Dans une lettre ouverte, le Collectif des sages, dignitaires et notables du Gabon interpelle la classe politique dans son ensemble et le pouvoir en place à une analyse sérieuse de l’environnement politique actuel, notamment le climat qui entoure les élections à venir. Pour ce collectif, pour la quiétude et la paix dans le pays, il est de bon aloi de penser à une transition en lieu et place d’une élection présidentielle dans les conditions actuelles.

Pour mieux se faire entendre, le Collectif a d’ores et déjà opté de l’annulation des scrutins à venir. Il appelle les candidats restés en lice contre le chef de l’État actuel, candidat à sa propre succession, de retirer leurs candidatures. Mieux, le Collectif rappelle qu’au cours de leur conférence de presse tenue à la Chambre de commerce de Libreville, le 16 juin 2023, il avait lancé un appel à la nation pour un sursaut patriotique en faveur d’une transition politique pacifique au Gabon, en lieu et place d’une élection présidentielle à haut risque de déflagration pour le pays. Cet appel aurait été entendu par un certain nombre de compatriotes qui désiraient prendre part au scrutin pour la présidentielle et qui ont finalement retiré leur intention de participer à cette élection. Mais d’autres, par contre, ont tenu à rester en lice. Ce qui donnerait une caution morale à cette élection.

Les membres du Collectif de s’étonner face à la volonté manifeste de ceux qui tiennent à s’aligner pour la présidentielle, malgré les présages néfastes qui entourent cette consultation politique. « Nous peinons à comprendre leurs motivations à participer à un scrutin qui ne sera ni juste ni transparent, au vu de toutes les violations graves des règles du jeu démocratique observé, la dernière en date étant l’adoption par le gouvernement d’un bulletin unique pour l’élection du président de la République et des députés, décrié par l’ensemble de la société civile et la quasi-majorité des partis politiques », précise la lettre ouverte.

Un pic historique de violence a été atteint en 2016

Et le collectif de rappeler que cette élection ne sera guère différente des autres : « Depuis 1993, chaque élection présidentielle au Gabon s’est soldée par une crise post-électorale meurtrière ayant généré souffrance et mort de plusieurs compatriotes. Rien ne montre que l’élection présidentielle à venir sera différente. Bien au contraire, tout porte à croire que ce sera encore pire qu’en 2016, où un pic historique de violence a pourtant été atteint ». Et de craindre une nouvelle escalade de violence, dont les prémices sont déjà visibles : « Déjà, nous entendons les cris déchirants des familles endeuillées. Déjà, nous voyons la colère et la haine qui vont durablement affecter notre vivre-ensemble et diviser le pays. Déjà notre cœur saigne devant tant de souffrances à venir, mais qui pourtant peuvent encore être évitées ». Et d’informer que plus de 300 000 électeurs gabonais se sont prononcés, dans une pétition inédite, pour une transition politique pacifique qui permettrait une pause électorale et la mise en place d’une constituante inclusive. Cette trêve serait l’occasion d’une remise à plat des institutions, d’un apaisement du pays et mettra en place les conditions d’organisation d’élections véritablement libres et transparentes pour tous.

Pour le Collectif des Sages, dignitaires et notables de la nation, il ne viendrait dans l’esprit d’aucun véritable patriote de mettre la vie de la nation en danger. « Nul enfant du pays, aimant le Gabon et son peuple, ne peut demeurer insensible dans la situation présente. Aussi, nous sages, notables et dignitaires de la nation, réitérons instamment notre mise en garde et demandons à tous les candidats encore en course pour l’élection présidentielle de faire acte de courage et de sacrifice, en prenant position pour la transition politique, afin de donner à ce pays, à ses femmes, à ses hommes et à ses enfants, une chance de connaître des meilleurs lendemains, porteurs d’espérance et de sérénité, sur cette terre léguée par nos ancêtres ».

Ppour finir le collectif a adressé à la population un message au rassemblement, au sursaut patriotique pour la préservation du vivre-ensemble. Ce qui leurs yeux aura le mérite de «léguer à nos enfants un héritage de paix et de confiance en l’avenir, dont eux et nous puissions être fiers », conclut la lettre ouverte.

Elzo Mvoula