Gabon : un modèle sociétal à repenser en profondeur !

Par Nicolas NDONG ESSONO / 20 sep 2021 / 0 commentaire(s)
En se faisant chasser de la RCA, les militaires Gabonais ont jeté l'opprobe sur tout un peuple.

La semaine dernière, comme si les dieux s’étaient finalement ligués contre notre pays, deux faits sont venus ternir davantage son image à la face du monde. Entre soldats exclus des Casques bleus en RCA et mauvais traitements infligés à une animatrice ivoirienne par la PAF à Libreville, avant de l’expulser, le Gabon file un mauvais coton.

Gabon. Vous avez dit Gabon ? Autrefois respecté, il est devenu, depuis 2009, la risée du monde entier ou presque. « On est sur la terre du Seigneur », dira le pompiste Béninois, par exemple. Pourtant, c'est plutôt : « bienvenue en enfer ! », objectera le Gabonais de Moabi ou Matsatsa qui vit misérablement dans un pays potentiellement riche.

Aujourd’hui, le Gabon est à la croisée des chemins et personne ne sait de quoi demain sera fait. Tant certains actes donnent froid dans le dos et jettent l’opprobre sur tout un peuple. Tenez, en Centrafrique, depuis mercredi dernier, L'ONU a décidé du retrait des quelque 450 Casques bleus gabonais de sa force de maintien de la paix dans ce pays après des accusations d'exploitation et d'abus sexuels sur lesquels le gouvernement de Libreville a dit le même jour ouvrir une enquête.

Il n’en fallait pas plus pour que les Gabonais parlent de déshonneur et de camouflet pour le régime en place. Sur RFI (18/09/2021) Georges Mpaga, le président du réseau des Organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) espère que l'affaire aura des conséquences : « le chef d’Etat-major des armées, le ministre de la Défense doivent être démis de leurs fonctions. C’est l’image du Gabon qui est ternie ».

Pour sa part, l'opposant Anges-Kevin Nzigou, secrétaire exécutif du parti Pour le changement (PLC) regrettait que : « ces enquêtes ne vont pas au bout parce qu’on n’a pas de justice. Dans une dictature, lorsque vous asseyez votre pouvoir sur l’armée, vous avez du mal à diriger les militaires. Comme ce sont les militaires qui maintiennent le pouvoir en place, vous voyez la difficulté dans laquelle ils se trouvent pour les juger ».

Comme si cela ne suffisait pas, les éléments de la Police de l’air et des frontières de l’aéroport de Libreville ont mis une couche supplémentaire sur une image de plus en plus écornée de notre pays. Ni plus ni moins, ils ont infligé – selon sa version des faits – des mauvais traitements à l’animatrice ivoirienne de télé, Yann Bahou, qui voulait séjourner au Gabon. Laquelle, dans un récit glaçant, conte par le menu sa mésaventure à l’aéroport de Libreville où elle a été enfermée puis expulsée vers son pays d’origine.

Yann Bahou, victime des mauvais traitements à l'aéroport de Libreville.

On y apprend par exemple que les éléments du Colonel Bernard Gnamankala, le Dg de la direction générale de la Documentation et de l’immigration ignorent la différence entre une animatrice et une journaliste. Plus grave, ils traiteraient avec mépris et condescendance les êtres humains comme eux. Et tout ceci, pour ce cas spécifique, au nom d’une loi dont personne ne peut brandir le texte qui interdirait à tout journaliste, même en visite privée au Gabon, d’obtenir préalablement une autorisation du ministère de la Communication avant d’embarquer dans un vol pour Libreville.

Or, selon un avocat inscrit au Barreau du Gabon sollicité par Gabonclic.info « il y a dans cette affaire, deux niveaux de lecture. Tout étranger, pour se rendre dans un pays tiers, sollicite un visa dans son lieu de résidence. Journaliste ou pas. Dès qu’il l’obtient, il prend son avion avec des documents demandés. Une fois sur place, s’il veut exercer son métier de journaliste, il sollicite une autorisation pour le faire. C’est pourquoi, ce problème est complètement hallucinant et n’honore nullement le Gabon. Cependant, il traduit le degré d’enfermement de ce système ». Tout est dit ou presque.

Violence, cruauté, idiotie, malédiction : rien n’est épargné aux Gabonais. Comme si tous les dieux avaient décidé de les abandonner ; reste qu’il leur faudra continuer à vivre seuls, pauvres humains. Dès lors, il est impératif de s’arrêter un moment et se demander ce qui leur arrive individuellement et collectivement pour changer de modèle de société à l’aune de leurs attentes à tous.

Vichanie MAMBOUNDOU

Article du 20 septembre 2021 - 12:38pm
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