Eric Zemmour perce en France : Est-ce une chance pour l’Afrique ?

Par Nicolas NDONG ESSONO / 05 nov 2021 / 0 commentaire(s)
Eric Zemmour risque de surprendre tout le monde.

Le polémiste vedette, dont la candidature à l’élection présidentielle s’étire dans un suspense artificiel, bouscule les codes politiques et les idées reçues des bien-pensants. Parce qu’elle contraindrait les autocrates du continent à développer leurs pays, l’arrivée à l’Élysée d’Eric Zemmour serait providentielle, en plus de faire oublier la séquence décevante d’Emmanuel Macron.

Petit à petit les préjugés sur sa personne laissent place à une prise de conscience plus lucide. Et si cet homme était la chance du continent ? Cela peut paraître surprenant : Éric Zemmour compte bien des fans en Afrique. Réputé raciste, fasciste et sexiste, le polémiste français est loin de séduire les milieux bien-pensants africains et diasporiques, où la moindre critique faite contre les musulmans, les Noirs et autres minorités suscite une hystérie de cris d’orfraie. Pourtant, loin de ces étiquettes réductrices qui comportent leur part, certes, de vérité, l’ancien journaliste politique tient un discours pragmatique et authentique, qui devrait sonner la fin d’une certaine conception des relations entre la France et le continent africain.

Nostalgique d’une grandeur refusée à l’Afrique

Zemmour, c’est d’abord une machine dialectique, un moulin à idées. La pensée politique de cet intellectuel passionné d’histoire a pour colonne vertébrale un nationalisme qui diverge de Charles Maurras par sa foi dans la République, quoi qu’ils se retrouvent dans la nostalgie de la grandeur française, qu’il a en partage avec Napoléon et Charles de Gaulle. Une grandeur refusée à l’Afrique. Son credo est des plus limpides : les civilisations, comme les États, sont engagées dans de perpétuels rapports de force où priment les intérêts de souveraineté. Sa conviction constitue un paradoxe éthico-politique : la France est menacée sur son sol par un « grand remplacement » consécutif à quarante années de politique d’immigration laxiste. Ceux qui, ignorants de l’histoire des nations ou partisans de la politique de l’autruche, se complaisent dans un angélisme humaniste ou la victimisation pleurnicharde, ne sont pas prêts à entendre ces « vérités », et préfèrent diaboliser Zemmour.

Comme Trump aux Etats-Unis, Eric Zemmour a de fortes chances de devenir le président de la France en 2022.

Dans le fond, a-t-il vraiment tort ? Non, dans la mesure où le déclassement de la France ne saurait être seulement la conséquence d’une ouverture généreuse de ses frontières, mais tiendrait de plusieurs facteurs, dont le mouvement de l’histoire et ses ressacs. L’ex éditorialiste, en outre, dit seulement haut ce que la quasi-majorité des Français, y compris les hommes politiques de premier plan, pensent dans leur for intérieur. Pourquoi pourrait-on alors le reprendre ? Parce que la France doit, sans biaiser, assumer son passé vis-à-vis de l’Afrique. Ce qui signifie que l’explosion sociale – voire raciale – qui la menace, peut être évitée si Paris se décidait à avoir une vraie politique d’égal à égal avec ses anciennes colonies. Faute de quoi, elle ne ferait que retarder l’inéluctable…

On aurait donc tort de voir en Éric Zemmour un trublion qui ne passera guère l’hiver. Bien que novice sur le terrain politique, l’écrivain connaît bien la classe dirigeante et l’élite industrielle et médiatique de son pays. Fin observateur de la marche du monde depuis plus d’une trentaine d’années, témoin de la splendeur évanouissante de son pays, de Pompidou à Macron, sa force est d’avoir su capter – et exprimer dans un verbe, certes, outrancier – les angoisses des Français qui ne savent plus rêver, depuis qu’ils ne sont plus que des supplétifs des USA. L’après-guerre, qui avait vu arriver les Trente Glorieuses, permit à De Gaulle de surfer sur l’optimisme d’années fastes. L’entrée dans le troisième millénaire n’aura-t-elle eu pour levain que la peur – de l’autre – et l’angoisse des lendemains assombris par le chômage et l’insécurité ? Zemmour le croit fortement.

