Gabon : Suite à l’incarcération de Me Mezui Mba à Port-Gentil, Barreau du Gabon ou repaire de délinquants ?

Par Nicolas NDONG ESSONO / 24 mar 2022 / 0 commentaire(s)
L'affaire Mba Mezui va laisser des traces dans la conscience collective.

Vraisemblablement longtemps étouffés, les actes ignobles de ces hommes en toge « noire » polluent en ce moment les relations au sein de cette corporation. Si rien n’est fait, la gouvernance du bâtonnier Me Lubin Ntoutoume risque d’être un fiasco avec des conséquences irréversibles. Scanner d’une situation explosive.

Mouton « noir » de la famille, être dans « le noir », « le noir » du deuil, avoir les idées « noires », broyer du « noir », caisse « noire »…toutes ces expressions renvoient à la négation existentielle, à l’inverse du blanc. Une couleur, une image… qui exalte la joie, la gaieté, l’excellence, le vrai et tout et tout. Dans cette veine, peut-on déduire que les hommes en toge « noire » sont-ils dépourvus de noblesse ?

Au-delà de ces questionnements, une réalité saute aux yeux : le Barreau du Gabon traverse une forte tempête de son parcours vers la destination : zéro soupçon de détournements par les avocats des fonds de leurs clients. Un idéal qui semble un vœu pieux. Et pour cause, depuis plusieurs jours, l’incarcération de Me Mezui Mba à Port-Gentil est venue semer le doute dans les esprits de nombreux justiciables et réconforter les craintes de certains d’entre eux qui n’ont de cesse de dénoncer les mauvaises pratiques de cette catégorie socio-professionnelle.

La démarche adoptée pour l’incarcération de leur confrère

Pour faire court et simple, si le bâtonnier Me Lubin Ntoutoume et son bureau sont montés au créneau pour dénoncer, non pas le fond de l’affaire, mais la démarche adoptée pour l’incarcération de leur confrère, disant ne pas avoir été préalablement saisis ; dans une note explicative datée du 14 mars dernier, Me Solange Yenou, représentant du bâtonnat à Port-Gentil, persiste et signe : le 7 mars 2022, elle a fait transmettre au Bâtonnier la lettre d’information reçue du procureur de la République de Port-Gentil. Comme quoi, Lubin Ntoutoume a bel et bien été informé de la procédure engagée en l’encontre de ce membre du Barreau.

Dans tous les cas, nonobstant cette bataille procédurale et des mots, une voix et pas n’importe laquelle s’est élevée pour appeler à « la tenue en toute extrême urgence d'une Assemblée Générale Extraordinaire ». Me Jean-Paul Moumbembé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a, dans un post largement relayé sur les réseaux sociaux, souhaité ce moment avec « un ordre du jour bien précis cadrant avec la situation carcérale de notre confrère, car j'ai d'abord honte de moi-même avant de tourner ma langue même une seule fois en public ». Et cet avocat inscrit au Barreau du Gabon de poursuivre : « Cette Assemblée Générale Extraordinaire s'impose in facto ! Ainsi ira haut l'épanouissement moral de l'avocat et de notre Barreau moderne dans le cadre du maniement de l'argent du client pris en sandwich par l'appétit incessant d'aisance sans prix ou et non gagné à la sueur de son front ! ».

Accusations et contre-accusations au Barreau

Depuis lors, l’affaire a pris une autre tournure. Ici et là, il se dit que Me Jean-Paul Moumbembé aurait accusé une catégorie de compatriotes d’être des voleurs. Ce que l’intéressé réfute et crie au complotisme. D’autant que, lui, « avocat au Barreau du Gabon depuis plus de 33 ans, l'âge définitif d'existence sur Terre du Grand Sage Jésus-Christ mort sur une croix en bois fabriquée par l'Homme... », assure même être l’avocat de « mon jeune Confrère et petit Frère Me Mezui Mba et peut-être plus que ceux qui battent leurs tambours ou tams-tams au rythme édicté par l'émotion suicidaire à chaud ».

Du coup, la parenthèse Me Jean-Paul Moumbembé fermé, un replay sur le magistère du Bâtonnier Me Lubin Ntoutoume s’impose. Dans le silence de son cœur, et au regard des palabres actuelles, ne doit-il pas se demander si plusieurs de ses confrères n’avaient pas eu raison de contester plusieurs de ses décisions ? Notamment d’admettre la prestation de serment des personnes dépourvues de diplômes pour accéder à la fonction d’avocat ou bien la moralité de certains d’entre-eux… Si la justice des hommes lui avait donné raison, celle de Dieu semble s’acharner contre lui. Le Barreau du Gabon étant secoué par des palabres à répétition.

Et comme si cela ne suffisait pas, le Gabon étant une maison « de verre rempli de vers », plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer l’attitude du Barreau actuel dont les agissements ne visent rien d’autre qu’à protéger les actes déviants du petit frère avocat d’un membre du Barreau empêtré non seulement dans le détournement des fonds des clients mais aussi par le refus de paiement des loyers des bailleurs de ses bureaux et logements. Quelle affaire !

« Le Barreau du Gabon aujourd’hui, croit savoir l’un de ses membres, s’apparente à un repaire de délinquants. On montre à nos clients qu’ils ne sont rien par rapport à la puissance d’un avocat. C’est une grave erreur, l’argent du client est son argent et l’indignation devrait être la même si certains collègues lui en priveraient la jouissance ».

En attendant, Me Mezui Mba est présumé innocent et, au regard du bras de fer entre le Barreau et le procureur de Port-Gentil, il pourrait être contraint de se présenter devant les juges avec cette détention préventive.

Vichanie Mamboundou

   

 

 

 

Article du 24 mars 2022 - 12:29pm
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