Discours ce soir d’Ali Bongo à la Nation : les rêves de chien des Gabonais.

Par Nicolas NDONG ESSONO / 28 mai 2021 / 0 commentaire(s)
Le chef de l'Etat annoncera-t-il un dialogue inclusif pour la réconciliation nationale ?

Moment solennel pour donner la joie, l’espoir…, à un peuple complètement désemparé, désespéré et qui, dès qu’il réclame un droit, subit des actes de violence, la prise de parole du président de la République est hautement attendue pour la réconciliation nationale et, a minima, l’allégement des mesures restrictives contre la propagation de la Covid 19.

Ce soir, au cours d’une intervention solennelle, le chef de l’Etat s’adresse à ses chers compatriotes. Une énième allocution qui intervient dans un contexte hautement désespérant pour les Gabonais. Signe des temps, dans presque tous les secteurs d’activité, les grèves rythment le fonctionnement de notre société. Il ne serait pas exagéré d’avancer que « la colère est partout ». Autrement dit, le successeur d’Omar Bongo a tout fait, sauf « veiller au bien-être » de ses compatriotes. Alors, quels sont les sujets de préoccupation des Gabonais ?

De fraîche date, plus précisément le week-end dernier lors de la fête de Pentecôte, plusieurs prêtres ont lancé un appel à ceux qui gouvernent notre pays : « Soyez de bons arbitres et non des juges de touche méticuleux. » Ces hommes de Dieu, comme la majorité des Gabonais, s’inquiètent du manque de « dialogue » dans une Nation totalement clivée depuis la prise de pouvoir, en 2009, de l’ancien ministre de la Défense. Une manière de dénoncer la violence transformée en méthode de gouvernement par le système Bongo-PDG. Alors, pour rassurer ses compatriotes, Ali Bongo annoncera-t-il l’organisation d’un dialogue national inclusif « vérité et réconciliation » pour repartir sur de nouvelles bases et ainsi éviter des lendemains incertains ?

Dans le camp des partisans de cette thèse, on y croit dur comme fer. « Si le chef de l’Etat, dit l’un d’eux, aime vraiment ce pays, il doit le faire. Il a complètement et matériellement échoué à développer le Gabon. Il lui reste le levier immatériel pour rattraper ses échecs et ainsi offrir à la prostérité un cadeau : la paix entre les Gabonais qui viendra de ce rendez-vous au cours duquel chacun va vider son sac et où l’on se pardonnera mutuellement. »

D’autant plus que du côté de l’opposition, on espère qu’Ali Bongo, pour décrisper l’atmosphère lourdement tendue, va libérer les prisonniers politiques, demander aux exilés de regagner leur pays pour participer à sa construction, réhabiliter solennellement ceux qui ont perdu leurs emplois du fait de leur activisme politique depuis 2016… Ici et là, certains vont même jusqu’à imaginer que le chef de l’Etat nommera un vice-président de la République, un médiateur de la République, des postes prévus dans notre Constitution, mais non pourvus jusqu’à présent.

De même, les évènements de Mékambo devraient pousser Ali Bongo à tendre une oreille attentive aux préoccupations de ses compatriotes. Autant d’attentes qui suscitent l’intérêt de ce discours à la Nation.

L’adhésion au Commonwealth ? Dans l’opposition, plusieurs leaders émettent des réserves. Ils doutent de la capacité d’Ali Bongo à se plier aux valeurs de cette communauté. Quant à l’annonce de l’allégement des mesures restrictives contre la Covid 19, elle sera loin d’être accueillie comme lors du concert des casseroles ayant occasionné des morts et davantage de rancœurs inutiles.

Et si les attentes des Gabonais par rapport au discours à la Nation d’Ali Bongo ce soir révélaient tout simplement des rêves de chien !

 

Brandy MAMBOUNDOU

Article du 28 mai 2021 - 12:12pm
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