Centrafrique : immoraux, les Gabonais exclus de la Minusca

Par Nicolas NDONG ESSONO / 17 sep 2021 / 0 commentaire(s)
les soldats gabonais en Centrafrique

Ils sont accusés d’être des récidivistes en termes d’exploitation et de viol des jeunes filles. Une situation de déshonneur qui suscite plusieurs réactions à travers le monde. Notamment les cris de colère face à ces actes indignes d’une armée qualifiée jusque-là en « or ».

Depuis mercredi dernier, le sujet est à la Une de l’actualité mondiale : les Nations unies ont renvoyé chez eux les casques bleus gabonais évoluant au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca). Et pour cause, ni plus ni moins, cet organisme international serait carrément insatisfait, depuis 2017, des suites à donner par Libreville aux allégations d'exploitation sexuelle et d'actes sexuels sur mineurs en RCA. En termes simples, sous surveillance depuis bien des années, le Gabon a traîné les pas pour faire aboutir ces enquêtes.

 

 

NATIONS UNIES

Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine

UNITED NATIONS

United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in the Central African Republic

MINUSCA

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Bangui, le 15 septembre 2021- La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a été alertée sur des allégations d’abus sexuels sur, selon les informations reçues à date, cinq filles, impliquant des membres non-identifiés du contingent militaire gabonais déployés dans une localité du centre du pays.

Conformément à la politique globale des Nations Unies d’aide et de soutien aux victimes d’actes d’exploitation et d’abus sexuels commis par des membres du personnel des Nations Unies ou du personnel apparenté, les victimes identifiées ont été aussitôt prises en charge par les partenaires selon leurs besoins médicaux, psychosociaux et en matière de protection.

Compte tenu de la gravité de ces allégations et de la politique de tolérance zéro des Nations Unies, et sous réserve des conclusions de l’enquête, la MINUSCA a dépêché une mission pluridisciplinaire sur les lieux qui a fait une évaluation de la situation et pris des mesures de prévention des risques.

Par ailleurs, le Secrétariat des Nations Unies a informé, le 7 septembre 2021, les autorités gabonaises pour que soit notamment désigné un enquêteur national dans les cinq jours ouvrables et que l'enquête soit conclue dans moins de 90 jours.

Le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) a ouvert une enquête et se tient prêt à assister l’enquêteur national sous réserve de sa désignation.

En raison de la gravité de ces dernières allégations rapportées, le Secrétariat des Nations Unies a pris la décision de rapatrier tout le contingent gabonais de la MINUSCA.

Cette décision a été communiquée par le Secrétariat aux autorités gabonaises le mardi 14 septembre 2021. Elle se fonde sur la résolution du Conseil de Sécurité 2272 (2016), dont le Comité permanent d'examen de mise en œuvre évalue le contingent Gabonais depuis 2017, qui envisage, lorsqu’il existe des preuves crédibles de cas répandus ou systémiques d’exploitation et d’abus sexuels commis par des unités d’un pays contributeur, ou lorsqu’un pays contributeur n’a pas  pris les mesures voulues pour enquêter sur ces allégations,  ou lorsqu’un pays contributeur n’a pas amené les auteurs de ces actes à en répondre ou informé le Secrétaire général des progrès des enquêtes ou des mesures prises, de remplacer toutes les unités du pays concerné.

La MINUSCA reste résolument engagée à lutter contre l'exploitation et les abus sexuels par son personnel, et à mettre pleinement en œuvre la politique de tolérance zéro des Nations Unies en ce qui concerne l’exploitation et les abus sexuels.

 

PRESS RELEASE

 

Bangui, 15 Septembre 2021 – The United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in the Central African Republic (MINUSCA) has been made aware of allegations of sexual abuse of five girls, according to information received to date, involving unidentified members of the Gabonese military contingent deployed in the centre of the country.

In line with the United Nations’ global policy of assistance and support to victims of sexual exploitation or abuse by United Nations personnel or related staff, the identified victims received immediate care and support through Mission partners, according to their medical, psychosocial and protection needs.

Given the gravity of these allegations and the United Nations’ zero tolerance policy with respect to sexual exploitation and abuse, and subject to the findings of the investigation, MINUSCA dispatched a multidisciplinary team to the location which assessed the situation and established risk management prevention measures.

Furthermore, on Tuesday, September 7, 2021, the United Nations Secretariat requested the Gabonese authorities to appoint a national investigator within five working days and for the investigation to be concluded in less than 90 days.

The United Nations Office of Internal Oversight Services (OIOS) has opened an investigation and stands ready to assist should a national investigator be appointed.

Due to the serious nature of these latest reported allegations, the United Nations Secretariat took the decision to repatriate the entire Gabonese contingent of MINUSCA.

This decision was communicated by the Secretariat to the Gabonese authorities on Tuesday, September 14, 2021. It is based on Security Council resolution 2272 (2016), whose Standing Implementation Review Committee had under review the Gabonese contingent since 2017, and which envisages that, in the face of instances of credible evidence of widespread and systemic sexual exploitation and abuse or failures to take appropriate steps to investigate, hold perpetrators accountable or keep the Secretary-General informed of progress, the units of the Member State should be replaced.

MINUSCA remains firmly committed to fighting sexual exploitation and abuse by its personnel and to fully implementing the United Nations’ zero tolerance policy with respect to sexual exploitation and abuse.

 

En effet, dès 2015, les militaires gabonais engagés au sein de la Minusca ont été accusés d’abus sexuels et conséquemment mis sous-évaluation depuis quatre ans. A l’époque, Libreville était chargé de démêler le faux du vrai pour aboutir à des condamnations ou non par rapport à ces allégations. Ce qui n’a jamais été fait ou du moins les choses n’ont pas avancé comme le souhaitait New York, le siège des Nations Unies. Entre le faible nombre d’enquêtes ouvertes, de l’absence de communication sur les nominations d’enquêteurs, et du manque de résultat, au bord de l’East River dans l'arrondissement de Manhattan, la main des membres du comité chargé de la bonne mise en œuvre de la résolution 2272 n’a pas tremblé lorsqu’il s’est agi de sanctionner le Gabon.

D’autant plus que, dans la foulée, le contingent gabonais s’est rendu coupable de cinq nouveaux cas dans une zone décentralisée de Centrafrique récemment — 32 cas en tout en quatre ans — la Minusca a dépêché une mission sur les lieux, et l’ONU a informé Libreville la semaine dernière qu’un enquêteur devait être nommé dans les cinq jours ouvrables, et que l’enquête soit conclue sous 90 jours. Ainsi, comme le prévoit la résolution 2272, les Nations unies ont renvoyé 450 militaires Gabonais chez eux.

Qualifiés d’une armée en or, ses militaires ont jeté l’opprobre sur tout un peuple. Il reste désormais à Michaël Moussa, le ministre de la Défense, qui a dit, dans un communiqué le 15 septembre dernier, avoir ouvert une enquête « au sujet des faits allégués » et promis, la main sur le cœur, de traduire « leurs auteurs (…) devant les tribunaux militaires et jugés avec une extrême rigueur », de faire prospérer la bonne foi de notre pays dans cette affaire.

Elzo MVOULA

Article du 17 septembre 2021 - 8:51am
Article vu "en cours dév"

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