif que le défunt était musulman. A beau cogiter et retourner la question dans tous les sens, aucune explication valable ne semble guère satisfaisante au refus du prélat qui de plus en plus détonne par ses comportements ambigus pour ne pas dire plus. Premièrement, l'Église catholique, qui se définit comme la mère de toutes les tendances chrétiennes, se veut aussi un creuset de miséricorde. C’est pour cette raison que des aumôniers, choisis par l'Église, catholique ou autres, suivent les militaires en guerre, afin de prier sur le corps des victimes, sans distinction de religion, avant leur mise en terre. Et en matière de bienfaisance, l’Eglise catholique se vante d’être la mère de la Charité.

Pour revenir à la qualité du disparu pour lequel un culte d’action de grâce est demandé chaque année par la famille, dont la majorité est chrétienne, et sans que cela ait posé le moindre problème, Mgr Iba-Ba devrait se rappeler que l’ancien président de la République, en tant que chef de toutes les communautés, n’avait jamais préféré une religion à une autre au Gabon. Et d’ailleurs, sous son égide, plusieurs différends ont été aplanis dans cette même église comme dans d'autres. Il apparaît donc aujourd’hui que l’Eglise catholique soit aussi oublieuse pour tourner le dos à celui qui avait été toujours à son écoute et prompt à satisfaire ses doléances. 

Il faut surtout rappeler que le président Omar Bongo, avant de rejoindre les disciples de Mahomet, avait été un chrétien catholique. Et l’on sait qu'il n'y a aucune différence entre le Dieu des catholiques et celui des musulmans, deux religions qui jusqu'ici cohabitent en parfaite harmonie dans notre pays. Pour cette même raison, l’Eglise catholique devrait reconnaître le défunt Albert Bernard Bongo comme sa brebis, tout en se référant au retour de l’enfant prodigue dans la maison de son père. Jésus Christ, étant le pardon personnifié, n’avait jamais rejeté quiconque venait à lui. Sauf mauvaise foi et autres considérations du même genre, il est difficilement acceptable qu’un prélat de la dignité de l’archevêque métropolitain de Libreville en arrive à un tel extrémisme. Mgr Iba-Ba devrait se rappeler les Sainte Ecritures qui déclarent : « Il faut aimer Dieu de toute son âme, de toute sa force et de toute sa pensée ». Et le Christ avait dit à ses apôtres qu’ils ne peuvent point se vanter d’aimer Dieu sans aimer son prochain. Mgr Iba-ba doit retenir que Jésus-Christ a fait de lui un pêcheur d’âmes qui doit réconcilier les âmes. L’archevêque métropolitain de Libreville devrait aussi regarder à la qualité de l’homme qu’a été Omar Bongo Ondimba avant de refuser un culte en sa mémoire, sinon, le pardon et la miséricorde enseignés dans les églises ne sont que des mystifications et de simples artifices.

Mgr Iba-Ba dont la famille vient du Sénégal, sait qu’au pays de la Teranga la majorité musulmane vit en parfaite harmonie avec la minorité catholique. Et que l'on a souvent aperçu l'ex-président Abdou Diouf, musulman, aux côtés de son épouse Élisabeth, catholique, à certaines messes célébrées à la cathédrale de Dakar.

L'archevêque de Libreville en se comportant ainsi serait-il contre le dialogue interreligieux qui permet des relations positives entre les différentes religions du Gabon ? Ce dialogue culturel prôné par ses prédécesseurs à ce poste prestigieux de l'église gabonaise, qui a permis jusque-là le partage des expériences spirituelles au service de l'intérêt des différentes communautés religieuses et des Gabonais dans leur ensemble ? 

Enfin disons pour conclure, que la décision de Mgr Iba-Ba de refuser à ce que la messe anniversaire du décès d’Omar Bongo Ondimba se déroule en la cathédrale Sainte-Marie de Libreville (aux dernières nouvelles cette messe de requiem pourrait être célébrée en la cathédrale Saint-Hilaire de Franceville) ne devrait étonner personne. Président du Dialogue national inclusif (CNI), en tant qu'autorité morale religieuse, Mgr Iba-Ba n'a pas pipé mot sur la question de l'identité nationale, qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, simplement parce qu'elle porte en elle les germes de la division et de la fracture la nation gabonaise. A partir de ce moment, il n'est plus qualifié pour jouer le rôle de la mission pastorale qui lui est dévolue.

Elzo Mvoula

Article du 7 juin 2024 - 5:51pm
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