François Epouta, le conseiller spécial du président de la République, directeur du protocole d’Etat est accusé par certains anciens prestataires de la fête nationale du Gabon d’avoir fait la part belle à ses deux sociétés, Franstel et Evènementiel dans l’attribution de tous les marchés y relatifs. Illustrant ainsi le mélange des genres chez des membres du Palais présidentiel, convertis en affairistes.

Mise en place pour la gestion exclusive de toutes les manifestations de notre fête nationale, le 17 août de chaque année, Gabon Indépendance est devenue, au fil des ans, l’ombre d’elle-même, selon plusieurs témoignages. Toutes ses attributions seraient finalement revenues, depuis 2019, à Franstel et Evénementiel. À en croire certains prestataires de cet évènement à l’époque, qui y tiraient la plus grande partie de leurs revenus annuels, leur bourreau possède un nom et un visage : François Epouta. Au Gabon, ce dernier n’est pas n’importe qui. Il fait partie des privilégiés des privilégiés de la République à qui, manifestement, le Gabon offre tout ou presque.

François Epouta est le promoteur de Franstel et Evènementiel, deux mastodontes et florissantes sociétés spécialisées dans l’organisation des événements. Il est, accessoirement ou principalement, c’est selon, le conseiller spécial du président de la République, directeur du protocole d’Etat. À ce titre, et seulement à ce titre, selon la clameur populaire, il est intouchable et personne n’oserait le contredire, au risque de se faire virer de son poste ou se retrouver en prison. C’est dire !

Le président du Comité permanent de Gabon Indépendance

Si tel n’était pas le cas, s’interrogent plusieurs observateurs de la vie publique au Gabon, pourquoi Pascal Yama Lendoye, le président du Comité permanent de Gabon Indépendance, resterait-il aphone face à l’usurpation par un tiers, fut-il proche d’Ali Bongo, de ses prérogatives régaliennes ? Marchant sur des charbons ardents et transi de peur, l’ancien gouverneur de l’Ogooué-Lolo et du Moyen-Ogooué esquive le sujet, même avec ses collaborateurs. Lesquels ont le sentiment de ne servir à rien. Du côté des prestataires de cette manifestation de l’époque, on ne se montre pas plus loquaces.

Transi de peur, Yama Lendoye, le responsable de Gabon Indépendance, garde le silence.

« Ce Gabon-là, fait observer un ancien prestataire, devrait être le bien de tout le monde. Mais avec l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir en 2009, il est la poule aux œufs d’or pour certains. Vous voyez, même pour s’exprimer sur un sujet aussi crucial, nous avons peur de la réaction de François Epouta qui risque de nous jeter en prison, fort de sa position aux côtés d’Ali Bongo. Alors que nous aurions voulu que le partage devienne un hymne commun, hélas, trois fois hélas, rien de tout ça ! Au Cameroun, un pays où le président fait emprisonner certains membres de la présidence de la République, un proche de Paul Biya agirait-il ainsi ? »

Les Gabonais connaitront-ils un jour la réalité de sa gestion ?

Avec tant d’opacité autour de Gabon Indépendance, les Gabonais connaitront-ils un jour la réalité de sa gestion ? Approché, aucun proche de François Epouta, salarié à Franstel ou Evènementiel, n’a voulu répondre à nos questions ou nous mettre en contact avec le conseiller spécial du président de la République, directeur du protocole d’Etat.

Cela dit, cette affaire illustre dangereusement la faillite de la construction de notre Etat-Nation dépourvu de la ligne rouge à ne pas franchir en matière de gestion des affaires publiques. Ce genre d’agissements provoque des frustrations, pousse au découragement et suscite le sentiment de ne servir à rien de la part de nombreux compatriotes employés à Gabon Indépendance. Et pourtant, en appliquant quelques règles basiques de partage, François Epouta, du haut de ses puissantes fonctions, pouvait aussi jeter « quelques miettes » aux autres prestataires pour nourrir leurs familles. Mais bon…

Nicolas Ndong Essono