Plus de deux semaines après le coup d’Etat salvateur au Gabon : Étrange pression sur le CTRI
Alors que toutes les institutions devant conduire la transition ne sont même pas encore en place, voilà que certains syndicats et autres groupes d’individus vont de dénonciations en revendications, sans laisser le temps au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) de voir un peu plus clair dans les comptes du pays.
« L’histoire est un éternel recommencement » selon l’historien grec Thucydide. Celle de notre pays l’est assurément. De fait, le vent de la liberté retrouvée, qui avait fortement soufflé sur notre pays dans les années 1990, provoquant un déferlement de passions et d’exigences politiques et économiques, souffle une nouvelle fois. De sorte que 33 ans plus tard, on croit revivre les mêmes événements après la mise en échec, par l’Armée gabonaise, du coup d’État électoral perpétré par les hommes de main d’Ali Bongo tapis au sein du Centre gabonais des élections (CGE), le 30 août 2023.
Cependant, il y a une différence entre les deux périodes. En 1990, les Gabonais voulaient plus de liberté, de démocratie et, surtout, la mort du parti unique, le Parti démocratique gabonais (PDG) érigé en parti-Etat, mais le pays fonctionnait tant bien que mal. Les Gabonais tenaient, malgré tout, leur pays et parvenaient à joindre les deux bouts. En plus, notre pays était tellement respecté à l’international qu’on était fier d’être Gabonais. On pouvait bomber le torse.
Par contre, depuis 2009 jusqu’en 2023, notre pays a fortement régressé sur tous les plans. D’ailleurs, Omar Bongo avant sa mort, le 8 juin 2009, avait déjà senti cette dangereuse descente aux enfers. D’où son sévère avertissement : « Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire. Il nous observe. Il dit amusez-vous, et le jour où il voudra nous sanctionner, il le fera… ».
Malheureusement, son successeur de fils, Ali Bongo n’en a pas tenu compte du tout. Non seulement il s’est à chaque fois imposé à la tête de l’Etat au prix d’un effroyable bain de sang, mais en plus, il s’est entouré d’une kyrielle d’étrangers pour ruiner, endetter notre pays, accaparer nos terres et humilier les Gabonais. A l’international, le Gabon a perdu sa cote. Il n’est plus respecté. Bref, notre pays est en lambeaux et sa descente vers le néant ne faisait plus de doute.
C’est alors que les militaires, dans un élan patriotique inédit, sont intervenus pour le sauver. Et restaurer toutes ses institutions qui l’ont abandonné à son triste sort, aux mains d’une imposture féroce. D’où l’euphorie qui s’est emparée du peuple gabonais, plongé jusque-là dans le désespoir.
Mais au-delà de cette immense joie, somme toute compréhensible, il y a tout de même lieu de s’interroger sur les agissements de certains. Qui tentent d’exercer une forte pression sur les militaires réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Tout se passe maintenant comme si c’était les militaires qui étaient à l’origine de la mise à mort de notre pays.
C’est ainsi qu’on leur demande de trouver des solutions à tous les problèmes tout de suite. « Hic ac nunc », autrement dit ici et maintenant. En plus, les gens se réveillent, comme par hasard, pour menacer de faire grève ou pour interpeller directement le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema, qui vient pourtant de mettre un gouvernement en place. On a l’impression que le CTRI ne doit bénéficier d’aucun état de grâce.
Pourtant cela ne fait qu’un peu plus de deux semaines seulement que les militaires sont aux commandes. Alors, pourquoi toute cette pression ?
A Nkok, par exemple où Ali Bongo avait annoncé, le dimanche 9 juillet 2023, sa candidature à la présidentielle, et qui représente le fleuron de l’industrie du pays et donc l’une de ses rares réussites, les gens se sont réveillés. Pour faire du…bruit, non pas pour demander sa libération comme il l’avait demandé, mais pour dénoncer les mauvaises conditions de travail et les salaires insignifiants qu’ils reçoivent. Mais ils n’ont rien dit, ni manifesté devant le même Ali et ses marionnettistes désormais connus.
A l’évidence, les gens ne mesurent pas à quel point notre pays est tombé bien bas, a été déstructuré, abîmé, sapé dans ses fondements économiques et culturels. Il faut donc laisser un peu de temps aux militaires pour voir l’état des comptes et mesurer l’ampleur du désastre.
L’agitation actuelle nous fait également penser que le Parti démocratique gabonais (PDG), ce parti diabolique qui a déshumanisé le peuple gabonais, n’est peut-être pas mort. Qu’il tenterait de saboter la transition en finançant les mouvements de revendications. Ses cadres ont, en tout cas, les moyens pour renforcer les forces d’inertie, à défaut d’en créer pour scier les jambes à ceux qui vont conduire la transition.
Enfin, au cas où certains l’auraient oublié, il est utile de rappeler qu’après le coup d’Etat, notre pays est isolé, pour le moment. Pour cela, il devrait d’abord compter sur lui-même pour s’en sortir.
Elzo Mvoula
Nombre de Commentaires (0)
Faites un commentaire !