Denis Dernault : « Nous demeurons fermement engagés à offrir un environnement de travail sain et propice au rayonnement de chacun »
Ainsi parle, d’une sincérité palpable, celui qui a pris, depuis le 6 janvier 2023, les rênes des Hôtels Radisson Blu Okoumé Palace et Park Inn by Radisson à Libreville. Il porte une vision claire et un engagement inébranlable dans un contexte de morosité économique lié, entre autres, à la faiblesse de l’offre touristique sous l’ex-régime d’Ali Bongo. Anciennement à la tête du Radisson Blu Kigali et du Kigali Convention Centre au Rwanda, il nous a accordé un entretien au cours duquel il n'a pas éludé les récentes inquiétudes soulevées par les employés. Face aux récentes turbulences où le personnel évoquait diverses préoccupations, allant des conditions de travail à des salaires jugés insatisfaisants, les traitements inhumains, les brimades, les contrats précaires, en passant par l'absence de perspectives d'évolution, Denis Dernault a tenu à clarifier la situation. Il nous confie : "Ces descriptions ne correspondent pas à ce que je connais et observe au quotidien dans nos hôtels. Notre engagement en faveur de la transparence demeure intact ». Plongée dans notre discussion approfondie avec lui.
Gabonclic.info : Une secousse ébranle les murs de l'enseigne hôtelière Radisson Blu. Le personnel dénonce, entre autres, les salaires en dessous du SMIG, l’absence de plan de carrière, les traitements inhumains, les brimades, les contrats précaires, ...
Denis Dernault : le 18 septembre 2023, en effet, un mouvement du personnel a été initié par une soixantaine de nos salariés, sur un effectif de plus de 300, en exclusion du respect des procédures légales. Cette démarche s'est déroulée en l'absence de tout dialogue préalable avec la direction, sans dépôt de préavis de grève auprès de l'inspection du travail, et sans fournir de cahier des revendications. De telles actions sont perçues comme une grave manquance à la législation en place. La loi demeure la loi, et nous opérons dans un pays où elle prévaut.
Lorsque vous parlez d’« une soixantaine de nos salariés, sur un effectif de plus de 300 », comme étant à l’origine de cette montée d’adrénaline, vous semblez minimiser l’ampleur de ces revendications !
Pas du tout ! Je tenais simplement à remettre les choses dans leur contexte. De telle sorte que nous ayons tous le même niveau d’information. Nous sommes attentifs aux observations de nos collaborateurs et nous veillerons toujours à rassurer chaque agent de notre enseigne face à une problématique posée.
Depuis le déclenchement de ce mouvement d’humeur, que s’est-il passé ?
Le vendredi 22 septembre dernier, une tentative de médiation a été initiée par la direction provinciale du Travail, conviant les deux parties à un dialogue constructif. Malheureusement, malgré une attente de deux heures, les délégués du personnel ont choisi de ne pas honorer ce rendez-vous crucial pour la résolution du conflit.
Revenons à l’un des points de leurs revendications, les salaires. A titre de rappel, le vendredi 13 janvier 2017 déjà, le personnel observait un mouvement de grève en raison du caractère « statique de leurs salaires » avec des montants de 108 000 Fcfa. Plusieurs années après, c’est la même rengaine. Ont-ils tort de faire preuve d’impatience ?
Nous ne disons pas cela. Nous soulignons simplement que notre secteur est encadré par la convention collective de l'hôtellerie, de la restauration et des débits de boissons, qui détaille les postes et les catégories socioprofessionnelles. Oui, la convention collective prévoit ce salaire minimum, mais nous allons bien au-delà. Ainsi, il est inexact de dire qu'un salarié perçoit 108.000 Fcfa net par mois. Nous souhaitons mettre en avant que le salaire net moyen de notre complexe est de 300 000 Fcfa. Plusieurs professions, au sein de notre établissement, que ce soit la femme de chambre, l'agent de la buanderie, le serveur, le technicien de surface, le peintre, ou le commis de cuisine, ont tous un salaire net égal ou supérieur à cette somme. Un fait aisément vérifiable à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
Concrètement, quels sont les avantages sociaux octroyés à vos salariés ?
