Sénatoriales 2021 : La femme, la grande oubliée

Par Vichanie MAMBOUNDOU / 05 mar 2021 / 0 commentaire(s)
Plusieurs Milebou Aubusson devraient être au Sénat pour confirmer la décennie de la femme, hélàs.

Elles sont de tous les combats, elles sont présentes par monts et par vaux et peu importe le climat, elles participent à toutes les manifestations comme du bétail. Et pourtant, lorsque vient l’heure de la distribution des responsabilités dans la République, la femme Pdgiste est ignorée. Les hommes prennent tout ou presque. La preuve.

On aurait bien aimé les voir à tire-larigot, mais elles sont, alors là, quantité très négligeable au Sénat. Au diable le slogan sur la décennie de la femme prônée par Ali Bongo himself et repris en chœur, sans forcément rien comprendre de la symbolique du concept, par les autres dépositaires de l’Etat. Au diable la loi sur les quotas, qui exige 30% de femmes pour les fonctions électives. Sinon, comment comprendre que sur les 45 sénateurs du Parti démocratique gabonais (PDG), on ne compte que 8 femmes. Vous en doutez ? Allons-y pour le décompte.

Dans l’Estuaire, si les mâles adorent contempler Arogo ou Centre-ville, les groupes d’animation du PDG dans la province, ils ont concédé 3 sièges sur 8 aux femmes. Joséphine Flore Mistoul Yame (commune de Libreville), Christine Minkoue-Mi-Alloh (département de la Noya) et Marie Anne Amkombie Rapontchombo (département du Komo-Océan). Question : Rémy Ossele Ndong (département du Komo-Mondah), un retraité, ne pouvait-il pas céder la place à une compatriote pédégiste pour promouvoir « la décennie de la femme » ? Idem pour Augustin Roger Brice Adandé Radembino (commune d’Owendo). Héritier de son père, donc à l’abri du besoin, ne devrait-il pas ouvrir un cabinet douanier pour accompagner les opérateurs économiques, au lieu de passer son temps à grappiller les miettes des fonds publics ?

Au bord de la Mpassa, de la Lekoni, de la Sébé…, dans le Haut-Ogooué, la femme pédégiste est simplement un décor, quand elle ne devient pas simplement une « vouvouzélatrice », comme Carine Arrissani qui fait « le tour des candidats » pour s’assurer « d’un vote cash à 100 % ». Au final, sur 11 sièges, en les raflant tous, le PDG a estimé que « les bougeuses de fesses » sont dépourvues « de fesses pour s’asseoir au Sénat ». Aucune femme !

ans le Moyen-Ogooué, l’échec lamentable de la conduite des affaires publiques de Denise Mekam’ne (Ndjolé) et Madeleine Berre (Lambaréné), toutes les deux ministres, a fini par convaincre « les mâles » de reléguer la femme migovéenne à la pêche et à écailler les poissons au marché… Raphaël Mangouala (Ndjolé) et Jean Clair Koumba (Lambaréné) iront au Sénat.

Si dans la Ngounié, Lucie Milebou Aubusson (Fougamou) s’est frayé le chemin loin des buissons pour s’imposer dans un monde de mâles dominants et si Maryse Matsanga Mayila- Isselmou (Mandji) a pu lever la tête, la Nyanga est, disons-le comme ça, aux couleurs masculines. Aurélien Mbadinga Mbadinga (Tchibanga), Prosper Mabiala (Mabanda) et Raymond Nzao Koumba (Ndindi) n’ont laissé aucune place à la femme.

L’Ogooué-Ivindo fait office d’exception, celle-là qui confirme la règle. Sur quatre sièges, la parité homme-femme a été respectée. Aux côtés de Faustin Bonda (département de l’Ivindo) et Gérard Meguile (Mékambo), Florence Gheloube Andjaye (Booué) et Chantal Abendeng Mebaley (Ovan) iront au Sénat. Mention bien pour cette province. Un cas unique.

D’autant plus que dans l’Ogooué-Lolo, Fidèle Magnagna a juré qu’il ne quittera l’espace public que les deux pieds devant. Là-bas, sur les quatre sièges, aucune femme ! C’est loin d’être le cas dans l’Ogooué-Maritime où une femme, Philomène Ogoula (Port-Gentil), sur trois sièges, ira au Sénat.

Dans le Woleu-Ntem, Marie-Julie Ebilogo-Bi Nzendong est la seule femme du PDG à pouvoir aller siéger au Sénat.

Au regard de ce constat, plusieurs faits sautent aux yeux : si les femmes pédégistes sont loin d’être misandres, les hommes, ou tout au moins les détenteurs de la décision, sont misogynes. Pire, c’est le cas de le dire, ils marchent royalement sur « les bonnes paroles » de leur distingué camarade. Sinon, sauf à croire que le concept de « la décennie de la femme » relève d’un ensemble de mots pour meubler les discours, la désignation des candidats du PDG aux sénatoriales montre l’énorme fossé entre le discours et la réalité. Au reste, Ali Bongo est roulé dans la farine par ses propres collaborateurs et pour ce coup-ci, la responsabilité personnelle de Cyriaque Mvourandjiami, son directeur de cabinet politique, est engagée.

Mais bon, qui s’en préoccupe !

 

Vichanie MAMBOUNDOU

Article du 5 mars 2021 - 12:13pm
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