Après sa démission, au mois d’août dernier, de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) cornaquée par Jean Ping, l’ancien dernier Premier ministre d’Omar Bongo est toujours inconnu au bataillon « de la République » dont il clamait « se mettre » à sa disposition. Suscitant ainsi quelques interrogations….

Jusqu’à présent tous les regards sont tournés vers le dernier Premier ministre d’Omar Bongo. D’autant plus que l’homme de Nkembo disait, devant les Hommes et devant Dieu, le mercredi 11 août 2021 chez lui à Ozangue, quitter la Coalition pour la nouvelle République (CNR) pour se mettre « à la disposition de la République et par conséquent de l’Etat », pour dialoguer et obtenir des réparations. Ambitieux programme !

Quelques jours plus tard, le 23 août 2021, pour être plus précis, une transfuge de l’Union nationale, Estelle Ondo, aujourd’hui proche du pouvoir, saluait cet acte. « Sa décision (celle de Jean Eyeghe, ndlr), écrivait-elle sur sa page Facebook, est aujourd’hui motivée par la trajectoire manifestement peu productive d’une certaine aile de l’opposition politique et la nécessité de faire évoluer les postures des camps vers l’apaisement, le dialogue et la préservation de notre modèle républicain. Notre pays traverse une crise multiforme qu’un seul bord politique ne peut à lui seul résoudre : récession économique, Covid-19, valeurs, conditions de vies des populations ».

Cette sortie du représentant du peuple à l’Assemblée nationale, et surtout la tonalité des mots choisis, augurait d’un probable frémissement sur le front politique. D’autant plus que, déduisait-elle, « tout porte à croire que la sortie de l’ancien Premier ministre Eyeghe Ndong de la CNR se justifie par une absence de vision claire, réaliste pour proposer à la communauté nationale des solutions de pacification du pays, la reconstruction de l’opposition et surtout de préparer l’avenir (2023) avec un leadership véritablement fédérateur ».

« Sa décision, croyait savoir Estelle Ondo, de se mettre au service de la République et de l’Etat renvoie à mon sens à une main tendue qu’il fait aux tenants actuels du pouvoir de recourir à son expérience politique solide pour reformer la gouvernance politique, électorale et la cohésion sociale (…) Cette décision de l’ancien Premier ministre démontre qu’il est un homme qui ne cherche qu’à contribuer à des moments critiques de notre pays, à ce qui peut le mieux aidé à aller de l’avant, à sortir de l’enlisement et éviter à terme le chaos ».

Problème, plus les jours passent, plus le désenchantement s’installe dans la tête des Gabonais, du moins ses proches qui espéraient le voir à la Vice-présidence. Or, Jean Eyeghe était dans l’opposition un poids lourd, hier. A quoi sert-il aujourd’hui dans la majorité ? Question sans réponse pour le moment. D’autant plus que la sinistrose actuelle exige des réponses rapides aux problèmes de l’heure. Pis, si le désormais ancien proche de Jean Ping ne trouve pas un strapontin très rapidement, les autres membres de l’opposition réfléchiront à deux fois avant d’accepter la main tendue d’Ali Bongo.

Du côté des partisans du changement, personne ne boude son plaisir de voir ce statu quo perdurer.

Nicolas Ndong ESSONO