Gabon : Eyeghe Ndong, cet altruiste politique !

Par Nicolas NDONG ESSONO / 02 juin 2021 / 0 commentaire(s)
L'ancien premier ministre Jean Eyeghe Ndong n'hésite jamais à se retirer au profit des autres acteurs politiques.

Il aurait pu se porter candidat à la succession d’Omar Bongo-Ondimba ; puis faire face à l’actuel chef de l’Etat en 2016. Le cousin germain du présent Léon Mba Minko-Mi-Edang s’est à chaque fois effacé. Pas toujours devant l’évidence. Se montrera-t-il aussi généreux pour les autres en 2023 ? Rien n’indique, chez lui, qu’il pourra chasser le naturel…

L’assistance n’en revient pas. Le chef de l’Etat français de l’époque, Nicolas Sarkozy, est estomaqué. Ali Bongo Ondimba est visiblement marqué.

Devant le cercueil fermé et couvert du drapeau vert-jaune-bleu, le Premier ministre, pour l’oraison funèbre, vient de délivrer un message de haute portée politique où il remet en cause la dévolution monarchique du pouvoir qui, selon lui, se préparait.

Ce discours, considéré comme historique par beaucoup, annonçait la posture prise par la suite par Jean Eyeghe Ndong Edang. En plus d’être le chef du gouvernement, le Premier ministre était aussi, en cette qualité, l’un des vice-présidents du Parti démocratique gabonais (PDG). Précision de taille cependant : parmi les nombreux vices, il en existait un qui avait, pour ainsi dire, barre sur tous les autres.

En effet, Ali Bongo Ondimba, à la mort de son père, se retrouvait être le véritable maître du jeu dans la succession pour laquelle il avait été bien préparé. Au nez et à la barbe du juriste Eyeghe Ndong qui ne pouvait ignorer que c’est le vice-président du PDG, tirant sa légitimité du congrès du parti, qui remplaçait immédiatement, à ce niveau, le président-fondateur disparu. Par conséquent, le parti dirigeant totalement le pays, le président de l’un était de facto le chef de l’autre. Si cela avait pu lui échapper lors des assises, il n’avait plus qu’à se rendre à l’évidence…

Il décide donc de quitter le Parti démocratique gabonais et… toutes les fonctions législative et gouvernementale qui lui étaient les siennes. L’opinion nationale pense alors que le… petit-frère de feu le président Léon Mba Minko-Mi-Edang, par ailleurs chef hiérarchique de Casimir Marie-Anges Oye Mba et d’André Mba Obame, va prendre la tête de la contestation issue du pouvoir, et se porter candidat à la prochaine présidentielle. Que non !

Vexé pour avoir été dépossédé du ministère de l’Intérieur, André Mba Obame (AMO) va se rendre à Barcelone, là où Omar Bongo Ondimba avait poussé son dernier souffle, pour annoncer sa candidature. Entre-temps, Oye Mba avait déjà annoncé la couleur et mobilisé principalement l’électorat fang dans cinq des neuf provinces du pays.

Jean Eyeghe Ndong, qui pouvait s’imposer pour avoir pu dire à très haute voix ce que les deux autres n’ont fait que murmurer, va finalement se retirer pour laisser AMO, en verve, grâce à sa chaîne de télévision TV+, affronter l’adversaire commun.

Casimir Oye Mba et Paulette Missambo

Le dernier Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, après avoir pris sa carte de membre de l’Union nationale de Zacharie Myboto, en devient l’un des vice-présidents. Tout comme Casimir Oye Mba et Paulette Missambo. Mais à l’approche de l’échéance électorale de 2016, piqué à nouveau par la mouche de l’altruisme, le leader politique de Nkembo va se signaler par un comportement pour le moins surprenant. En se ruant à la Chambre de commerce de Libreville et appeler à la candidature, unique, de Jean Ping pour le compte de l’opposition gabonaise dont l’Union nationale était pourtant incontestablement la figure de proue. Stupéfaction chez ses amis unionistes qui n’en reviennent pas… de voir un si haut cadre du parti prendre la liberté de se prononcer sur un sujet qui devait normalement faire préalablement l’objet d’un débat en interne.

Disant parler en son nom propre, Jean Eyeghe Ndong, déterminé à faire aboutir son projet, n’a pas voulu s’embarrasser de telles fioritures partisanes. Mieux, il va tenter de parasiter la candidature de son frère de Nzamaligue, avec des allusions insidieuses, de Ntoum à Cocobeach.

Alors qu’on le voyait logiquement prendre la direction nationale de la campagne de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, l’altruiste Eyeghe Ndong cédera le poste au dernier arrivé de l’équipe, le Bitamois René Ndemezo’ Obiang dont bon nombre d’observateurs disent qu’il était… en mission commandée auprès de l’homme d’Omboué.

Dans la perspective des échéances électorales de 2023, de quel pied va se lever, cette fois-ci, le petit-frère de Léon Mba ? Non partant lors des scrutins de 2018, pour obéir au mot d’ordre de boycott donné par son président Jean Ping, l’ancien Premier ministre restera-t-il dans la même logique ? Ou bien, la politique étant l’art du possible, retournera-t-il à la maison-mère de Louis, à la suite de Ndemezo’ Obiang et des autres ? Pourquoi pas… Nzafe (qui d’autre en langue fang) pouvant se rappeler que pour arriver aux hautes affaires en 2006, il avait publiquement soutenu qu’Omar Bongo Ondimba était irremplaçable. Oubliant sans doute que ce qui est dû au père appartient assurément au fils... Et qu’un Bongo en cache forcément un autre !

 

Nicolas NDONG ESSONO

Article du 2 juin 2021 - 11:42am
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