Gabon : Alexandre Tapoyo s’est-il engagé dans une voie sans issue en annonçant la création du Mouvement des Réformateurs?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 28 juil 2022 / 0 commentaire(s)
Alexandre Désiré Tapoyo le 8 juillet 2022, à Medang Nkoghe, dans la province du Moyen Ogooué.

Décidément le Centre des libéraux réformateurs (CLR) du général Jean Boniface Assélé a encore des beaux jours devant lui. La tentative de scission opérée par son ancien délégué général adjoint de vider le CLR d’une partie de ses militants aurait fait long feu. Le ministère de l’Intérieur aurait refusé de reconnaître cette nouvelle formation politique. Et pour cause !

« Il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation », nous ont toujours conseillés les ainés. Et Alexandre Désiré Tapoyo devrait l’apprendre à ses dépens. Sorti du Centre des libéraux réformateurs, en même temps que son supérieur hiérarchique, Nicole Assélé, alors déléguée générale de ce parti, à la faveur d’un congrès extraordinaire tenu en avril dernier, Alexandre Tapoyo s’est rué sur les brancards en tentant de créer, dans la précipitation, sa propre formation politique. Rien d’anormal dans cette ambition politique, si toutes les conditions étaient remplies. Mais malheureusement, cela ne semble pas être le cas. Le fonctionnaire du ministère des Hydrocarbures aurait mis la charrue avant les bœufs.

De sources bien fondées du ministère de l’Intérieur, la demande de reconnaissance du parti politique le « Mouvement des Réformateurs (Moref), aurait été rejeté sans autre forme de procès. Alexandre Tapoyo aurait péché par inexpérience, et cela sur plusieurs niveaux. D’abord l’organisation d’une « sortie politique » du mouvement avec des effets estampillés « Moref » et en grande pompe avec la télévision nationale, alors même que le ministère de l’Intérieur n’a même pas encore pris connaissance de la demande de création du parti. Histoire de mettre la pression sur le ministre d’Etat à l’intérieur, qui se verrait face à un fait accompli, donc dans l’obligation de livrer le récépissé de reconnaissance de la formation politique. C’est sans compter avec l’expérience de l’homme qui aura passé toute sa carrière administrative à l’avenue de Cointet avant de prendre ses quartiers à Akanda.

La seconde erreur d’Alexandre Désiré Tapoyo aura été de vouloir pêcher dans les eaux troubles du vieux baroudeur Jean Boniface Assélé. En effet, sur dénonciation de celui-ci, le ministère de l’Intérieur n’avait d’autre choix que de rejeter la demande de création de parti formulée par Alexandre Tapoyo et ses affidés. Les raisons : le généralissime aurait contesté la dénomination de cette formation politique. Le « Mouvement des réformateurs », rimant à ses yeux avec Centre des libéraux réformateurs, le général Assélé soupçonnerait les velléités de son ancien compagnon de vouloir lui faire une entourloupette en jouant sur les dénominations. Explication : plusieurs militants du CLR feraient des confusions sur les deux formations politiques. Alexandre Tapoyo ayant milité au CLR depuis près de vingt ans, avec des départs et retours, connu sur tout le territoire national depuis près d’une dizaine d’années comme le chargé des organes de base et de l’implantation du CLR, d’aucuns pourraient croire que le Mouvement des réformateurs ne serait qu’une continuité du Centre des libéraux réformateurs. Et cela d’autant plus que l’entrée politique avait été initialement prévue pour se tenir dans le département de l’Abanga-Bigné où il avait présidé à l’installation des organes de base du CLR, juste quelques semaines avant son exclusion de ce parti. Le risque de confusion est en effet assez grand.

Selon la loi sur la création d’un parti politique, Alexandre Tapoyo n’aurait pas rempli toutes les conditions requises pour ce faire, principalement l’obtention des trois mille signatures sur au moins cinq des neuf provinces du pays. Certainement qu’il avait négligé ce pan comptant sur le laxisme habituel de l’administration gabonaise. Il aurait pensé qu’en précisant que sa formation politique faisait partie intégrante de la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence lui dispensait de cette mesure administrative. Que nenni ! Il fallait compter avec le natif de Brazzaville, Lambert Noël Matha, avant de s’y aventurer.

Pour le moment, les carottes seraient totalement cuites pour celui qui pensait puiser dans le puits du CLR pour assouvir ses ambitions politiques. Le CLR échapperait encore une fois de plus, après la tentative échouée de Louis Ingongui de créer le CLRI après sa démission pour faire de l’ombrage au parti de Jean Boniface Assélé, Alexandre Tapoyo vient d’être renvoyé à ses chères études.

Vichanie Mamboundou

Article du 28 juillet 2022 - 10:29am
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