En sus des salaires nets perçus par nos employés, la société leur offre un éventail d’avantages sociaux qui sont actuellement valides à 90%, à savoir : prêt rentrée scolaire octroyé à chaque salarié demandeur pour un montant de 300 000 Fcfa ; prêt interne sans intérêt octroyé à chaque salarié demandeur, minimum 200 000 Fcfa à maximum 1 000 000 Fcfa; naissance enfant d’un salarié, 100 000 Fcfa en espèce ; anniversaire d’un salarié, coupon d’achat de 20 000 Fcfa et cocktail mensuel avec la direction ; mariage d’un salarié, 300 000 Fcfa en espèce ; décès d’un salarié, prise charge totale ; décès parent d’un salarié, 300 000 Fcfa en espèce + achat d’une couronne de 150 000 Fcfa, achat cercueil pour la perte de l’enfant de moins de 18 ans ; assurance maladie pour le salarié et ses ayants-droit légaux pris en charge à 80% par l’employeur ; employé du mois, 75 000 Fcfa en espèce ; employé de l’année, 300.000 Fcfa en espèce ; transport du personnel gratuit + indemnité de transport en numéraire ; cantine gratuite + prime panier en numéraire ; arbre de noël et cadeaux au profit de plus 300 enfants du personnel ; pour le départ à la retraite, le salarié reçoit une enveloppe d’un montant de 1 000 000 Fcfa + un congélateur ou une gazinière + un week-end pour le couple dans une suite de l’hôtel ; séjour dans les hôtels du groupe à un tarif employé ; séjour de la famille et des amis dans les hôtels du groupe à un tarif promotionnel ; repas et loisirs offerts pour la fête du 1er mai ; fête du personnel avec cadeaux multiples ; cadeaux fêtes des pères et cocktail ; cadeaux fêtes des mères et cocktail ; cadeaux journée de la femme.
A en croire votre personnel, le plan de carrière serait inexistant. Est-ce exagéré, selon vous ?
L’évolution professionnelle est l’une de nos préoccupations. Nous avons toujours mis en avant la formation et le développement de nos talents. Des plans de carrière sont non seulement en place, mais nous investissons également dans l'envoi de nos talents en formation à l'étranger. Deux collaborateurs sont récemment revenus de Casablanca et un autre s’est envolé vers Johannesburg, la semaine dernière. Beaucoup de nos collaborateurs ont évolué et se sont développés au sein de notre établissement, et ceci est également vérifiable. La mobilité horizontale (prise de poste à échelon supérieur dans la hiérarchie) est encouragée, et grâce à notre appartenance à un groupe hôtelier international, chaque collaborateur a la possibilité d'accéder à des postes à responsabilité à travers le monde, pour peu qu’il ait la volonté de sortir de sa zone de confort... Des offres qui ont été publiées lors d’ouvertures d’hôtels dans la région, mais qui n’ont reçu aucun intérêt de la part de collaborateurs de notre complexe.
Lorsqu’on parle de licenciement abusif au sein de votre entreprise, objectez-vous que le personnel est victime de l’illusion d'optique ?
Il ne serait pas de bon ton de le dire. Nous relevons simplement que la conclusion d'un Contrat à durée déterminée (CDD) de six mois, suivi d'un contrat temporaire d'un mois, ne saurait être qualifiée de licenciement abusif ; en particulier lorsque le travailleur est en accord avec cette mesure, prise en réaction à une force majeure résultant d'un bouleversement politique ayant un impact direct sur l'économie hôtelière.
Au regard d’une telle atmosphère au sein de votre structure hôtelière, vos clients peuvent nourrir quelques appréhensions…
Rassurez-vous. Rigueur et discipline pour la satisfaction du client sont élevées au rang de religion chez nous. Nous prônons une culture basée sur le respect du client et des autres, l'amabilité, la ponctualité au travail, la présence au poste, la rigueur dans les tâches couplées avec une discipline hôtelière sont des valeurs que nous chérissons. Ces principes ne doivent en aucun cas être confondus avec des "brimades ou de la maltraitance". Nous encourageons toujours un environnement de travail sain et respectueux.
Il se dit ici et là que vous seriez allergique à l’action syndicaliste !
Nous n'avons jamais contesté la présence syndicale au sein de notre établissement. Bien au contraire, nous estimons que l’une des manières pour un individu d’exercer du pouvoir sur une organisation consiste à exprimer son point de vue par rapport à une situation donnée. Cependant, nous plaidons pour une représentation syndicale transparente et légitime, en accord avec les normes en vigueur.
En termes d’améliorations et d’investissements, des grincements de dents pointent des carences dans ce volet. Gros mensonge ou petite vérité ?
Depuis le début de l'année, notre complexe n'a cessé de s'améliorer. Nous avons renouvelé des équipements utilitaires cruciaux pour le bon fonctionnement de l'établissement, garantissant ainsi le confort de nos clients et de nos employés. D'importants investissements ont été également réalisés sur des moyens matériels visant à améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs. De plus, notre façade a été rénovée et de nouvelles enseignes ont été commandées.
Notre entretien tire à sa fin, à vous de conclure…
Il est déplorable qu’un nombre limité de nos employés aient choisi de diffuser ces allégations infondées. Si nous reconnaissons leur droit à s'exprimer, il est de notre responsabilité de rectifier les informations inexactes ou diffamatoires.
Nous le disons ici et maintenant. Nous demeurons fermement engagés à offrir un environnement de travail sain et propice au rayonnement de chacun. C’est un défi à relever ; un objectif impératif à atteindre ensemble pour l’épanouissement de tous et de chaque agent.
Le bien-être de nos employés, la qualité de notre service et la satisfaction de nos clients restent au cœur de nos priorités.
Nous sommes convaincus que la vérité prévaudra, et nous continuerons à travailler ensemble pour maintenir la renommée de notre enseigne.
Interview realisé par Brandy Mamboundou
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