Le second a introduit une plainte contre le premier auprès des instances de renseignements, judiciaires et gouvernementales afin d’obtenir la lumière sur la gestion des flux financiers du CESE. Faut-il craindre que ce soit le chant du cygne d’un politique qui refusait de passer la main ?

Pour de nombreux jeunes d’aujourd’hui, le nom de René Ndemezo’Obiang parle encore. Tant, depuis bien des années – beaucoup étaient encore dans le ventre de leur mère – ce patronyme rythme l’espace public gabonais. Il serait difficile d’évoquer les événements politiques dans ce pays sans le citer. Sauf qu’arrive, tôt ou tard, un moment où l’étoile pâlit ; où le besoin de régénération naturelle supplante l’obsession de se maintenir au-devant de la scène. C’est le cas de cet éléphant politique qui arrive en fin de parcours…sur les rotules, à bout de souffle.

En effet, René Ndemezo’Obiang est sur la sellette depuis le déclenchement de la plainte lancée contre lui par le deuxième vice-président du Conseil économique social et environnemental (CESE), Nicaise Moulombi. Un personnage des plus obscurs, sur lequel on ne sait exactement pas grand-chose, mais qui se révèle aujourd’hui une personnalité des réseaux. Si bien que ses thuriféraires voient, à tort ou à raison, la main du système en place derrière chaque acte qu’il pose.

Justement, bien malin qui pourra avancer que, parmi plusieurs membres du CESE, Nicaise Moulombi ait été le seul « courageux » pour affronter RNO, s’il n’était pas adossé sur « un gros tronc d’arbre ». Parce que, saisir en même temps la DGR, le B2, le Procureur de la République et le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption, n’est pas un acte anodin, ni une manœuvre irréfléchie. C’est une stratégie bien huilée. Et ce n’est pas tout.

Charger la mule de « La Copa »

Pour être à ce point au parfum de cette entourloupe à gros sous, il fallait suivre les dossiers du CESE à la lettre pour découvrir le décaissement, sans contrepartie, de 135.637.181 Fcfa au bénéfice des entreprises Elitis Multi-services et DNS Technologie par le CESE. Les travaux de peinture, carrelage, plomberie, électricité et étanchéité, censés justifier la dépense, se sont révélés inexistants. Pour son malheur, Nicaise Mouloumbi détient les preuves pour charger la mule de « La Copa ».

Dès lors RNO est un animal blessé sans défense. Il suffit d’un mot d’Ali Bongo pour qu’il se retrouve en mauvaise posture. Dans le Woleu-Ntem, si les Engongah Owono, Emmanuel Ondo Méthogo… ne reconnaissaient pas son autorité, Charles Mve Ella, le ministre de l’Agriculture et originaire de Bitam, ne boude pas les tourments de l’ancien capiste. Il n’hésitera pas à l’enfoncer davantage pour circonscrire son nouveau territoire. 

Comme on le voit, en voulant s’accrocher à une lumière toujours plus fuyante, RNO dégringole, petit à petit, dans les poubelles de l’histoire.

Dess Bombe