Bras de fer entre le pouvoir et Ousmane Sonko au Sénégal : un risque pour la carrière politique de Macky Sall ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 30 mai 2023 / 0 commentaire(s)
Macky Sall est devenu un drogué du pouvoir et harcèle Songo.

Depuis le début de son deuxième mandat à la tête du Sénégal, celui-ci rêverait d’un troisième mandat. Ce que ne veut point entendre l’opposition, en première ligne le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko. L’actuel chef de l’Etat pourrait-il prendre le risque de remettre en cause son éclatante réussite politique pour tenter l’impossible ?

Ces derniers jours, l’opposant Ousmane Sonko s’est constamment retrouvé dans le viseur de la justice sénégalaise. L’adversaire acharné du président Macky Sall fait l’objet de plusieurs poursuites judiciaires. Lors du procès pour viol sur une employée, âgée de 19 ans à l’époque des faits, le parquet a requis une condamnation à dix ans de prison ferme. Ce qui pourrait barrer la route à l’opposant et ouvrir quelques chances de réélection au président sortant.

Au Sénégal, personne, même ses adversaires les plus acharnés, ne peut cracher sur les succès du mandat en cours de Macky Sall. Le président sénégalais a tenu presque toutes ses promesses en dotant son pays d’importantes infrastructures, et en relevant l’économie naguère au creux de la vague. Pour de nombreux observateurs, ce succès serait à l’origine de l’aspiration de Macky Sall à tenter un troisième mandat. Mais pour arriver à ses fins, selon ses détracteurs, le président sénégalais aurait mis à contribution la justice pour recaler Ousmane Sonko, son empêcheur à demeurer au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels.

« Combat final » contre le régime de Macky Sall

Les partisans du maire de Ziguinchor ne comptent pas abandonner leur leader dans une tourmente judiciaire. Chaque procès de celui-ci fait l’objet d’un soulèvement populaire à Dakar. Le procès du 23 mai dernier, que les Dakarois considèrent plus politique que criminel, s’est terminé tard dans la nuit, au terme d’une audience marathon, qui s’est étirée sur près de dix-huit heures, le procureur ayant requis une peine de dix ans de réclusion à l’encontre de l’opposant pour viol et cinq ans pour « corruption de la jeunesse ». Le verdict est attendu pour demain, 31 mai 2023. En cas de condamnation, Ousmane Sonko se verrait hors de la course au fauteuil présidentiel. Mais Macky Sall serait-il pour autant sûr d’atteindre ses visées de contourner la constitution et briguer un troisième mandat totalement anticonstitutionnel? Rien n’est moins sûr.

Déjà, au lendemain de l’audience du 23 mai, Ousmane Zonko a lancé, depuis Ziguinchor, sa ville natale, une caravane dite de la liberté. L'édile de la grande ville de Casamance compte rallier par la route la capitale Dakar, où se joue son avenir politique du fait d’une justice qui fait planer sur sa tête son inéligibilité à la présidentielle du 24 février prochain. Aussi, à l'occasion du lancement de sa « caravane de la liberté » devant une foule complètement acquise à sa cause, le leader du PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), qui ne cesse de dénoncer une cabale politique, a appelé ses partisans à la mobilisation dans la capitale pour « le combat final » contre le régime de Macky Sall. Un appel qui serait largement entendu.

Dilemme dramatique

Aujourd’hui le pouvoir de Macky Sall fait face à un dilemme des plus dramatiques. Au cas où la justice, malgré les peines requises par le procureur, ne prospérerait pas, l’opposant aura toute la population sénégalaise de son côté. Pour la simple raison que la reculade de la justice paraîtra comme une tentative de dénégation de dire le droit. Conséquemment un soutien sera spontanément apporté à la candidature de celui qui aura eu raison de toutes les manigances d’une justice qui serait finalement à la solde du pouvoir. Par contre, si la justice, malgré l’évidence d’un montage monstrueux à l’encontre de l’adversaire de Macky Sall, le condamne, synonyme de sa non-participation à l’élection de février prochain, une montée en puissance de la population est à craindre. Dans tous les cas, Macky Sall serait la cible de la grande majorité des Sénégalais, comme ce fut le cas avec Abdoulaye Wade.

Plusieurs acteurs politiques, qui ne sont guère contre un troisième et même un quatrième mandat de Macky Sall, qui entrera dans sa 63ème année en 2024, pensent qu’il pourrait prendre du recul et se présenter en 2029, à 68 ans, comme le fait actuellement l’ancien président américain Donald Trump. Et peut-être, pourrait-il tenter un quatrième à 78 ans. Cette voie serait celle de la sagesse. À moins que Macky Sall ne choisisse de s’opposer à toute la nation sénégalaise.

De notre correspondante à Dakar Fatima Mballo

 

 

Article du 30 mai 2023 - 5:04pm
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