Ainsi parle Me Justin Taty, qui n’a pas caché son entière satisfaction de voir annulée l’élection du Bâtonnier Raymond Obame Sima. Visant d’autres horizons désormais, il soutient également la grève des magistrats autant qu’il souhaite plus de maturité à la nouvelle génération des avocats. L’homme en robe noire salue « l'impartialité, la neutralité et l'objectivité des magistrats en général, en particulier de ceux du Conseil d'État ». Lecture ! 

Gabonclic.info : Le Conseil d'Etat a invalidé l'élection de Me Obame Sima en qualité de bâtonnier. Quelle est votre réaction ?

Me Justin Taty : Je me réjouis de cette décision qui relève de la juste application de la loi qui organise la profession d'avocats, en son article 59. Cette décision tiendra lieu de jurisprudence.

A travers cette décision, ne faudrait-il pas désormais saluer l'état d'esprit des magistrats de cette juridiction qui disent le droit pour rassurer les Gabonais ?

Nous avons toujours cru à l'impartialité, la neutralité et l'objectivité des magistrats en général, en particulier de ceux du Conseil d'État.

Le 4 avril, vous avez été suspendu de vos fonctions pour six mois par le Conseil de l’Ordre des avocats du Gabon. Que va-t-il se passer maintenant ?

La décision rendue par le Conseil d'État invalidant l'élection du bâtonnier et des membres du Conseil de l'ordre remet en cause la légitimité de cette décision devenue nulle et non avenue. Mais aussi, cela concerne tous les actes posés par ce bâtonnier et ses membres du Conseil de l'ordre.

Témoin de l'histoire du Barreau du Gabon depuis plusieurs années, de quoi souffre-t-il aujourd'hui et comment y remédier ?

Effectivement, je compte parmi les 4 anciens avocats de ce Barreau. J'ai conscience que je ne resterai pas éternellement avocat. C'est pourquoi, je partage l'ambition, avec tous ceux qui m'accompagnent, de restaurer aussi bien, les règles coutumières et légales qui régissent notre profession. La résolution de tous ces problèmes passe par le respect et la stricte application des règles de droit.

Les magistrats sont en grève et plusieurs avocats, pénalisés pourtant par cette situation, ne leur jettent pas la pierre. Etes-vous de ceux-là ?

Nous avons, par le passé, dans les périodes de grève des magistrats, toujours su leur apporter notre indéfectible soutien. Nous sommes témoins au quotidien de leurs conditions de travail.

Avez-vous autre chose à ajouter ?

Mon mot de fin se résume en ce rêve que je partage avec les anciens de ce Barreau, de lui permettre de retrouver ses lettres de noblesse, pour permettre aux jeunes qui reprendront les rênes, d'exercer leur fonction avec noblesse et intégrité intellectuelle et morale. Je tiens aussi, pour éviter toute équivoque, à rappeler que je n'ai aucune ambition personnelle pour ce Barreau que j'envisage de quitter, pour d'autres horizons. Je garde l'espoir que cette décision portera du fruit pour l'avenir de notre pays.

Entretien réalisé par Elzo Mvoula