Emmanuel Macron aura déçu les faiseurs de roi et la jeunesse africaine

La radiographie réalisée et le diagnostic fait, il faut apporter des solutions. Éric Zemmour serait en train de bâtir un parti politique, ayant déjà annoncé qu’il irait au front pour gagner. Vu la fulgurance de son entrée dans la course présidentielle, par la magie tendancieuse des sondages, aucune hypothèse n’est à exclure. Face à un Emmanuel Macron donné largement favori, mais qui aura beaucoup déçu – aussi bien les faiseurs de roi qui l’ont adoubé qu’une partie, idéaliste, de la jeunesse africaine – l’auteur de « La France n’a pas dit son dernier mot » semble gagner en crédit. Car, la droite classique s’avance divisée et sans idées, les partis de gauche ne semblent guère armés pour rivaliser, et le Rassemblement national ne masque pas sa peur de se brûler les doigts à l’épreuve du pouvoir. Du coup, par-delà la Méditerranée, on rêve d’un nouvel âge dans les relations, si tumultueuses, entre la France et l’Afrique.

Pour ceux qui savent encore vivre l’instant présent, sans s’accrocher au sentimentalisme qui émaille de racisme tout propos un tant soit peu anticonformiste, les idées « politiques » de Zemmour devraient réveiller les consciences ronronnantes des peuples endormis. Puisque le candidat putatif à l’élection d’avril 2022 estime que le mal français vient de l’Afrique, et qu’il faut laisser les Africains s’occuper de leurs problèmes, on devrait se réjouir à Libreville, Dakar ou Brazzaville. Il est plus qu’urgent de mettre un coup de pied dans la fourmilière Françafrique, que Jean-Marie Bockel voulait passer au Karcher.

Zemmour président, les Africains assurés de ne plus jamais avoir à subir les dictateurs ?

Les chefs d'Etat africains ne font rien pour changer le visage de l'Afrique.

Hormis les effets de manche et les bons mots qui grisent le franchouillard du fin fond des Cévennes, qu’est-ce qui changera pour le Gabonais ? Zemmour président, la France cessera-t-elle de se montrer complice de régimes qui font le lit de l’immigration sauvage, qui envoie aux portes de l’Europe des hordes faméliques d’êtres humains fuyant l’enfer ? Zemmour président, la France continuera-t-elle de fermer les yeux sur les mascarades électorales qui maintiennent au pouvoir des kleptocrates mal élus, bouffis d’incompétence et de corruption ? Zemmour président, les Africains seront-ils assurés de ne plus jamais avoir à subir les dictateurs ? Zemmour président, Ali Bongo respectera-t-il l’Etat de droit pour le restant de son mandat ?

Contrairement à Bernard-Henri Lévy ou Alain Finkielkraut – des intellectuels juifs comme lui – qui simulent un universalisme abstrait masquant leur communautarisme, Éric Zemmour tourne le dos aux postures hypocrites. Celles-là mêmes qui sont au fondement du paternalisme français vis-à-vis de ses anciennes colonies, et dont on sait tous les ravages qu’elles continuent de provoquer. Ce qui est sûr, avec la montée des nationalismes en Afrique, qui coïncide avec la percée de Zemmour chez les Gaulois, c’est que le prochain président français sait déjà ce qu’il lui faudra faire pour « sauver » son pays. Ne plus empêcher l’alternance démocratique en Afrique, pour les beaux yeux de roitelets qui fabriquent, sur le continent noir, tous les fléaux qui menacent la stabilité de la France !

Elzo Mvoula

Article du 5 novembre 2021 - 9:50pm
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