Affaiblissement de la République, éloge au repli identitaire : un puissant déni validé chaque jour par les politiques

Par Brandy MAMBOUNDOU / 18 nov 2021 / 0 commentaire(s)
Mapangou et Manf 10 devraient lutter pour l'avènement de la république.

La menace plane, mais le mot est devenu tabou. Comme si, pour notre classe politique, évoquer le repli identitaire, attirait le mauvais œil. Et pourtant, il y a manifestement péril en la demeure.

Dans plusieurs sociétés de la planète Terre, les enfants adorent jouer à « ni oui ni non ». Les politiques, eux, probablement au nom d’un dangereux clientélisme, ne sont pas dans une séquence ludique avec les actes de repli identitaire. Toutefois, ils semblent décidés à tenir un défi sémantique audacieux : toujours se draper derrière la nécessaire unité régionale pour se donner les allures d’un rassembleur, d’un incontournable.

Un exemple parmi tant d’autres, Manf10, le très célèbre ancien directeur général du Budget, a posté sur sa page Facebook, une photo où il pose avec Guy Bertrand Mapangou. Les deux hommes sont natifs de la Ngounié, le premier est de Ndendé, le second de Fougamou. Anciens ministres d’Ali Bongo, ils ont tous été virés et cherchent désormais à rebondir, par tous les moyens. La Ngounié forte peut-elle leur servir de bouée de sauvetage face à un Biendi Maganga Moussavou qui aurait pignon sur rue juste à côté de la résidence privée d’Ali Bongo à la Sablière ?

Yves Fernand Manfoumbi a écrit sur sa page, photo à l’appui : « Hier soir, à Libreville, à la faveur d’une rencontre aux allures familiales, j’ai longuement échangé avec Guy Bertrand Mapangou, homme politique de la Ngounié, sur la nécessité de faire renaître la communion sacrée entre les filles et les fils de notre belle province ».

Une déclaration à consonance tribaliste, voire régionaliste qui appelle des questionnements. L’union sacrée des fils de la Ngounié aurait quelle finalité et contre qui ? Admettons que dans toutes les provinces du Gabon, il était pris de telles initiatives d’union sacrée, quelle place ferait-on à la République ?

Il en fut toujours ainsi dans ce pays, avec des associations à caractère ethnique, autant que certains partis politiques. Sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, Omar Bongo et Ali Bongo ont échoué. Les PDGistes sont toujours renvoyés à leurs identités provinciales, chacun s’y engouffrant pour défendre la politique du distingué camarade. L’ancien directeur du Budget écrit en effet : « Par cette ambition partagée, nous appuyons fermement la vision politique du Distingué Camarade Président, Ali Bongo Ondimba, qui ne s’est jamais éloignée des valeurs de dialogue, de tolérance et de paix, devise de notre Parti ». Nul besoin d’être un grand clerc pour comprendre les subtilités du langage de Manf10. Député de Ndendé, l’homme veut revenir aux devants de la scène. Sauf que dans la Ngounié, Ali Bongo aurait déjà jeté son dévolu sur le fils de Maganga Moussavou. A Mouila, c’est lui l’ami du Distingué Camarade qui a coiffé au poteau même le professeur Léon N’zouba.

« Ngounié forte » et défense de la politique du Distingué Camarade, c’est la problématique que « J’aime Oyem » quand on n’est pas maire. Que l’on y pose le soupçon de repli identitaire, c’est évident. Car contre qui ou contre quoi s’érige cette Ngounié forte ? S’agirait-il de la promesse des fils de la Ngounié de se retrouver en communauté ? Un acte de reconnaissance de la politique de régionalisme de Pierre-Claver Maganga Moussavou. A cette allure, il sera difficile de vaincre les fils du Haut-Ogooué qui ont déjà le président de la République pour eux. On taira les autres présidents de la Cour constitutionnelle et tant de patrons à la Garde républicaine ! Il sera aussi difficile de vaincre l’Estuaire forte avec le Premier ministre et autres patrons de l’administration publique ! Tout ceci est à l’origine du népotisme manifeste de certains hommes politiques tels que Daniel Ona Ondo, l’actuel président de la Commission de la Cémac, qui a récemment nommé sa propre fille représentante résidente de l’institution sous-régionale à Libreville. Parce que, après les provinces fortes, ce seront les familles fortes. Et on ne s’étonnera plus qu’Ali Bongo nomme son fils Noureddin Bongo ici ou là, et que Madeleine Berre soit pistonnée au gouvernement, etc.

Non Manf10, il faut une République forte, pas des provinces fortes, à moins que l’on ajoute à moudre dans le moulin de Pierre-Claver Maganga Moussavou, chantre patenté de la provincialisation !

A la vérité, Guy Bertrand Mapangou et Yves Fernand Manfoumbi ont échoué à servir la République, ils se sont servis plutôt d’Ali Bongo pour améliorer leur niveau social. Le reste, ce n’est rien d’autre qu’une obsession de revenir aux affaires.

Nicolas NDONG ESSONO

Article du 18 novembre 2021 - 7:34pm
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