Sénégal : Macky Sall résiste et l’Opposition pousse
Sauf événement improbable, l’actuel chef de l’Etat du pays de la Teranga passe ses derniers instants au pouvoir. Sans le savoir probablement et sans le vouloir certainement, il devient une tragédie pour cette Nation qui a décidé, depuis la nuit des temps, d’inscrire l’alternance au sommet du pays sur le marbre.
Depuis la première semaine de février dernier, le Sénégal est en proie au syndrome de troisième mandat, même si l’actuel chef de l’Etat s’en défend, préférant évoquer un report sine die de l’élection. Sa tentative de demeurer au pouvoir après la date constitutionnelle a ravivé la vigueur d’une opposition qui est prête à en découdre jusqu’au départ de Macky du Palais de la République. En effet, lors de sa dernière sortie médiatique, Macky Sall a fait allusion à une possible vacance du pouvoir. « Le Conseil constitutionnel décidera de celui qui sera président de la République après le 2 avril », faisant ainsi l’allégorie d’une possibilité d’amener le Conseil constitutionnel à nommer, après son retrait réglementaire, le président de l’Assemblée pour assurer une transition en attendant l’élection présidentielle.
Mais depuis le 1er mars, cette éventualité est balayée du revers de la main par les partis politiques qui s’organisent pour que les élections se tiennent avant le 2 avril. Même s’il avait déclaré, le 22 février dernier : « Le 2 avril ma mission à la tête du Sénégal prend fin. Je voudrais que ce débat prenne fin », la « bonne volonté » de l’actuel chef de l’Etat sénégalais est fortement mise en doute. Car, comme l’indiquent les soutiens de Bassirou Diomaye Faye, le candidat désigné par Ousmane Sonko, rien n’empêchait Macky Sall à fixer une date pour les élections. Son mutisme sur ce point a été jugé scélérat et personne ne veut se laisser abuser. C’est pourquoi la coalition « Diomaye Président » dans un communiqué largement diffusé sur les réseaux sociaux « appelle le peuple sénégalais à se mobiliser massivement pour répondre à l’appel du front FIPPU afin d’exiger la tenue de l’élection présidentielle avant le 2 avril 2024 ». Un appel qui a eu également un écho auprès des militants des autres partis proches de l’opposition à Macky Sall.
Sachant qu’au Sénégal les manifestations, même les plus pacifiques, se terminent toujours dans un bain de sang, les responsables politiques de « Diomaye Président », mettent en garde contre toutes les provocations que ne manqueront pas de susciter les soutiens de Macky Sall. Une astuce bien huilée, qui pourrait permettre à Macky d’évoquer une certaine instabilité du pays pour demeurer sur le fauteuil présidentiel. C’est pourquoi le communiqué de « Diomaye Président » insiste : « Aucune violence, ni verbale ni physique entre nous. C’est cela le mot d’ordre et c’est cela l’antidote au poison de ceux qui souhaitent notre échec », soulignent les leaders de la coalition.
A l’évidence, scannant l’histoire des successions à la tête de l’Etat sénégalais depuis Abdou Diouf, Macky Sall devrait comprendre que l’heure de plier bagage à sonner. Penser le contraire relève d’une erreur monumentale.
Elzo Mvoula
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