Accès des expatriés aux responsabilités publiques: l’impératif d’en codifier les modalités.

Par Vichanie MAMBOUNDOU / 12 mai 2021 / 0 commentaire(s)
Jean Valentin LEYAMA

« Quand un étranger nous apporte sa force de travail, donnons-lui notre amitié en retour », disait Omar Bongo dans son « Petit Livre Vert ». Et cette amitié, le peuple gabonais l'accorde très généreusement en favorisant l'intégration de plusieurs centaines de milliers d'étrangers. Toutefois, cette tolérance se trouve mise à mal par les comportements de certains d’entre eux qui ont pu obtenir aisément la nationalité du fait de leur appartenance aux cercles élevés du pouvoir. Le sentiment général qui se dégage est que ces compatriotes « spéciaux » le sont devenus non pas tant par amour ou passion pour notre pays, mais par calcul, par intérêt bassement opportuniste. Ils montrent clairement qu'ils conservent un pays de rechange ou de repli, leur pays d'origine, lequel bénéficie de toutes leurs attentions. On est même tentés d'exprimer une grande méfiance lorsqu’on les voit exercer des responsabilités dans l'appareil d'État.

C'est dans ce contexte qu'il faut situer la polémique née de l'absence du Gabon du Pr Lee White et son déplacement en Angleterre. L'intéressé a pourtant laissé une note d'intérim à son ministre délégué. L'opinion n'est toujours pas convaincue, d'autant que, par maladresse, tentant de répliquer à cette actualité devenue virale sur les réseaux sociaux, le ministre a été particulièrement maladroit. Dans un tweet, il déclare qu'il serait en mission en vue de prendre part à une visio-conférence sur le climat, illustrant son propos par des captures d'écran. Une visio conférence méritait-elle un déplacement ? La chute de son message a fini d'exaspérer, le slogan émergent « Laissez-nous avancer ! » sonnant comme un défi lancé à l'opinion.

La date du 19 mai, fin officielle de sa mission, est attendue avec beaucoup de perplexité. Car, sans pour autant généraliser et occulter les efforts d’intégration de certains, cette catégorie de compatriotes nous a déjà habitués à s'en aller souvent sur la pointe des pieds, après avoir, des années durant, préparé minutieusement ce retour. Qui les imagine vivre leur retraite au Gabon, une fois dépouillés de leurs prestigieuses fonctions ? Qui n’a pas remarqué la soudaine disparition de ces compatriotes autrefois puissants, africains et occidentaux, de la sphère publique ? Ils ont quitté le Gabon depuis deux ou trois ans, après avoir fait exfiltrer femmes et enfants. La leçon n’a manifestement pas été retenue. A chaque Conseil des ministres, ces compatriotes continuent de bénéficier d’importantes fonctions au palais présidentiel et à d’autres postes stratégiques. En parler, c’est courir le risque de se faire taxer de xénophobie.

La situation est plus cocasse lorsque ces compatriotes « spéciaux » sont confrontés à la justice gabonaise. Très vite, ils ouvrent le parapluie diplomatique de leur pays d’origine, leur pays de repli. Il est impératif de règlementer les conditions d’accès des expatriés fraichement naturalisés aux responsabilités publiques.

 

Chronique de Jean Valentin LEYAMA

 

 

Article du 12 mai 2021 - 8:20am
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